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17/01/2015 - marley
Un livre passionnant mais assez labyrinthique (façon "vie à reconstituer") où chaque nouveau chapitre ressemble à une pièce d'un puzzle que l'on vient de retourner et qui ne prend pleinement son sens que lorsque il sera mis à la bonne place. Et c'est vrai de ces chapitres qui se succèdent sans cohérence apparente ou chronologique. Ils finissent pourtant par dessiner un portrait de plus en plus précis mais néanmoins complexe de Milla : son rapport charnel à sa terre et à son exploitation, son obsession d'avoir un enfant, ses relations tendues avec sa mère et son mari et cet attachement déconcertant à Agaat, sa bonne noire (et entre les 2, la plus opiniâtre n'est pas forcément celle que l'on croit). Une des grandes forces du livre est qu'il traite avec la même intensité des passages intimistes (où le moindre clignement d'œil peut avoir une importance capitale) et des scènes d'un naturalisme crû comme celles de l'accouchement ou de l'horrible infection du bétail. Et en arrière plan, l'histoire de l'Afrique du Sud longtemps caractérisée par une implacable ségrégation raciale.
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Agaat[commandez avec -5% sur fnac.com]
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Milla est clouée sur son lit, paralysée. Seule sa domestique noire prend soin de cette femme abandonnée de tous. Quarante ans plus tôt, Milla régnait pourtant en maîtresse sur cette grande ferme près du Cap, et sa vie était pleine de promesses. Maintenant, la mort est proche, et sa mémoire passe en revue les souvenirs éparpillés d’une vie en morceaux : la décision d’adopter Agaat – une petite fille noire – quand son mariage avec Jak ne lui donne pas les enfants espérés, puis la naissance tardive d’un fils qui transforme Agaat en servante, et les conflits incessants avec son mari…
Milla est condamnée au silence, mais en clignant des yeux, elle espère encore communiquer avec Agaat qui veille sur elle, malgré tout. Entre loyauté et vengeance, fierté et tendresse, un combat silencieux s'engage entre les deux femmes, pendant qu’à l’extérieur le monde de l’apartheid vit ses toutes dernières heures.
Agaat impressionne par sa puissance, à la fois épique et polyphonique, et plonge le lecteur dans un drame intime et familial d’une rare densité.
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