Virginie Despentes - Vernon Subutex 3
| | Dans ce 3e volet, hélas aussi décevant que le précédent, la marginalité vire à la clandestinité. Toujours aussi peu gourou, Vernon voit sa garde rapprochée se réduire comme peau de chagrin : le collectif se disloque face aux tentations de l'argent et aux poussées d'individualisme des uns et des autres. Une clandestinité qui ne réussit pas non plus à 2 jeunes filles victimes d'une extrême violence et de la duplicité des hommes. Quant au final, mieux vaut éviter d'en parler. |
Guadalupe Nettel - Après l'hiver
| | Dans une alternance presque parfaite des chapitres se déroulent les vies plutôt ternes et cabossées de Cecilia et Claudio, 2 êtres installés volontairement en exil loin de chez eux : Paris où Cecilia originaire du Mexique est venue suivre ses études et New York où Claudio originaire de Cuba travaille dans une maison d'édition. Plutôt indolents et solitaires, ils essaient d'oublier un passé douloureux et de s'acclimater à leur nouvelle existence au gré de rencontres singulières où ils peinent à s'engager. Jusqu'au jour où ils croiseront une personne qui finira, plus ou moins rapidement, par bouleverser leur rapport aux autres et à eux-mêmes. Comme une renaissance, un printemps après l'hiver. |
Valentine Goby - Un paquebot dans les arbres
| | Enfant, Mathilde est émerveillée par son père et si elle remarque les prémices de sa maladie, elle n'en comprend ni l'ampleur ni la gravité. Car dans la France des années 50 et 60, la tuberculose, très contagieuse, se soigne assez mal et est particulièrement redoutée. S'ensuivent alors pour son père puis ses 2 parents de très longues périodes d'hospitalisations dans un sanatorium. La vie au village est de plus en plus difficile pour le reste de la famille ostracisée par les habitants qui craignent la contamination et qui doit faire face à d'importantes difficultés financières puisqu'en tant que commerçants leurs soins ne sont pas pris en charge par le sécurité sociale et qu'ils n'ont plus de revenus. Alors que sa sœur aînée vient de se marier, il faut toutes l'opiniâtreté et l'abnégation de Mathilde pour sacrifier les rares plaisirs de l'adolescence et lutter contre le délitement de sa famille en rendant visite chaque week-end à ses parents hospitalisés et en décidant de s'occuper de son petit frère même lorsque elle et lui seront placés dans des familles d'accueil... Une sombre histoire sauvée par une écriture sans misérabilisme même si elle pointe la lâcheté ordinaire et l'égoïsme du plus grand nombre. |
Annie Ernaux - Mémoire de fille
| | En revenant sur "son" été 58 (et les quelques mois qui ont suivi), Annie Ernaux se met littéralement à nu et essaie de retrouver (près de soixante ans plus tard) les sensations et les émotions de celle qu'elle était alors, une jeune fille de 18 ans face aux premières fois : son premier été loin de ses parents, sa première villégiature au milieu de filles et de garçons de son âge (à cette époque là l'école n'était pas encore mixte), son premier amour... À travers cette expérience, elle découvre que ses sentiments et son comportement ne dépendent pas de sa seule volonté et sont très différemment vécus, perçus (et jugés) par elle-même et par les personnes qui l'entourent. Cet âge de tout les possibles est aussi paradoxalement celui du narcissisme teinté de doute et de manque de confiance, celui de la vulnérabilité, de l'incertitude, de la solitude et des illusions (perdues). |
Marie Redonnet - La femme au colt 45
| | Le colt 45 est loin d'être un simple accessoire ou un élément du décor. Il joue un rôle essentiel pour Lora Sander, cette actrice de théâtre qui a décidé de fuir son pays en guerre après que son fils se soit engagé dans la résistance/rébellion et que son mari ait été arrêté puis emprisonné par le pouvoir en place. Pourtant il la protège insuffisamment des mauvaises rencontres. Car il n'est pas facile pour une femme seule d'être une réfugiée dans un pays étranger où la violence est omniprésente. Pourtant, au fur et à mesure de ses pérégrinations, Lora va commencer à porter un autre regard sur ce qui a fait sa vie jusqu'alors et sur ses propres attentes et aspirations. Un court roman initiatique sensible et touchant. |
Jaume Cabré - Confiteor
| | Enfant solitaire particulièrement doué à l'école, le jeune Adrià ne parvient pas à être heureux. Il est tiraillé entre ses parents qui ne s'aiment pas et rêvent pour lui d'un brillant avenir : se lancer dans une carrière de violoniste pour sa mère ou devenir un philologue spécialiste de langues anciennes pour son père. Signe de sa détresse, ses seuls compagnons/confidents, sont deux petits jouets : le shérif Carson et le chef indien Aigle-Noir. 3 événements marquent son adolescence : sa décision d'arrêter ses cours de violon, la mort de son père dans des conditions mystérieuses et la fuite inexpliquée de Sara, son premier amour. Il trouve alors refuge dans ses études puis dans sa carrière d'universitaire et ses premiers écrits. Mais taraudé par son amour pour Sara, il part à sa recherche sans savoir que cela l'obligera à se confronter avec l'histoire de sa famille et, à travers elle, aux comportements humains au cours des derniers siècles et notamment aux moments les plus sombres qui seront la matière de ses 2 derniers écrits : Généalogie de la violence européenne et sa propre autobiographie. Un roman brillant qui confronte les notions d'intelligence, d'érudition et l'accumulation des connaissances et des objets à l'épreuve des faits et de l'histoire. |
Jean Bertrand Pontalis - Le songe de Monomotapa
| | À partir de sa vie et de sa propre expérience, l'écrivain et psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis essaie de définir l'amitié dans une succession de courts chapitres. Inégal mais plutôt intéressant. |
Rodrigo Blanco Calderón - The Night
| | Un roman labyrinthique entre différents personnages, différentes époques et différents pays sur un fond de violence, de folie, de totalitarisme et de jeux littéraires... Il faut accepter de s'y perdre comme on le ferait dans les rues de la magnétique et inquiétante ville de Caracas. |
Chigozie Obioma - Les pêcheurs
| | Sur le modèle des tragédies grecques, la terrible et bouleversante histoire d'une famille nigériane piégée par des histoires d'interdits, de malédiction, de violence, de folie, de vengeance, de lâcheté... Racontée par l'un des enfants, elle mêle adroitement spiritualité et superstitions à un contexte économique et politique contemporain. |
Catherine Lacey - Personne ne disparaît
| | Un roman original avec une anti-héroïne qui s'applique méthodiquement à faire tout ce que le politiquement correct déconseille : quitter son mari sans le prévenir et fuir au bout du monde sans donner la moindre nouvelle, faire du stop seule et accepter de monter dans toutes les voitures qui s'arrêtent, n'avoir pour seul but que d'aller chez quelqu'un qui vous connait à peine et ne sait pas que vous allez arriver, se retrouver embarquée dans d'innombrables galères... J'ai moins accroché au côté "introspection/traumatisme familial". |
László Krasznahorkai - La mélancolie de la résistance
| | Plutôt que la mélancolie, ce roman excelle à faire naître un sentiment diffus d'angoisse, d'étrangeté et de peur. C'est déjà celui que ressent, et qui peut de prime abord prêter à sourire, Madame Pflaum dès les premières pages où elle se sent oppressée et menacée par tous les autres passagers de ce train dont personne ne sait s'il finira par arriver à destination et si oui avec combien de retard. Mais le dérèglement de ce train n'est rien à côté de la ville plongée dans le noir qu'elle doit affronter pour rejoindre son appartement. Et si elle peut enfin se croire enfin à l'abri lorsqu'elle se retrouve dans son intérieur douillet et confortable, la visite de Madame Eszter va être le révélateur qu'on en est qu'aux prémices d'une situation déliquescente et incontrôlable qui sera le cœur du livre. |
Răzvan Rădulescu - Théodose le petit
| | Une histoire farfelue aux personnages hauts en couleur sur les conspirations contre l'héritier au trône, le dénommé Théodose le petit, car il s'agit d'un enfant. Son protecteur Gabriel le chatchien - oui oui un chatchien ! - doit faire face aux menaces grandissantes d'Olivier le silure. Dans cette lutte sans merci qui s'annonce, le camps des "alliés" est fragilisé par les dissensions entre Calliope la chouette et Samuel le minotaure. Et quels rôles vont jouer le duc Otto, Otilia la fantôme, le grand monstrelet, les fourmis vertes qu'il ne faut pas confondre avec des fourmis violettes... Et attention aux surprises : une montgolfière peut se transformer en arme redoutable au même titre que les arbalètes ou un hydrocône. |
Zia Haider Rahman - À la lumière de ce que nous savons
| | Un livre passionnant qui, à partir des retrouvailles de 2 amis, dresse un portrait d'une incroyable justesse du monde en ce début du XXIe siècle. Ils se sont connus lors de leurs études à Oxford où ils ont rapidement sympathisé bien que l'un, le narrateur, soit issu d’une riche famille de diplomates et intellectuels pakistanais vivant à Londres depuis plusieurs générations, alors que l'autre, Zafar, est né au Bangladesh dans une famille pauvre et peu instruite ayant récemment immigrée en Angleterre. Leur amour des mathématiques les conduira, dans un monde dominé par la finance, à devenir des banquiers d'investissement et à démarrer une carrière professionnelle prometteuse à Wall Street. Puis très vite Zafar décide de changer de métier et les 2 amis finissent par se perdre de vue. Lorsqu'ils se retrouvent près de vingt ans plus tard, Zafar vient se confier à son ami : au fil de leurs longues conversations émaillées de nombreuses digressions, ce sont des pans du monde (la crise financière de 2008, les rapports entre Orient et Occident, la guerre de 1971 au Pakistan, la guerre en Afghanistan...) comme les personnalités de chacun qui se révèlent entre ce qui les sépare (leur rapport à leur famille et aux conventions) et ce qui les rapproche (leur amitié, leur intelligence et leur écoute attentive). À partir de l'itinéraire de Zafar, de ses doutes et de ses amours, ressortent les préjugés, les barrières de classe et le déterminisme social et culturel. L'expérience intime de Zafar, ses questionnements perpétuels et sa soif de savoirs, du théorème d’incomplétude de Gödel à une nouvelle cartographie du monde qui rétablit les perspectives et incertitudes évoquent la lucidité et la clairvoyance du cerveau lorsqu'au sortir de la nuit, on est encore plongé dans un demi sommeil mais que l'on est en train de se réveiller et que l'on trouve des réponses à des problèmes rencontrés récemment. |
