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17/04/2016 - marley
Par un astucieux dispositif de mise en abîme de la narration, le récit de cette atroce nuit de violence est une retranscription de ce qu'Edouard Louis entend secrètement (puisqu'il est caché derrière une porte) de ce qu'il a confié à sa sœur et qu'elle raconte à son tour, avec ses propres mots et en y ajoutant ses commentaires, à son mari. Récit que complète Edouard avec ses remarques et parfois de nouveaux éléments oubliés ou tus de cette nuit de calvaire ou des jours suivants à l'hôpital ou au commissariat de police. Même si l'écriture n'est pas toujours limpide, elle poursuit un objectif : par la parole d'abord, puis le récit, se défaire du passé en construisant une mémoire.
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Histoire de la violence[commandez avec -5% sur fnac.com]
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J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé, violé. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé.
Plus tard, je me suis confié à ma sœur. Je l’ai entendue raconter à sa manière ces événements.
En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.
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