Magyd Cherfi - Ma part de Gaulois
| | Un livre autobiographique qui permet de mesurer combien la situation a évolué en un peu plus de trente ans pour les enfants d'immigrés vivant dans les banlieues françaises. En ce début des années 80, le jeune Magyd organise du soutien scolaire, propose des ateliers de théâtre aux membres de son quartier tout en préparant son bac avec de bonnes chances de l'obtenir (ce qui serait une première dans sa cité toulousaine...). Sans masquer les énormes différences et les tensions existantes entre les générations, entre les garçons entre eux, entre les garçons et les filles, un sentiment de liberté et d'espoir souffle sur ce récit plutôt drôle (où l'auteur ne s'épargne pas lui-même) et qui n'est pas à l'avantage de notre époque. |
Jean Baptiste Del Amo - Règne animal
| | La chronique dramatique d'une famille de paysans vivant recluse dans sa petite ferme dans une détresse affective presque atavique. Sacrifiant tout à une dure vie de labeur, les générations se succèdent sans beaucoup d'amour, sans beaucoup se parler mais sans être épargnées par les guerres, les morts et les maladies. La "modernité" de l'industrialisation représente une étape supplémentaire de leur asservissement et de celui des animaux avec lesquels ils entretiennent une relation éminemment complexe et de plus en plus incontrôlable. L'écriture charnelle de Jean-Baptiste del Amo donne ampleur et tension à ce roman choc de la rentrée littéraire. |
Han Kang - La végétarienne
| | Une histoire qui finit par devenir originale même si elle forme un tout disparate étant desservie par ses 3 parties inégales. Dans chacune un narrateur différent décrit sa relation singulière - et selon son propre point de vue - à Yonghye, une jeune femme dont le comportement se révèle de plus en plus étrange dans un contexte exacerbé par les dérèglements familiaux et le manque généralisé d'amour. |
Anuk Arudpragasam - Un bref mariage
| | Un livre bouleversant par son effroyable sujet et la grâce de son écriture. Dans un camp de réfugiés régulièrement bombardé, un jeune homme solitaire vient en aide aux blessés. Son quotidien est chamboulé par une proposition inattendue : un père, qui vient de perdre sa femme et son fils et qui est inquiet pour son propre avenir, lui offre la main de sa fille pour qu'il lui assure protection. Dans cet environnement de guerre et de morts, cette proposition entrouvre une fenêtre d'espoir. Quittant le camp quelques heures pour se retrouver seul et réfléchir, il est assailli par son passé : la perte de sa famille et l'interminable exode. À son retour le soir, sa décision est prise. S'ensuivront des moments simples et/ou rares (le partage d'un repas, une attention portée à l'autre mais aussi à soi et à son corps à l'instar d'une douche, une nuit de noce...) qui permettent, un trop bref instant, un retour à la vie. |
Dave Eggers - Le cercle
| | Cela démarre comme un conte de fée mais dans une version adaptée au capitalisme numérique du XXIe siècle : une jeune fille émerveillée d'avoir été recrutée par l'entreprise de ses rêves - savant mélange d'Apple/Facebook/Google... - est prête à tout pour réussir afin de prouver à ses employeurs qu'elle a mérité son embauche. Au fur et à mesure que de nouveaux écrans envahissent son bureau, synonymes de nouvelles tâches à effectuer et d'interactions toujours plus nombreuses avec de multiples réseaux sociaux, elle se fixe de nouveaux challenges afin d'accroître sa productivité et d'améliorer les notes que les clients/membres doivent donner à chacune de ses interventions. Obnubilée par sa réussite professionnelle, elle passe de plus en plus de temps au travail en fréquentant les restaurants, boutiques, salles de sport, soirées, chambres... que l'entreprise met à disposition de ses salariés. S'éloignant de ses parents et de son ancien copain, la frontière entre sa "vie professionnelle" et sa "vie privée" devient de plus en plus tenue. Un nouveau palier est franchi lorsque la "transparence" est érigée en leitmotiv de l'entreprise et que la vidéo en direct et la prolifération des caméras sont vues comme pilier de la démocratie... Cela ressemble de moins en moins à un conte de fée mais est-on si loin de la réalité ? Malgré quelques situations un peu caricaturales, un livre qui donne à réfléchir sur l'évolution de nos modes de vie, l'emprise croissante et les éventuelles dérives de la technologie. |
Arthur Schnitzler - Gloire tardive
| | Première incursion dans l'œuvre d'Arthur Schnitzler avec ce court texte. Même si l'écriture reste classique, la suffisance et la vanité de ce vieil homme et de la société littéraire de Vienne n'ont pas pris une ride et pourraient également s'appliquer à bien d'autres capitales...
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Amin Maalouf - Samarcande
| | Une histoire qui se déploie à 2 périodes distinctes : une première comme un conte des Mille et une nuits où le philosophe/poète Omar Khayyam se démène pour rester à l'écart de la fureur des intrigues du pouvoir dans cet Orient du XIe siècle et ce afin de pouvoir se consacrer librement à ses recherches et ses écrits. La seconde débute à la fin du XIXe siècle à la recherche du manuscrit perdu du poète et illustre la fascination/haine/incompréhension entre les Perses et les Occidentaux. Un style qui mêle classicisme et lyrisme. |
Hakan Günday - Topaz
| | Avec beaucoup d'humour et de malice, Hakan Günday joue avec le lecteur sur un sujet grave et hélas d'actualité : les relations compliquées entre la Turquie et l'Europe en prenant comme décor la bijouterie Topaz qui accueille un groupe de touristes suisses. Il n'en souligne que davantage la vacuité d'un monde marchand et du tourisme de masse soumis au pouvoir de l'argent et à la volonté de dominer l'autre. |
Daniel Arsand - Je suis en vie et tu ne m'entends pas
| | Un beau titre, un peu énigmatique, pour une histoire terrible qui commence en 1945, lorsqu'un jeune allemand de 23 ans au corps décharné revient chez ses parents dans une ville dévastée par la guerre. De terribles flash back dévoilent progressivement les abominations qu'il a endurées pendant quatre ans dans un camp de concentration mais aussi la perte de son premier amour, ce fol amour pour un garçon, cause de son arrestation, de son internement et de son martyr. Le retour dans sa famille se révélant très vite une impasse, c'est en trouvant un travail qu'il renoue timidement avec la vie avant un long chemin, passant par l'exil, pour que l'amour soit de nouveau possible mais fragile. Car si les années passent, les mentalités n'évoluent que lentement et l'homophobie peut à tout moment se révéler dans les sphères professionnelle, amicale et/ou familiale. |
W G Sebald - Les anneaux de Saturne
| | Un Londonien se remémore son long voyage dans le Sud Est déshérité et déclinant de l'Angleterre. Parsemée de photos, chaque étape du récit s'en échappe constamment en étant mise en perspective avec des souvenirs d'un monde plus ancien évoquant Rembrandt, Chateaubriand mais aussi la Chine impériale ou le Congo belge... Une admirable façon de ne pas limiter sa compréhension des choses à ce que l'on voit mais de comprendre que l'histoire et la culture les ont façonnées et les façonnent constamment. |
Boualem Sansal - 2084
| | Le sous-titre, La fin du monde, donne d'emblée le ton de ce roman d'anticipation qui dépeint un État où une religion totalitaire possède depuis l'année 2084 tous les pouvoirs et prive les gens de la moindre liberté : de penser, de se déplacer, de se souvenir du monde d'avant... Dans cette société monochrome, très codifiée et ultra-surveillée, la conscience d'un homme se réveille prudemment et l'amène à se questionner sur cette pensée unique dogmatique et aliénante. Elle le mènera sur un chemin des plus dangereux et escarpés. |
Carole Martinez - La terre qui penche
| | N'était-ce pas le meilleur roman pour plonger dans l'univers de Carole Martinez ou suis-je hermétique à cette écriture enchantée, emphatique, romantique et lyrique ? Quoi qu'il en soit j'ai fini par me noyer dans les multiples débordements de la Loue et n'ai pas eu la chance d'être secouru par la Dame verte. |
Édouard Louis - Histoire de la violence
| | Par un astucieux dispositif de mise en abîme de la narration, le récit de cette atroce nuit de violence est une retranscription de ce qu'Edouard Louis entend secrètement (puisqu'il est caché derrière une porte) de ce qu'il a confié à sa sœur et qu'elle raconte à son tour, avec ses propres mots et en y ajoutant ses commentaires, à son mari. Récit que complète Edouard avec ses remarques et parfois de nouveaux éléments oubliés ou tus de cette nuit de calvaire ou des jours suivants à l'hôpital ou au commissariat de police. Même si l'écriture n'est pas toujours limpide, elle poursuit un objectif : par la parole d'abord, puis le récit, se défaire du passé en construisant une mémoire. |
Joël Dicker - Le livre des Baltimore
| | Quel dommage : une écriture alerte pour une intrigue poussive qui s'étire en longueur avant la révélation finale de ce qui est si souvent évoqué dans le roman : le Drame pompeusement affublé d'un D majuscule. Mais j'ai plutôt eu l'impression d'être plongé dans un scénario d'une série télé qui doit ménager un certain nombre de rebondissements. Tout est lissé et raconté sans réel parti pris, que ce soient les rêves d'enfant, la vision idéalisée du confort matériel et de la réussite des uns ou les situations extrêmes : violence des enfants envers les plus faibles d'entre eux, jalousie, mensonges et secrets de familles, violence conjugale, trahison...
Heureusement, même si c'est à de trop rares moments, le style se fait plus incisif comme par exemple dans le passage suivant : "Désormais les gens veulent de l'image ! Les gens ne veulent plus réfléchir, quand ils rentrent chez eux, ils sont perdus : leur maître et patron, cette main bienfaitrice qui les nourrit, n'est plus là pour les battre et les conduire. Heureusement, il y a la télévision. L'homme l'allume, se prosterne, et lui remet son destin. Que dois-je manger, Maître ? demande-t-il à la télévision. Des lasagnes surgelées ! lui ordonne la publicité. Et le voilà qui se précipite pour mettre au micro-ondes son petit plat dégoûtant. Puis le voilà qui renvient à genoux et demande encore : Et, Maître, que dois-je boire ? Du Coca ultra sucré ! hurle la télévision, agacée. Et elle ordonne encore : Bouffe, cochon, bouffe ! Que tes chairs deviennent grasses et molles. Et l'homme obéit. Et l'homme se goinfre. Puis, après l'heure du repas, la télé se fâche et change ses publicités : tu es trop gros ! tu es trop laid ! Va vite faire de la gymnastique ! Sois beau ! Et il vous faut acheter des électrodes qui vous sculptent, des crèmes qui font gonfler vos muscles pendant que vous dormez, des pilules magiques qui font à votre place toute cette gymnastique que vous n'avez plus du tout envie de faire parce que vous digérez votre pizza ! Ainsi va le cycle de la vie, Goldman. L'homme est faible. Par instinct grégaire, il aime s'entasser dans les salles sombres qu'on appelle cinémas. Et bam ! on vous envoie la pub, le pop-corn, la musique, les magazines gratuits, avec des bandes-annonces qui précèdent votre film et qui vous disent : "Pauvre cloche, tu t'es trompé de film, va voir plutôt celui-là, il est beaucoup mieux !" Oui, mais voilà : vous avez payé votre place, vous êtes coincé ! Donc vous devez revenir voir cet autre film dont une bande-annonce vous indiquera que vous n'êtes une fois de plus qu'un pauvre benêt, et, malheureux et déprimé, vous irez engloutir des sodas et des glaces au chocolat vendus hors de prix pendant l'entracte pour oublier votre condition misérable." |
Steve Tolz - Une partie du tout
| | L'histoire touchante et originale d'une famille australienne absolument improbable peuplée d'êtres fantasques si peu adaptés au monde qui les entoure. Car ce sont bien notre humanité et notre mode de vie "d'occidentaux" qui sont interrogés au travers de nos valeurs individuelles et familiales, des notions d'héroïsme et de la fascination pour les grands criminels, du pouvoir des médias et de l'argent, de la question des réfugiés... |
Toni Morrison - Beloved
| | Lu il y a des années. Il m'en reste le souvenir inoubliable et bouleversant d'un texte exigeant qui mêle le fantastique à une insoutenable et révoltante réalité. |
Jean Echenoz - Envoyée spéciale
| | Une improbable mais attachante envoyée spéciale embarquée dans un périple entre Paris, la Creuse puis... la Corée du Nord. Enlèvement, chantage, meurtres, espionnage : cette fantaisie loufoque (où il est également question de papillons et d'éléphants) est souvent drôle mais souffre hélas de longueurs et de baisses de rythme. Dommage pour un livre à l'environnement très musical et où finalement les personnages ne se révèlent que des exécutants ayant l’illusion d’user de leur libre arbitre. |
Emmanuel Ruben - La ligne des glaces
| | Dans un pays imaginaire marqué par la rigueur du climat de l'hiver boréal, une fable sur le déracinement et l'oubli, le flou des frontières géographiques et mentales, le côté à la fois figé, presque désuet et suranné, de la géopolitique alors qu'elle engendre paradoxalement des effets très concrets et implacables sur la vie des gens et les parcours familiaux. Un savant mélange entre des rêveries et une observation fine et attentive des stigmates laissés par l'histoire sur la géographie d'une ville et d'un pays, ses bâtiments et ses paysages et bien évidement ses habitants. |
Annie Ernaux - Passion simple
| | Derrière ce titre en trompe-l'œil, entre oxymore et métaphore du voyage (la distinction entre un aller simple et un aller/retour), ce très court roman commence abruptement par de la pornographie. Avant de relater, avec une grande sobriété, le cérémonial d'une femme d'âge mur dont le quotidien et l'esprit se trouvent submergés et obnubilés par la dépendance, l'attente et les visites sporadiques de son amant. |
Jonas Lüscher - Le printemps des barbares
| | Dans le parc d'un hôpital psychiatrique suisse, un homme d'âge mûr profite du calme d'une promenade pour se confier à un autre patient. Dernier rejeton d'une famille aisée, il a eu la chance lors du rachat de l'entreprise familiale de s'être vu confier un poste honorifique destiné à rassurer fournisseurs - qui continuent à le courtiser et à lui proposer de généreuses prébendes - et clients. C'est ainsi qu'il se retrouve invité en Tunisie où il finit par atterrir dans un hôtel de luxe perdu en plein désert. Si le calme de son séjour est vite perturbé par l'arrivée de jeunes et riches financiers de la City londonienne venus fêter leur mariage, il sympathise rapidement avec les parents du marié. Drôle et ironique, l'écriture ménage des scènes savoureuses et touchantes comme cette excursion à l'origine d'un émoi inattendu ou encore le discours de la mère du marié le soir de la noce. Le lendemain matin, la prévisible gueule de bois n'est rien à côté du drame qui s'est passé dans la nuit à Londres et qui a provoqué la faillite de la Grande-Bretagne. Ruinés les noceurs perdent alors toute retenue. Un livre où les apparences sont le plus souvent trompeuses et l'argent vilipendé. |
Roberto Bolaño - Le troisième reich
| | Un point de départ solaire et estival : un jeune couple allemand arrive en vacances dans un hôtel espagnol situé face à la mer. Mais très vite, la singularité de leur comportement et des personnes qu'ils rencontrent instille un sentiment de plus en plus oppressant de mystère et de violence. Entre alcool et insomnie, l'interminable partie d'un jeu dénommé le troisième reich finit par occuper une inquiétante place centrale. |
Juan Gabriel Vásquez - Les réputations
| | Alors qu'il s'apprête à recevoir un prix pour l'ensemble de sa carrière, un célèbre caricaturiste colombien se rend compte qu'il n'a pas hésité à sacrifier sa vie privée (son couple, ses amis) au nom de la vision noble et intransigeante qu'il s'est toujours fait de son métier : un devoir d'informer en révélant et condamnant les turpitudes de la société. La rencontre d'une jeune femme lors de cette réception va l'amener à revisiter un événement de son passé qu'il avait oublié mais qui avait contribué à asseoir sa réputation tout en portant très gravement atteinte à celle d'un homme politique influent. Un intéressant roman qui questionne sur :
- la capacité de chacun à influer sur le cours des choses ;
- la vérité, le doute, la mémoire et l’oubli ;
- le pouvoir, l'impartialité et l'intégrité des médias. |
Adrien Bosc - Constellation
| | Constellation est à la fois le nom de cet avion qui s'est écrasé en 1949, avec à son bord quelques stars dont le boxeur Marcel Cerdan qui allait rejoindre Édith Piaf à New York, et la structure de ce roman qui met en lumière le groupe des victimes, membres de l'équipage et passagers, en alternant les chapitres sur "l'aventure" collective, ce temps du hasard où tous étaient réunis (l'embarquement, le vol puis les recherches) et ceux qui brossent le portrait de chacun d'entre eux. C'est là la grande force du récit : refuser tout sensationnalisme ou focalisation sur les quelques "people" pour mettre au contraire en avant l'individualité de chacun et son caractère unique. |
Hedi Kaddour - Les Prépondérants
| | Une plongée presque un siècle en arrière (le début des années 1920) dans une ville du Maghreb colonisé par la France. Dans cette société corsetée, l'installation pour plusieurs mois d'une équipe de tournage venue des Etats-Unis ne passe pas inaperçue. Entre un "prépondérant" (le nom donné aux colons) paternaliste, un jeune arabe de la bonne société tenté par les idées nationalistes et 3 femmes étonnamment libres (une actrice américaine, une journaliste française et une jeune veuve arabe) vont progressivement se nouer des relations complexes qui mèneront la plupart d'entre eux jusqu'en Allemagne elle aussi occupée par la France à l'issue de la Première guerre mondiale. Même si tous les personnages sont conditionnés par la position qu'ils occupent dans la société, leur personnalité se compose d'un savant mélange entre ce qu'ils disent, ce qu'ils pensent, ce qu'ils font réellement sans oublier une part de mystère. De courts chapitres donnent du rythme à l'ensemble même si certains, notamment ceux consacrés à la partie véridique du procès, forment un contrepoint un peu dissonant. |
Mathias Enard - Boussole
| | Une indéniable prouesse formelle et stylistique restitue au plus près cette nuit d'insomnie où l'écriture, à l'instar des songes et des pensées en état de semi conscience, se mélange sans logique narrative ou temporelle et crée une grande liberté dans l'association d'idées, d'images et de sensations. L'écueil, pas toujours évité, de cet hymne à l'orient est de se cantonner dans des visions nostalgiques ou nombrilistes mais aussi de limiter les engagements de certains personnages à des causalités réductrices. |
Simon Liberati - Eva
| | Un livre hommage à une femme aimée, d'abord alors qu'elle n'est encore qu'une enfant comme un mythe inaccessible, scabreux et délétère. Puis plus de trente ans plus tard, par un des hasards de la vie, leurs routes se croisent enfin et le fantasme devient réalité. Une réalité parfois difficile mais qui permet à Simon Liberati d'exorciser son Eva et de s'exorciser lui-même. |
Laurent Binet - La septième fonction du langage
| | À partir d'un point de départ tristement réel, la mort de Roland Barthes renversé par une voiture, Laurent Binet développe une intrigue totalement loufoque où l'accident devient un meurtre et où se croisent personnalités du monde politique, du président de la République Valéry Giscard d'Estain à son challenger François Mitterrand (l'action se situe quelques mois avant l'élection de 1981) et du monde intellectuel (Michel Foucault, Hélène et Louis Althusser, Bernard-Henri Lévy, Philippe Solers, Julia Kristeva, l'incontournable Umberto Eco...) dans des situations souvent drolatiques et incongrues. L'enquête démarre tambour battant menée par un improbable duo composé d'un membre des RG et d'un jeune universitaire spécialiste en sémiologie. Dommage que le rythme ne soit pas tenu sur tout le livre et que le sabir sémiologique devienne par moment trop ostentatoire et/ou hermétique. |
Émile Ajar - la vie devant soi
| | La vie devant soi, c'est tout d'abord cette écriture inventive, évolutive et drôle marquant la singularité du narrateur, Momo, un enfant arabe d'une dizaine d'années dans le Belleville cosmopolite et populaire des années 70. Et sa vie n'est pas ordinaire : fils d'une prostituée, il a été abandonné par sa mère et recueilli tout petit - comme tant d'autres avant et après lui - par Madame Rosa, juive rescapée d'Auschwitz, ancienne prostituée elle-même, qui a transformé son appartement du 6e étage sans ascenseur en un mélange de cour des miracles et d'arche de Noé pour enfants abandonnés. Mais si Momo a bien la vie devant lui, ce n'est plus le cas de la vieille Madame Rosa qui perd de plus en plus la tête et la maîtrise de son corps et n'a qu'une hantise : mourir dans un hôpital. Car avec son âge et son surpoids il lui est de plus en difficile de rester dans son appartement. Alors Momo, malgré son jeune âge et ses appréhensions face à la dégradation de la santé de Madame Rosa, devient son confident et son ange protecteur : elle lui confie ses souvenirs et ses peurs. Un des plus beaux duos de la littérature et une vision crue mais sensible de la fin de vie. |
Virginie Despentes - Vernon Subutex 2
| | Cruelle déception : non seulement l'intrigue du second volume tourne en rond mais tous les personnages perdent de leur richesse et de leur profondeur, y compris Vernon Subutex et ce alors même qu'il est sensé être devenu un gourou particulièrement magnétique. |
Sam Lipsyte - Demande, et tu recevras
| | Alors qu'il est en train de perdre son travail et que son mariage se délite, Milo essaie de se rassurer avec ses blagues salaces, son espoir d'être un bon père et de réussir à sauver son couple. Surtout il compte beaucoup sur les retrouvailles avec un ancien et richissime ami qui pourrait lui permettre de conserver son emploi et de (re)trouver une place enviée dans la société. Mais s'il sait qu'il est loin le temps de ses rêves d'étudiant, il lui reste encore à découvrir à ses dépens qu'il est très facile de manipuler les gens quand on dispose du pouvoir et de l'argent et qu'on ne connaît jamais vraiment ceux qui nous entourent, que ce soient ses amis, ses parents et même sa femme. Si la réalité est peu réjouissante, le ton lui est drôle et sarcastique. |
David Grossman - Un cheval entre dans un bar
| | Alors qu'ils se sont perdus de vue depuis de nombreuses années, un humoriste invite un de ses amis d'enfance à venir assister à l'un de ses spectacles. Lors de celui-ci, l'humoriste va totalement transformer son one man show en le parsemant de souvenirs d'enfance intimes et dérangeants et notamment l'annonce particulièrement maladroite du décès de l'un de ses parents sans qu'il sache pendant de longues heures s'il s'agissait de son père ou de sa mère. Un livre troublant où il n'est pas facile de ne pas partager le malaise croissant des spectateurs venus initialement assister à un spectacle comique et pris au piège de ce changement de programme radical. |
Hakan Günday - Encore
| | Un roman choc et d'une actualité oh combien brûlante : l'effroyable condition des migrants clandestins qui fuient leurs pays en guerre et tentent de trouver refuge en Europe en traversant la Turquie. Prêts à tout, ils confient non seulement leurs économies mais même leur vie aux mains de passeurs. Car si "encore" est souvent le seul mot turc que connaissent les clandestins, c'est qu'ils en espèrent de l'aide, de la nourriture, de la considération et/ou de la compassion. Or le plus souvent ils ne reçoivent en retour que de la violence. Ce métier de passeur est le seul horizon du jeune Gazâ, orphelin de mère et qui seconde très tôt son père dans cette tâche illicite. Un récit glaçant sur les dérèglements d'un enfant laissé bien trop tôt seul à lui-même et qui sait qu'il possède tout pouvoir sur d'autres hommes. |
Ludmilla Oulitskaïa - Chapiteau Vert
| | À travers la destinée de 3 amis d'enfance c'est tout un pan de la vie tourmentée et tragique des dissidents soviétiques, des années 50 à la chute du régime, qui est dévoilé. Loin d'une vision héroïque, ils sont montrés avec leurs convictions, leur courage et leurs combats mais aussi leurs doutes et leurs failles. Car à travers cette question de comment et/ou pourquoi devient-on un dissident, c'est au final (et sur la durée) une interrogation sur la fidélité (ou pas) à des idéaux fasse à une oppression permanente car personne ne sort indemne d'une opposition à une dictature. |
Virginie Despentes - Vernon Subutex
| | Ma première incursion dans l'univers de Virginie Despentes. Et je me suis laissé emporter par la débâcle de Vernon Subutex, représentant anachronique de la France branchée des années 90 dans celle de 2015 où il se retrouve sans travail ni logement. Alors qu'il s'éloigne subrepticement mais irrémédiablement de son ancienne vie et de ses amis, il devient recherché par un nombre de plus en plus important de personnes car il serait en possession d'enregistrements ayant un contenu possiblement sensible. Un final haletant donne immédiatement envie de se plonger dans le tome 2. |
Eric Reinhardt - L'amour et les forêts
| | Lorsque l'écrivain Éric Reinhardt accepte de rencontrer une de ses lectrices, il est loin de se douter de ce qu'il va découvrir. L'amour et les forêts raconte cette quête où l'écrivain part à la recherche de la vérité sur cette femme. Découvrant de manière éparses les fragments de sa terrible vie, il en livre un portrait qui se précise, ou se contredit, car toute nature humaine est complexe, insaisissable, changeante et floue, que ce soit en fonction des différentes périodes de sa vie comme de ce qu'elle dit et partage avec certains ou avec d'autres... Dommage que certains rebondissements fassent un peu trop "mis en scène". |
Benjamin Stein - Canevas
| | Un roman original avec ses 2 histoires qui peuvent être lues dans n'importe quel ordre puisque chacune figure en couverture du livre grâce à une double entrée et une impression dans les 2 sens. D'un côté, on suit Amnon Zichroni d'un côté et de l'autre Jan Weschler. Ces 2 personnages qui vont finir par se croiser possèdent des souvenirs un peu confus et confondent parfois rêve et réalité. Et c'est le cœur du roman : la complexité du cerveau humain concernant la mémoire, les souvenirs, les oublis : ce que nous sommes persuadés d'avoir vécu, ce que nous avons oublié… Comme le souligne l'auteur : « La vérité n'est jamais qu'une question de point de vue, et celui qui s'expose en place publique, se soumet qu'il le veuille ou non, au point de vue de l'opinion ». |
Tim Winton - Refuge
| | Un titre paradoxal qui n'est pas à prendre au premier degré : rien dans ce roman n'évoque la sécurité d'un abri. Bien au contraire : du personnage principal - qui a perdu son travail, son épouse, sa confiance en lui et sa santé... - à sa nouvelle voisine, elle même en grande précarité sociale et familiale, tous subissent leur vie, perdus dans la ville, perdus dans la société. Et le personnage qui pourrait/devrait être le plus insouciant, du haut de ses 6 ans, est sans doute le plus fragile. Une vision de l'Australie qui fait plutôt froid dans le dos. |
Szilárd Borbély - La miséricorde des cœurs
| | Difficile de savoir si les cœurs sont miséricordieux tant règnent une profonde détresse et une incroyable misère dans ce village pauvre et reculé de la Hongrie. Subissant de plein fouet les soubresauts de l'histoire terrible et tourmentée de la deuxième moitié du XXe siècle, une famille, vue ici par le prisme du regard du jeune fils, tente de conserver l'espérance et la foi dans la nature humaine. |
Aurélien Bellanger - L'aménagement du territoire
| | La vie d'un petit village des "Marches de la Bretagne" se trouve bouleversée par des projets d'aménagement du territoire : la construction d'une autoroute puis quelques années plus tard par une voie TGV. Une saisissante galerie de personnages reflète le volontarisme des industriels et des politiques, les antagonismes locaux et nationaux, les divergences mais parfois aussi les collusions entre les "modernes" et les "anciens", les scientifiques et les défenseurs de l'environnement... Sans oublier une touche de fantastique proche ici de l'occultisme. |
Jean Noël Orengo - La fleur du capital
| | Un très beau titre et une écriture riche et flamboyante. Mais une volonté évidente de provoquer et des personnages très/trop stéréotypés qui entretiennent ouvertement une confusion entre désir, stupre et luxure. |
Jérôme Ferrari - Où j'ai laissé mon âme
| | 3 jours dans la vie de 2 officiers français pendant la guerre d'Algérie mais émaillés de très nombreux flashbacks et de quelques scènes ultérieures. Si le roman pose des questions passionnantes sur les militaires, le combat et la torture (qu'est-ce que la loyauté ? Est-il possible d'avoir des états d'âme et/ou du respect pour un ennemi ?) et sur la perméabilité des notions de guerre/résistance/terrorisme, j'ai été gêné par le rapport amour/haine entre le capitaine et son subordonné et par le lyrisme de l'écriture. |
Patrick Modiano - Livret de famille
| | Un doux mélange de fiction, de souvenirs familiaux, des troubles du passé... Mais une saveur altérée par l'alternance entre les différentes nouvelles. |
Patrick Modiano - Rue des boutiques obscures
| | Tombant sur une photo ancienne où il croit se reconnaître, un détective privé amnésique tente de remonter aux sources de ce qui pourrait être son propre passé. À partir de faibles indices, il réussi à retrouver de rares témoins d'une époque révolue et pour beaucoup oubliée. Mais, charme de l'enquête et de l'écriture de Modiano, ces personnages croisés se révèlent hauts en couleur, attachants, fragiles, certains mystérieux et d'autres beaucoup plus inquiétants. |
Patrick Modiano - Dora Bruder
| | Un éblouissement sensible et pudique. Dora Bruder aurait pu être une jeune fille comme tant d'autres. Mais son insouciance et sa vie se dissoudront dans les affres de la barbarie nazie. En laissant si peu de traces qu'elle aurait pu tomber dans l'oubli. C'était compter sans la traque et la grâce de Patrick Modiano parti à la recherche de son ombre, du moindre de ses souvenirs dans les archives, les rues, les façades d'immeuble de Paris. Et à travers l'histoire de son propre père, il la rattache à la vie et à ses propres souvenirs familiaux. |
Rana Dasgupta - Solo
| | Un roman singulier et épatant qui tire sa force de la dissonance entre ses 2 parties. Dans la première qui renvoie aux grands romans réalistes et classiques, un vieil homme de cent ans déroule le fil de sa vie d'anti-héros dans une Bulgarie qui traverse un siècle de profonds bouleversements technologique mais aussi politique. Dans la deuxième, le souffle se fait épique et fantastique mais n'en dresse pas moins un sévère constat sur la cupidité humaine. |
Elisabeth Filhol - Bois II
| | Dans une dernière tentative, sorte de "coup d'éclat à l'ancienne", des salariés qui luttent pour ne pas voir leur entreprise fermer décident de séquestrer leur nouveau chef d'entreprise, un jeune repreneur arriviste et cynique. Mais que peut-il sortir d'une confrontation entre ces 2 mondes qui ne se comprennent pas et ne parlent pas le même langage ? Déséquilibre accentué par cette écriture de la résignation montrant un désespoir tragique.
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Leopoldo Brizuela - La nuit recommencée
| | Les méandres du souvenir constituent la trame entrelacée de ce roman qui met en abîme 2 agressions dramatiques se déroulant dans la même maison à plus de trente ans de distance. Le narrateur, voisin de cette maison, en a été le double témoin, autrefois jeune adolescent et aujourd'hui adulte solitaire et renfermé. Si entre-temps la dictature argentine a cédé la place à la démocratie, les rôles de chacun restent toujours un peu troubles et confus, que ce soit ceux des forces de l'ordre, des opposants ou de chaque citoyen. Entre oubli, déni et volonté de ne pas se faire remarquer, la terreur et la lâcheté deviennent difficiles à démêler. |
Laurent Mauvignier - Autour du monde
| | 14 récits/nouvelles qui dissèquent une tranche de vie propre à chacun, mais simultanée, de personnages disséminés aux 4 coins de la planète. Le lien ténu et finalement sans beaucoup d'intérêt est que chacun vit sa propre histoire alors qu'au même moment le Japon est victime du tsunami de mars 2011. |
Nadine Gordimer - Le conservateur
| | Un livre puissant et troublant sur les certitudes, l'aveuglement et l'absence de remise en question d'un riche homme blanc profitant du système profondément injuste et inégalitaire de l'apartheid de l'Afrique du Sud dans les années 60. S'éloignant de plus en plus de la réalité d'une vie qui lui échappe, cet homme dominateur s'enfonce progressivement dans la solitude et ses souvenirs finissent par révéler les pires turpitudes d'un être profondément conservateur et amoral. |
Emmanuel Carrere - Le Royaume
| | À chaque nouveau livre et quel que soit le sujet traité, Emmanuel Carrère dévoile une nouvelle part de sa vie et de son intimité. Avec cet art consommé de l'écriture en train de se faire (avec ses tâtonnements et ses digressions), il confesse ici, en feignant de la redécouvrir, sa période mystique (trois ans de sa vie) où il s'est plongé avec ardeur, et rigueur, dans la foi et l'étude des Évangiles. Puis comment, sa croyance vacillant, il s'est lancé dans l'écriture de la biographie de son auteur favori Phillip K. Dick - dont il souligne la proximité/porosité entre fantastique et religiosité - et trouve refuge dans la psychanalyse. C'est sur ce terreau que le roman se transforme ensuite en une incroyable, mais parfois un peu longue, enquête sur la vie des premiers chrétiens, ceux dont les récits (les quatre Évangiles et les textes du nouveau testament) constituent la genèse fondatrice du christianisme. Si l'art de Carrère demeure pour conter des histoires et brosser des portraits, reste cette interrogation majeure sur la place de la religion dans notre société : "... quelque chose qui relève de cette bonté pure à cause de laquelle on veut bien jeter l'eau du bain mais pas ce bébé difforme et merveilleux, cet enfant trisomique qu'on nomme le christianisme." Tout est dit. |
Jean-marie Blas De Roblès - L'île du Point Némo
| | Même si je n'ai pas retrouvé la magie du formidable Là où les tigres sont chez eux, il reste cette écriture enlevée, drôle, inventive, érudite... À conseiller aux amateurs d'histoires loufoques qui mélangent ostensiblement aventure et science fiction. |
Tom Perrotta - Les disparus de Mapleton
| | Un insidieux et subtil mélange d'hyper réalisme et de mystère donne une réelle profondeur à cette histoire de (sur)vivants qui doivent réapprendre à vivre, individuellement et collectivement, après l'inexplicable disparition instantanée d'une partie importante de la population et ce sans distinction d'âge puisque concernant des adultes mais aussi des enfants. Difficile de savoir à quoi se raccrocher quand un tel désastre survient. |
Marlene Van Niekerk - Agaat
| | Un livre passionnant mais assez labyrinthique (façon "vie à reconstituer") où chaque nouveau chapitre ressemble à une pièce d'un puzzle que l'on vient de retourner et qui ne prend pleinement son sens que lorsque il sera mis à la bonne place. Et c'est vrai de ces chapitres qui se succèdent sans cohérence apparente ou chronologique. Ils finissent pourtant par dessiner un portrait de plus en plus précis mais néanmoins complexe de Milla : son rapport charnel à sa terre et à son exploitation, son obsession d'avoir un enfant, ses relations tendues avec sa mère et son mari et cet attachement déconcertant à Agaat, sa bonne noire (et entre les 2, la plus opiniâtre n'est pas forcément celle que l'on croit). Une des grandes forces du livre est qu'il traite avec la même intensité des passages intimistes (où le moindre clignement d'œil peut avoir une importance capitale) et des scènes d'un naturalisme crû comme celles de l'accouchement ou de l'horrible infection du bétail. Et en arrière plan, l'histoire de l'Afrique du Sud longtemps caractérisée par une implacable ségrégation raciale. |
Andreï Makine - Une femme aimée
| | Un livre un peu décousu mêlant 3 périodes historiques : le règne de Catherine II de Russie (sous l'angle d'une impératrice collectionnant les amants), les dernières années de Brejnev (où le totalitarisme, la censure et la collusion font loi) et la Russie d'Eltsine (marquée par la libéralisation sauvage et la corruption). Et qui essaie de répondre à la question que se pose un cinéaste soviétique (puis russe mais d'origine allemande comme l'était l'impératrice) vivant difficilement en cette fin de XXe siècle : la Grande Catherine a-t-elle été une femme réellement aimée d'un amour sincère et désintéressé ? Question qui vaut, comme le montre ce livre, quelles que soient l'époque à laquelle on vit et la place que l'on occupe dans la société. |
Shumona Sinha - Calcutta
| | Une découverte de Calcutta et de l'histoire récente et tourmentée du Bengale occidental (un des États de l'Inde) à partir d'une intrigue familiale qui entrelace intime et politique : tradition, légendes, émancipation, incompréhension, failles, engagements... La beauté du texte, mais qui en est également une des limites, est son écriture elliptique et poétique. |
Roberto Bolaño - 2666
| | Un roman rare, foisonnant, époustouflant, parfois éprouvant, qui mêle la fiction à la réalité en se jouant des notions du destin, du hasard, de la violence, de la folie, de la noirceur humaine (crimes, viols et guerre) mais aussi de ce qui en fait sa grandeur : l'humanité, l'amour et, bien évidement dans un livre, la littérature. Impossible de résumer cette somme de plus de 1 300 pages. D'autant qu'elle se compose de 5 parties distinctes dans leur histoire, leur temporalité, leur géographie, leurs personnages (le plus bouleversant étant sans conteste Ansky) et leur style. Mais ce côté faussement dépareillé est un leurre car l'avancée du récit (même si elle est chaotique) finit par montrer qu'elles sont liées par un homme (Archimboldi, un mystérieux écrivain allemand) et une ville (Santa-Teresa au Mexique). Et si à un certain moment, j'ai failli abandonner ma lecture ou sauter le passage sur l'effroyable, interminable et oppressante litanie des viols et meurtres, lorsque je suis arrivé au terme du roman, je n'ai eu qu'une envie : le recommencer pour mieux comprendre et apprécier certains passages prenant a posteriori un autre sens. |
Li Er - Le jeu du plus fin
| | Perdu dans les dédales de cette histoire, qui fait alterner de manière trop systématique les points de vue successifs des 3 "témoins officiels" avec des textes "connexes", j'ai fini par confondre les personnages, les époques... Si telle était l'ambition de l'auteur, c'est réussi. |
Murong Xuecun - Danse dans la poussière rouge
| | Écrit comme un polar, cet "autoportrait" - raconté joyeusement, sans fausse pudeur ou le moindre remord - signe l'insolente réussite d'un jeune avocat chinois, dénué de toute morale et sans état d'âme, qui assume parfaitement d'être égoïste, arriviste, menteur, calculateur, calomniateur, délateur, et même pire. Paradoxalement c'est son seul moment de faiblesse qui lui vaudra sa chute. Afin de pouvoir être publié en Chine (ce qui semble quand même étonnant vu la critique en creux du système), Murong Xuecun rédige 2 fins/épilogues : 1 spécifique pour son pays et 1 autre pour le reste du monde. Dans la version française les 2 sont présentées qui permettent de voir l'ingéniosité de l'auteur. Un récit marqué par quelques longueurs mais qui bénéficie à d'autres moments de disjonctions bienvenues. |
Koonchung Chan - Les années fastes
| | Pas étonnant que ce livre ait été interdit en Chine puisque il dénonce les manipulations et la corruption du pouvoir en place. Sensé se dérouler dans un futur très proche (écrit en 2009, l'histoire se passe en 2013) où le reste du monde subit une crise économique profonde à l'exception notable de la Chine qui connaît une période de prospérité sans précédent avec une population heureuse qui profite notamment d'immenses centres commerciaux rutilants et opulents. Pourtant quelques rares habitants résistent à cette quiétude béate et soupçonnent qu'un mois complet de l'année 2011 a disparu de leur mémoire et de l'histoire officielle. Commence alors une discrète enquête qui les mènera à la découverte glaçante de la réalité, long passage où le romancier abdique lui même toute velléité de style pour une écriture totalement épurée. Et qui contraste de manière saisissante avec le reste du roman marqué par un enchevêtrement d'histoires et de personnages où une même scène se glisse discrètement avec des angles et des points de vue différents selon les protagonistes. |
Andrew Porter - Entre les jours
| | La lente désintégration d'une famille américaine "modèle" révèle progressivement les frustrations, les incompréhensions et les mensonges, jusque-là tus ou cachés. Dans cette nouvelle version de roman polyphonique familial, ce sont finalement les personnages des parents, avec leurs doutes et leurs tâtonnements, qui m'ont le plus intéressés, bien davantage que le mystère trop savamment entretenu autour du renvoi de l'université de leur fille puis de sa disparition. |
Raquel Robles - Petits combattants
| | Originalité de ce livre, sa narratrice est une enfant dont les parents, opposés au pouvoir en place (l'histoire fait référence à la dictature militaire argentine du milieu des années 70), ont disparu. Une enfance oh combien singulière, entre lucidité (son "entrée en résistance" où elle entraîne - dans tous les sens du terme - son petit frère et son regard sur sa famille et notamment ses 2 grands-mères) et innocence/naïveté (son fol espoir du retour de ses parents et de posséder un pouvoir sur les choses). |
K. Sello Duiker - La sourde violence des rêves
| | À l'instar des rêves, le récit avance par fragments, mélangeant les voix, les souvenirs, les errances, les dérives et les désirs. Personnage central, Tshepo est un jeune sud-africain noir secret, fragile et solitaire qui peine à trouver sa place dans une société sortant juste de l'apartheid mais encore très inégalitaire, pleine de préjugés et sans repères. Souffrant d'une dépression, il est soigné dans un hôpital psychiatrique où il se montre tout aussi perturbé. Les pages sur son malaise et ses difficultés à s'en sortir sont particulièrement troublantes. À ses côtés, on retrouve sa fidèle (et seule) amie Mmabatho, dont l'entrée dans l'âge adulte est tout aussi compliquée, et le mystérieux Zebron. Dans cette ville du Cap en plein bouleversement, de fortes pressions et contradictions questionnent les relations entre les différentes communautés de noirs et de blancs, les riches et les pauvres, les rapports entre les hommes et les femmes, l’identité sexuelle, la violence, la drogue mais aussi l'amour qui arrive à naître dans des situations autrefois inconcevables. Car c'est aussi une chance que l'avenir de chacun puisse être incertain : cela dénote la liberté de l'individu et sa capacité à dépasser un système d'appartenances ou de représentations. |
Donna Tartt - Le chardonneret
| | Comme dans Le maître des illusions, le narrateur semble davantage spectateur qu'acteur de sa propre vie. Prisonnier de ses angoisses, de sa culpabilité, de ses secrets et de ses addictions, il évolue au gré d'une histoire mouvementée et de ses rencontres avec des personnages haut en couleur. Le traumatisme initial alors qu'il n'a que 13 ans est une vraie déflagration : une explosion dans un musée dans lequel sa mère trouve la mort, où il vole un tableau (Le chardonneret qui donne son titre à l'ouvrage) et fait la connaissance de Pipa. Après un court répit dans une famille de la bonne bourgeoisie new-yorkaise, moins lisse que ne pourraient le laisser supposer les apparences, il plonge dans une errance hallucinée sous la chaleur de Las Vegas en compagnie du fantasque Boris. Au gré des hasards et de nouvelles péripéties (et parfois de quelques longueurs), il essaie de survivre aux ravages de ses mensonges et au dégoût de la vie avant un final, d'une sauvagerie un peu inutile, rédempteur. |
Laura Kasischke - À Suspicious River
| | Un talent certain pour brosser une scène en quelques mots, donner chair à des personnages. Et ça ne donne pas envie de vivre à Suspicious River. Quel dommage que les méandres entre l'enfance dramatique de Leila et son apathie d'adulte se figent pour s'anéantir en un canevas déterministe. |
Maylis De Kerangal - Réparer les vivants
| | Un roman court et presque clinique sur le don d'organes qui montre le double bouleversement qu'engendre l'arrivée à l'hôpital d'un jeune homme en état de mort cérébrale suite à un accident : celui des parents - plongés dans la stupeur et l'affliction et qui doivent rapidement prendre une décision difficile : acceptent-ils le prélèvement d'organes sur leur fils et, si oui, lesquels ? - et le quotidien d'un hôpital qui doit non seulement trouver les mots justes pour aborder cette délicate question mais également mettre en alerte le réseau permettant d'identifier les receveurs les plus compatibles. À l'instar du cœur qui est à la fois un organe et l'emblème de l'amour, les vivants à réparer sont à la fois ceux qui sont touchés par le deuil et ceux qui auraient la chance de se voir transplanter un organe. La première partie m'a davantage touché que la seconde plus proche d'un documentaire. Mais c'est peut-être également dû à la lassitude ressentie face à cette écriture "micropolyphonique" qui s'éparpille dans un nombre élevé de personnages à la faible consistance puisqu'à peine effleurés. |
Mohamed Al Fakharany - La traversée du K.-O.
| | Une écriture et une vision de l'Égypte contemporaine pour le moins crues et inattendues. On y sent un souffle, une force et par moment une légère note d'espoir alors même qu'elles montrent l'extrême pauvreté d'un bidonville où règne la violence entre les trafiquants de drogue, contre la police mais aussi au sein des familles et envers les femmes victimes de sévices sexuels. Passé le chaos (ou plutôt le K.-O.), reste la fureur de vivre. |
Jérôme Ferrari - Le sermon sur la chute de Rome
| | Tout commence par la photo d'une famille corse au début du XXe siècle où, et c'est déjà tout un symbole, manque le dernier enfant qui n'est pas encore né. Pourtant, c'est bien lui ainsi que son fils et ses petits enfants qui sont les personnages principaux de cette histoire. Mais cette absence physique initiale symbolise celle, mentale, qui annihile la prise de décision à des moments importants de leurs vies : un mariage arrangé et raté pour l'un, les impasses sentimentales pour d'autres, l'arrêt des études ou les échecs professionnels... Elle peut également rester physique et se traduire par une "fuite" dans des territoires plus ou moins lointains, par une absence aux chevets des mourants ou en restant inerte dans des situations d'extrême danger. Si j'ai bien vu l'effondrement d'un monde, je peine à imaginer sa renaissance avec des êtres veules et pleutres. |
Sofi Oksanen - Les vaches de Staline
| | Ce premier roman de Sofi Oksanen raconte, comme le suivant Purge, sur plusieurs générations les souffrances d'une famille estonienne aux prises avec l'histoire complexe et tourmentée de ce pays au XXe siècle entre Russie et Finlande. Si j'ai bien aimé la déconstruction et les ruptures du récit, j'ai les mêmes préventions que pour Purge sur les traits trop appuyés de certains personnages que renforce ici une impression de destinée. |
Sorj Chalandon - Le quatrième mur
| | Étudiant engagé, Georges milite dans les années 70 à l'extrême gauche et ne rechigne pas à recourir à la violence contre les militants d'extrême droite. C'est également l'époque des rencontres décisives avec Aurore et Samuel, un exilé grec qui a fui la dictature des Colonels. Dix ans ont passé, Aurore est devenue sa femme et Samuel est mourant. Il propose à Georges de reprendre son pari insensé : dans un Liban en guerre monter la pièce d'Antigone en confiant les rôles aux différents acteurs de ce conflit : des Palestiniens (sunnites), des chiites, des druzes, des maronites... À son arrivée à Beyrouth, il découvre une réalité complexe qui le fait douter de ses chances de réussite. Pourtant après des premiers pas hésitants, Georges réussit à rencontrer ses acteurs pressentis et l'espoir renaît : des répétitions commencent et, "protégés" par le quatrième mur (sensé séparer les acteurs du public, et donc de la réalité du conflit), des liens se dessinent entre chacun grâce à l'amour du théâtre. Mais quelle peut être la force de l'art dans un pays où la violence effectue un effroyable retour ? Une histoire bouleversante même si j'ai finalement été plutôt gêné par le personnage de Georges et par la description des massacres de Sabra et Chatila. |
Donna Tartt - Le maître des illusions
| | De manière machiavélique, ce livre révèle dès son prologue le drame que beaucoup d'auteurs auraient gardé pour la fin ou au moins pour ménager un effet de surprise ou de relance du récit. C'est que l'intention de Donna Tartt est ailleurs. En montrant d'emblée les conséquences de la noirceur et de la perversité de ses personnages, elle leur donne davantage d'épaisseur et de mystère. Si je me suis laissé porter par cette ambition littéraire qui se joue des notions d'innocence, de culpabilité et de responsabilité, j'ai été en revanche hermétique à l'ésotérisme et à cette fascination pour les "initiés" et les "élus". Mais sa description des turpitudes de cette université américaine ne peut laisser indifférent. |
Pierre Lemaitre - Au revoir là-haut
| | Des personnages que j'ai trouvés au-delà de la caricature : des 3 soldats que l'on découvre alors qu'ils vivent les derniers jours de la guerre et que l'on suivra tout au long du roman, il y a l'aristocrate désargenté et arriviste, le bourgeois artiste, homosexuel et en rupture avec sa famille et l'ouvrier pleutre. Péripéties et rebondissements les feront se croiser et/ou s'éviter dans ce triste après guerre où la population et le gouvernement se préoccupent davantage des morts aux combats que de ceux qui sont rentrés blessés ou traumatisés et qui sont délaissés. Le fond historique à été pour moi le seul attrait du roman et notamment cette gestion kafkaïenne de la création des cimetières nationaux. |
Édouard Louis - En finir avec Eddy Bellegueule
| | Une écriture impudique et crue sur l'enfance opprimée d'Eddy, un garçon stigmatisé dès son plus jeune âge à cause de sa voix haut perchée et de ses manières de fille. Dans ce milieu social très défavorisé marqué par une extrême pauvreté, cette chronique d'une violence hélas ordinaire se traduit par la cruauté des mots et plus encore par celle des comportements : dureté et domination masculine, alcoolisme, racisme, homophobie... Il ne s'agit pourtant pas d'un roman à charge : il pointe juste la bêtise et la cruauté humaines qui s'attaquent toujours au plus faible et donc le plus souvent à Eddy. Les exemples sont nombreux :
- c'est le cousin d'Eddy, avec qui il a sa première relation sexuelle, qui le dénonce devant tout le collège ;
- ce sont les deux brutes qui le battent tous les jours mais qui, la dernière fois qu'il les verra lors du spectacle de fin d'année où il a été un acteur particulièrement brillant, l'acclameront...
- mais c'est aussi Eddy qui peut se montrer cruel envers un autre garçon efféminé. Car bien qu'il sache désormais avec certitude qu'il aime les garçons, Eddy décide de lutter contre sa nature et essaie de devenir un dur qui aime les filles et le foot. Mais c'est un échec : exclu de ce monde, Eddy trouve une issue en partant au lycée loin des siens. Il n'a que quinze ans. |
Colum Mccann - Transatlantic
| | Une nouvelle fois, Colum McCann mêle des récits, réels ou imaginaires. Ils se déroulent sur deux siècles et relient l'Irlande aux États-Unis : la découverte de l'Irlande par un ancien esclave noir américain, le premier vol entre les 2 pays au dessus de l'Atlantique, la contribution d'un sénateur américain au processus de paix, et 4 générations de femmes qui au fil d'une histoire mouvementée et dramatique passeront de l'Irlande aux États-Unis pour revenir en Irlande. Un ensemble plutôt décousu avec de premières histoires que j'ai trouvées trop rapides. Le roman gagne ensuite en profondeur et se termine avec un dernier personnage plus intéressant. |
Alan Hollinghurst - L'enfant de l'étranger
| | Plus on avance dans ce roman et plus le personnage magnétique de Cecil Valence se dérobe, se nimbe de mystère et d'ambiguïté. Les seules certitudes sont que ce jeune aristocrate a écrit le poème Deux arpents qui lui valut une gloire éphémère avant de mourir peu après sur le front de la Première guerre mondiale. Mais était-il un grand poète, un avant-gardiste, un réactionnaire... ? À chaque nouvelle génération, un nouveau narrateur de ce roman choral ira à la recherche de la vérité et essaiera de percer les mystères de Cecil Valence mais plus le temps passe, plus ce monde ancien devient indéchiffrable et révolu. Car ceux qui l'ont connu divergent et délivrent des versions où leurs souvenirs s'éloignent, le plus souvent délibérément, de la réalité pour devenir ce qu'ils auraient voulu qu'elle soit et qui, si possible, offre d'eux une vision avantageuse. À faire douter de toutes les biographies. |
Fatou Diome - Celles qui attendent
| | Un regard distancié sur l'immigration clandestine de 2 jeunes Africains en Europe : on suit leur aventure indirectement à travers la perception de leurs mères, 2 femmes dont le quotidien est de tenir leurs foyers à bout de bras et de trouver des solutions pour réussir à nourrir leur famille. C'est pour éviter que leurs fils ne vivent dans la même misère qu'elles se sont mis en tête de les aider à fuir clandestinement. Sans imaginer qu'avec leurs départs commencerait une longue et pénible attente. Un point de vue intéressant mais sans éclat littéraire. |
Valentine Goby - Kinderzimmer
| | L'atrocité des camps de concentration avec l'histoire terrible d'une jeune femme déportée qui se rend compte peu de temps après son arrivée qu'elle est enceinte. Comment dans ce monde ou la violence et la mort sont omniprésentes, réussir à cacher sa grossesse et à donner la vie ? Une vision sensible et pudique d'une humanité niée mais victorieuse en trouvant la force de ne pas se résigner à disparaître. |
Patrick Mcguinness - Les cent derniers jours
| | Une plongée envoûtante dans Bucarest sous la dictature des Ceausescu. C'est là que débarque, presque par hasard, un jeune enseignant anglais. Il découvre une ville où, hormis la destruction des quartiers anciens, il ne se passe apparemment rien d'important en surface car chacun se sait espionné. Mais derrière cette vie codifiée et cet ennui palpable, les personnalités se révèlent beaucoup plus complexes et cachent un double voir un triple jeu entre trafic, corruption et marché noir. Du coup, chaque personne et chaque fait pouvant être compris et interprétés de différentes manières se parent d'un insondable mystère. Et si rien n'est prévisible, tout peut advenir et même le plus surprenant : cette dictature sanglante et sanguinaire n'est finalement qu'un colosse aux pieds d'argile où l'intervention de quelques personnes disposant au bon moment des bons appuis peut arriver à la renverser en quelques jours. Passionnant. |
Yannick Haenel - Les renards pâles
| | Un court roman composé de 2 parties. Dans la première un Parisien sans emploi, qui vient de perdre son logement, trouve refuge dans sa voiture et tombe dans une vie d'expédients. Dans le seconde se déploie le mystérieux mouvement anarchiste des renards pâles. Assez déroutant. |
Javier Marías - Comme les amours
| | Une histoire d'amour et de mort qui se joue des apparences et montre qu'aucune situation ou opinion n'a de caractère immuable. Ce que chacun voit, vit ou dit est affaire de points de vue, d'intentions, de possibles manipulations, d'un avant et d'un après qui bouleversent et brouillent astucieusement la perception de la réalité et de la vérité. C'est encore plus vrai dans les jeux de l'amour, royaume de l'ambivalence et de la confusion des sentiments. Une savante composition faisant elle-même référence à Shakespeare ou au Colonel Chabert de Balzac. |
R. K. Narayan - Le magicien de la finance
| | Une satire mordante et pleine de rebondissements qui moque les travers d'une société indienne tiraillée entre les traditions, le poids des castes et de la famille, la cupidité et autres faiblesses humaines face à l'argent et au sexe. La force de ce livre est de rendre sympathique et touchant un anti héros opportuniste prêt à tout pour atteindre ses objectifs. Écrit en 1952, ce livre reste d'une incroyable modernité. |
Cloé Korman - Les saisons de Louveplaine
| | Débarquant d'Algérie pour retrouver son mari disparu, une jeune femme atterrit dans une cité de la banlieue parisienne. À son arrivée, elle ne trouve qu'un appartement vide et un voisinage mutique. C'est que la banlieue ne se livre pas facilement pour ceux qui n'en ont pas les codes et ne connaissent personne. Une première partie ardue mais collant parfaitement au malaise, au sentiment qu'a cette jeune femme de ne pas être à sa place, d'être isolée et perdue. Puis progressivement, au fur et à mesure que des voisins sortent de l'ombre, le récit se libère et rend perceptible la complexité, les tensions, les trafics, la violence mais aussi les solidarités et la vitalité des habitants de cette cité. Une plongée passionnante et conservant sa part de mystère et de poésie, loin des visions caricaturales ou angéliques, même si elle souligne en creux l'importance des services publics, que ce soit l'école, l'hôpital ou la police. |
Jeanne Benameur - Profanes
| | Des phrases courtes, rapides qui donnent du rythme et, presque paradoxalement, arrivent à pénétrer l'essence des choses et des êtres, ces 5 personnages attachants avec leurs fêlures, leurs doutes, leurs cicatrices. Mais dont la symbiose relève, étonnamment pour un livre intitulé Profanes, d'une rédemption collective un peu forcée. C'est pour moi la (petite) limite de ce récit : l'impression de se dérouler selon un canevas un peu trop construit. |
Julie Orringer - Le pont invisible
| | Tout démarre comme un conte de fée : Andràs, un jeune juif hongrois, est accepté à l'école d'architecture de Paris. Là, il se fait un groupe d'amis fidèles et tombe amoureux d'une de ses compatriotes plus âgée que lui. Mais la montée de l'antisémitisme va bouleverser tous ses plans. Avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, le couple part se réfugier à Budapest puisque la Hongrie bénéficie d'un statut assez protégé. Mais cela ne dure pas et assez rapidement Andràs est envoyé dans un camp de travail. La lutte contre l'ennemi devient de plus en plus difficile et dans cette terrible descente aux enfers, il s'agit plutôt d'essayer de conserver sa dignité puis tout simplement de rester en vie. Une illustration réaliste et tragique de l'inhumanité du nazisme. |
Jim Fergus - Chrysis
| | Partant d'un événement tiré de sa vie réelle (l'achat d'un tableau), Jim Fergus s'attache à écrire la rocambolesque histoire de son auteure. Celle d'une jeune femme peintre, libérée et libertine, dans le Paris des années 20 et son improbable rencontre avec un cow boy américain. Dommage qu'une si belle histoire soit plombée par autant de dialogues convenus. |
Nadeem Aslam - Le jardin de l'aveugle
| | Un jardin luxuriant qui, même pour les oiseaux qui essaient d'y trouver refuge, se révèle un piège. Et qui dire des hommes qui l'ont quitté pour défendre l'honneur de leur religion attaquée par les États-Unis suite aux attentats du 11 septembre 2001? Ils sont eux aussi victimes d'une guerre aux enjeux qui les dépassent. Car cette spirale de la haine et de l'extrémisme le plus violent tire aussi ses origines de luttes intestines locales pour la conquête du pouvoir et/ou d'une femme. Et gare à ceux qui prêchent la modération ou la tolérance car ils deviennent des ennemis à abattre dans un Pakistan en mal de repères. |
Ivan Macaux - Il babbo
| | Une vieille voiture pour huis clos entre un jeune homme et son père. Il espère profiter de ce voyage et de cette promiscuité forcée pour le comprendre davantage. Mais ce n'est pas ce road movie de quelques jours sur les routes tranquilles de la France (malgré les inévitables soucis mécaniques ou rencontres improbables) qui peut résoudre des années de méconnaissance. Les passages les plus intéressants sont d'ailleurs les digressions littéraires. |
Yoko Ogawa - Cristallisation secrète
| | Sur une île coupée du reste du monde, les êtres et les choses disparaissent progressivement et mystérieusement. Le plus étonnant est que les gens perdent le souvenir même de ces choses qui semblent ne jamais avoir existé. Seuls quelques individus en conservent la mémoire et constituent une menace pour la dictature au pouvoir qui lance à leur trousse des "chasseurs de mémoire". Une approche originale de la résistance au totalitarisme. |
Ike Oguine - Le conte du squatter
| | Depuis tout petit, Obi voue un culte démesuré à son oncle Hapiness qui est parti vivre aux États-Unis. C'est pourtant dans son Nigéria natal qu'Obi s'essaie à faire fortune en mettant en place un système frauduleux. Mais après un démarrage flamboyant, il se retrouve cerné par ses créanciers et clients. C'est alors qu'il décide de rejoindre son oncle. Mais la réalité américaine est bien loin du rêve escompté. Devant la difficulté pour trouver un travail et un logement, Obi est obligé de squatter chez son oncle puis chez un de ses ancien camarades qui a immigré comme lui mais mène une vie quasi monacale. Devant chaque nouvelle déconvenue, Obi conserve sa bonne humeur et son optimisme car il espère être un jour rejoint par sa fiancée restée au pays. Une vision désenchantée de la vie d'un immigré clandestin. |
Léonora Miano - La saison de l'ombre
| | La disparition brutale de 12 de ses hommes, dont 10 jeunes, provoque la détresse et l'incompréhension d'une tribu de l'intérieure des terres africaines vivant jusque-là en harmonie avec son environnement et ses traditions. Dans un premier réflexe, leurs mères sont mises en quarantaine pour circonscrire leur malheur. Puis plusieurs membres de la tribu prennent chacun de leur côté, et pour des motivations différentes, la décision de braver l'inconnu et de partir à leur recherche : le frère du chef dans l'espoir d'en récupérer un bénéfice personnel qui lui permettrait de prendre le pouvoir, une des mères persuadée que son fils est toujours vivant et a besoin de son aide. Leur recherche/errance leur permettra de découvrir une triste vérité insoupçonnée. De très belles voix de femmes et une vision sensible et humaine des ravages de la traite négrière. |
Véronique Olmi - La nuit en vérité
| | Un grand appartement parisien déserté la plupart du temps par ses propriétaires. Ne vivent là à demeure, et presque reclus, que leur femme de ménage et son jeune fils. Mal dans sa peau et maltraité à l'école par ses camarades - du fait de ses conditions sociales modestes dans ce quartier bourgeois et de son obésité - ce pré adolescent se réfugie dans ses songes. Quelques beaux passages mais un rythme très lent et une quête des origines fastidieuse. |
Jean Louis Fournier - La servante du seigneur
| | Quand l'autofiction sert à régler ses comptes personnel. Jean-Louis Fournier s'en prend à sa fille qui n'a pas suivi le voie que son père souhaitait. Pourquoi nous mêler à cela ? |
Eric Pessan - Muette
| | La fugue d'une adolescente qui se cache dans une grange abandonnée qu'elle transforme en tanière. Elle profite de cette mise à l'écart volontaire pour aiguiser son regard sur ses semblables et se rapprocher du monde des animaux. Une assez belle vision d'une adolescence tourmentée. |
David Vann - Impurs
| | Une famille en déliquescence. La grand-mère qui perd la tête à été placée en maison de retraite. Les 2 filles se jalousent et se vouent une haine féroce. Le petit-fils solitaire vit sous la coupe de sa mère autoritaire jusqu'à l'arrivée de sa cousine qui l'excite terriblement. Les voilà tous partis dans leur chalet de campagne. Le début d'une descente aux enfers d'une extrême violence qui m'a mis mal à l'aise : jusqu'où l'écrivain peut-il aller ? Le lecteur doit-il tout supporter ? |
Catherine Mavrekakis - Les derniers jours de Smokey Nelson
| | Les derniers jours d'un condamné à mort coupable d'un quadruple meurtre commis des années plus tôt. Quatre récits s'entrecroisent : celui du condamné et ceux de 3 personnes qui ont été profondément bouleversées par le drame et qui le seront de nouveau par l'imminence de l'exécution : le père d'une des victimes, le premier suspect emprisonné par erreur, la femme qui a découvert les corps et dont le témoignage avait finalement permis l'arrestation du vrai coupable. Une construction intéressante mais une vision noire et violente de la société américaine avec des conséquences inattendues et parfois déroutantes pour les différents personnages. |
Yoko Ogawa - Le petit joueur d'échecs
| | Un conte touchant sur le parcours initiatique d'un jeune garçon différent et sensible aux histoires et/ou rencontres improbables : une éléphante coincée sur le toit d'un supermarché, un homme obèse qui joue aux échecs dans sa maison/bus, une jeune fille tout de blanc vêtu avec une colombe blanche sur son épaule... Se prenant lui aussi de passion pour les échecs, il décide de jouer à l'intérieur d'un automate construit sur mesure de façon à ne pas avoir à affronter directement le monde des adultes. Malgré quelques longueurs et des passages un peu ennuyeux sur les parties d'échecs, la magie opère. |
Miquel De Palol - Phrixos le fou
| | Alors que la guerre nucléaire a dévasté l'Europe, un groupe de notables se réfugie dans une luxueuse forteresse isolée dans les montagnes espagnoles. Ils passent leur temps à se raconter des histoires qui approfondissent, exposent de nouveaux points de vue, révèlent de nouvelles intrigues, les luttes de pouvoir et les inextricables ramifications des aventures des dirigeants d'une banque à la dérive. Dérive qui peut être vue comme celle du système capitaliste. Intéressant mais un peu trop doctoral, descriptif et sérieux. |
Lianke Yan - Bons baisers de Lénine
| | L'histoire improbable et loufoque d'un chef local du parti communiste chinois : ayant lu dans la presse que les Russes voulaient se débarrasser de la momie de Lénine, il se met en tête de la racheter afin de lui construire un mausolée et permettre ainsi le développement touristique et économique de sa région particulièrement pauvre et déshéritée où se trouve notamment un village devenu un refuge de personnes handicapées : des sourds, des aveugles, des éclopés... Mais la condition nécessaire et préalable au rachat de la momie est de réunir une grosse somme d'argent. L'apparatchik trouve alors une nouvelle idée lumineuse : monter une troupe de cirque avec les habitants de ce village. Contre toute attente, la troupe connait un succès grandissant et entame une tournée prometteuse et lucrative mais aussi infiniment dangereuse. Car en Chine communiste aussi, l'argent suscite convoitise, jalousie et perversion. |
Kiran Desai - La perte en héritage
| | Sur 3 générations, des êtres perdus dans une société qui les bride, les dépasse et peut à tout moment les broyer. Ils souffrent tous d'une solitude amère et de frustrations accumulées, dans leur famille, leurs amours ou leurs espoirs professionnels. C'est l'histoire tourmentée de l'Inde avec ses castes, ses revendications nationalistes et religieuses, et ses relations troubles et ambiguës avec l'Occident, l'Angleterre du temps de la colonisation et Les États-Unis aujourd'hui : eldorado pour un avenir meilleur ou exploitation sordide de personnes sans papier ? |
Amélie Nothomb - La nostalgie heureuse
| | Revenue au Japon à la rencontre de son passé (son enfance, son premier amour), Amélie Nothomb fera une seule découverte : pour les Japonais la nostalgie est par essence heureuse. Dommage qu'elle ne soit pas stimulante. |
Cécile Wajsbrot - Conversations avec le maître
| | De ses conversation avec le "maître", un compositeur de musique qui lui a autrefois raconté sa vie et qui vient de mourir, une jeune femme s'en souvient avec une ineffable nostalgie. Sans elles, sa vie se montre désespérément vide entre tristes soirées sur internet, fenêtre ouverte sur des passions morbides, et mornes journées au bureau où elle n'arrive pas à se confronter au monde réel. Le problème est que l'ennui finit par se propager à la lecture. |
Cécile Wajsbrot - L'île aux musées
| | Dans un improbable chassé-croisé entre deux lieux chargés d'histoire - l'île aux Musées à Berlin et le jardin des Tuileries à Paris - deux couples séparés le temps d'un long week end doutent et hésitent sur leurs amours et leurs vies. Autre singularité du livre : faire des statues des personnages voyant passer des femmes et des hommes qui les remarquent à peine. |
Jean Baptiste Del Amo - Une éducation libertine
| | L'arrivée d'un jeune provincial - sans argent ni connaissance mais pas sans charme - à Paris au cœur du 18e siècle. Il débarque dans les entrailles d'une ville qui n'a pas grand chose à offrir aux pauvres et aux laissés pour compte. Non sans mal, il finit par se frayer un chemin jusqu'au monde fermé des commerçants puis de celui des aristocrates. Une plongée scabreuse aux plus près des hommes, de leurs désirs, de leurs fantasmes, de leur violence, de leurs tourments et de leurs effluves. |
Lorette Nobécourt - L'usure des jours
| | De l'auto-fiction pleine de pathos sur les zones d'ombre de son enfance, ses souffrances physiques et psychiques, son bonheur de la maternité mais avant tout sur ses expériences spirituelles et ésotériques. |
Gilles Leroy - Alabama song
| | Les affres de l'amour - de l'éblouissement de ses débuts au naufrage de son anéantissement - de Zelda, l'épouse de l'écrivain Scott Fitzgerald. L'agitation et les tourments d'une vie passionnelle et nimbée de folie imaginée par Gilles Leroy. |
Gabi Martinez - Histoire vraie de l'homme qui chassait le yéti
| | Le destin tragique de Jordi Magraner, un scientifique solitaire et presque autodidacte. Convaincu de l'existence du yéti, il part à sa recherche dans les montagnes reculées situées aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan. Tombé sous le charme de ces vallées isolées et au mode de vie traditionnel qui lui convient particulièrement bien, il décide de s'y installer et y mène une vie d'aventurier intrépide et un peu trouble. Hermétique aux menaces qui se développent (montée de l'intolérance et du fanatisme lorsque la région devient une des bases arrières des talibans), il finit par se faire assassiner dans des conditions encore non élucidées. |
Jean Paul Dubois - Les accommodements raisonnables
| | Est-ce parce que l'(anti-)héros de service part se réfugier à Hollywood que ce roman prend lui aussi des allures de scénario avec des personnages caricaturaux et des péripéties improbables ? |
Alban Lefranc - Le ring invisible
| | Un ring invisible, peu de boxe et de combats. Pourtant ce livre évoque bien Cassius Clay - qui deviendra un des plus grands boxeurs sous le nom de Mohamed Ali. Une ouverture subtile sur une enfance dans une Amérique ségrégationniste où un jeune noir pouvait mourir pour avoir osé regarder une femme blanche dans les yeux. |
Ismet Prcic - California Dream
| | La jeunesse difficile d'un musulman dans ce qui est en train de devenir l'ex Yougoslavie, un pays dévasté par la guerre et qui se décompose avec la montée du communautarisme pour seul horizon. Pour échapper à ce funeste quotidien, le jeune Ismet se réfugie dans ses cours de théâtre. Le miracle d'une tournée au Royaume-Uni lui permet de se sauver et de s'exiler en Californie. Le délitement de l'écriture, nouvelle et vaine échappatoire, dévoile un insondable traumatisme et la vacuité du rêve américain. |
Mark Behr - Les rois du Paradis
| | Quinze ans après avoir fui son pays et sa famille, un homme revient pour la première fois en Afrique du Sud et, plus particulièrement, au Paradis, la ferme où il a grandi, pour assister aux obsèques de sa mère. Subtilement, au choc des retrouvailles se mêlent les réminiscences d'une adolescence insouciante et heureuse puis des premiers mensonges, conflits et tragédies. Avant l'exil, une longue errance à travers le monde et les gens avant de trouver une certaine harmonie. Le pays qu'il retrouve a lui aussi changé avec la fin de l'apartheid. Mais les mentalités et les modes de vie peinent à intégrer ce nouvel équilibre et ce partage du pouvoir entre les Blancs et les Noirs. |
Tom Sharpe - Attentat à la pudeur
| | Dans l'édition que j'ai lue, le roman s'appelle "Outrage public à la pudeur". L'histoire qui se passe en Afrique du Sud est effectivement totalement loufoque et déjantée avec des policiers obsédés et gaffeurs qui complotent, s'espionnent et tentent d'imposer leur vision de l'ordre et des bonnes mœurs. En découlent des scènes grand-guignolesques de pose de micros, de thérapie improbable pour empêcher que des policiers blancs couchent avec des noires... Car derrière l'invraisemblance et le burlesque des situations pointe une critique de l'apartheid (le livre a été écrit en 1973). |
Jean Echenoz - 14
| | La mobilisation et le début de la Première guerre mondiale vus par 5 jeunes hommes et 1 jeune femme d'un village de Vendée. Un court texte tout en retenu. |
Jean Echenoz - Je m'en vais
| | Une année dans la vie d'un homme qui correspond à sa "renaissance". L'écriture souligne un cycle marqué par des aventures un peu trop improbables et des rencontres un peu trop faciles. |
Kevin Powers - Yellow birds
| | Pour échapper à son morne quotidien, un jeune américain de 21 ans s'engage dans l'armée et part combattre en Irak. Les chapitres alternent entre ses souvenirs des insupportables conditions de vie au combat dans un environnement hostile par son climat et inhospitalier par ses habitants et sa difficile survie lors de sa démobilisation et de son retour au foyer. Ils montrent la profondeur des traumatismes psychologiques dus à la confrontation avec la mort et la barbarie de la guerre où l'amitié portée à un autre jeune soldat devient un fardeau trop lourd à porter. |
Jeremy Chambers - Le grand ordinaire
| | Dans une campagne australienne écrasée de chaleur, des saisonniers se retrouvent pour la taille des vignes. La monotonie de leurs harassantes journées, presque sans aucun mot échangé, n'est même pas rompue par leurs soirées de beuveries dans les bars du village. Mais derrière l'uniformité apparente de ces vies rudes et parfois violentes, les parcours de chacun, leurs espoirs, le plus souvent déçus, se dessinent et révèlent de rares mais vrais moments d'un bonheur fragile, fugace mais absolu. |
Antoine Choplin - La nuit tombée
| | 26 avril 1986, dies irae : ce "jour de colère" est plutôt un jour de malheur. Car si l'explosion (de la centrale nucléaire de Tchernobyl qui n'est jamais citée) offre aux premières minutes un spectacle pyrotechnique extraordinaire, très vite elle ne laisse que la désolation d'une terre dévastée qui a dû être évacuée au plus vite. Deux ans plus tard, un des habitants qui a dû quitter cette zone désormais interdite décide d'y revenir, à la nuit tombée, et de retrouver ceux qui y sont restés. Avec une très grande sobriété, mais un peu sèche et désespérante, le récit montre les ravages et les stigmates sur les humains en déshérence et le deuil difficile de la vie et de la terre d'avant. |
Peter Handke - La femme gauchère
| | Une courte histoire volontairement morne et plate, qui a apparemment fait date, en banalisant la liberté d'une femme qui peut quitter son mari sans que l'on sache pourquoi et sans que sa vie en soit bouleversée. |
Elliot Perlman - La mémoire est une chienne indocile
| | À travers la vie et l'histoire d'une poignée d'individus dont certains ont traversé les tourments du 20ème siècle, la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis et l'extermination des juifs dans les camps de concentration nazis (au moment où les derniers survivants sont en train de mourir), ce roman choral interroge, à travers des mémoires individuelles, la mémoire collective. Dans sa vie familiale ou professionnelle, dans sa vie de tous les jours ou dans les situations les plus extrêmes, qu'est ce qui guide les comportements, les choix, les engagements et les préjugés des uns et des autres, quels souvenirs en conservent-ils, qu'arrivent-ils à transmettre et à qui ? Une société peut elle vivre sans connaître son passé ? |
Marie Ndiaye - Ladivine
| | Une famille tourmentée où trois générations de femmes accumulent et/ou reproduisent déni des origines, fuite ou volonté d'émancipation, inhibition et rédemption, mensonges et drames... Un roman trop construit où l'artifice dompte la magie. |
Daniela Krien - Un jour nous nous raconterons tout
| | Une vertigineuse histoire d'amour caché entre une jeune adolescente un peu paumée, qui vient de trouver refuge chez son copain, et le voisin de sa "nouvelle famille", un homme bourru, solitaire et beaucoup plus âgé qu'elle. Pourront-ils bénéficier du souffle de liberté qui soulève ce petit village perdu dans la campagne d'une Allemagne de l'Est du fait de la réunification avec l'Allemagne de l'Ouest ? Car à l'instar des Frères Karamazov, dont la lecture constitue un trait d'union entre les 2 amoureux, tout est souvent question d'une lutte entre le "bien" et le "mal". |
Horacio Castellanos Moya - La servante et le catcheur
| | Un très beau portrait d'une femme, la "servante" du titre, face à la violence qui l'entoure, et principalement celle des hommes. En 2 jours, c'est toute sa vie qui bascule. Ses employeurs ayant été enlevés, elle décide pour essayer de les retrouver de reprendre contact avec une de ses anciennes connaissances, un policier, et par ailleurs ancien catcheur, miné par la maladie. Mais dans cette dictature où sévit une guerre civile, enlèvements, viols, torture et meurtres peuvent être le fait des "subversifs" (le nom des insurgés) comme de la police, bras armée du pouvoir. Et entre les 2camps, la population apeurée, craintive, souvent espionnée, parfois manipulée, risque, à tout moment, de se trouver à l'endroit où il ne faut pas ou de faire de mauvais choix. Car l'appartenance ou le soutien à l'un des deux camps peut tout autant relever de convictions profondes et réfléchies que de circonstances beaucoup plus imprévisibles. |
Julian Barnes - Une femme, qui danse
| | Une construction originale en 2 parties où la fin de la première partie pourrait laisser croire que l'on se trouve dans un recueil de nouvelles. Mais les premières lignes de la deuxième partie lèvent les doutes : le récit se poursuit et permet au narrateur de confronter ses "anciens" souvenirs à ceux qui ressurgissent progressivement des méandres de sa mémoire ou des nouvelles informations délivrées par les autres protagonistes d'une histoire qu'il lui sera enfin possible de comprendre. |
Santiago Gamboa - Nécropolis 1209
| | Un roman polyphonique foisonnant et trash qui interroge sans en avoir l'air la place de la littérature. Il a pour toile de fond la réunion d'un congrès de biographes, dans une Jérusalem apocalyptique où pleuvent les bombes. Les congressistes et leurs histoires se jouent des continents (Les Etats-Unis, l'Amerique latine, l'Europe, le Proche Orient...) et racontent les peurs et les excès de notre société en pleine déréliction, de l'écrivain en mal d'inspiration, à l'ancien détenu sauvé de la prison, de la violence et de la drogue par un gourou se prenant pour le fils de Dieu, en passant par une jeune fille paumée qui trouve le salut en devenant une star du porno ou par un commerçant victime du chantage de narco-trafiquants et qui met au point une machiavélique vengeance. La mort de l'un des congressistes (meurtre ou suicide ?) ajoute encore au trouble d'une histoire aux multiples rebondissements. |
Wajdi Mouawad - Anima
| | On retrouve de nombreux thèmes de prédilection de Wajdi Mouawad : la violence des hommes, la duplicité de la police, la quête des origines et les secrets de famille. Une des originalités du roman tient à la place prépondérante accordée aux animaux. C'est notamment à travers leurs regards successifs que sont écrits les premiers chapitres du livre. Et même si ce n'est pas le cœur du sujet, les violences de l'histoire américaine ne sont pas occultées que ce soit la guerre de Sécession ou le triste sort des Indiens parqués dans des réserves. |
Mia Couto - L'accordeur de silences
| | Fuir le malheur et le passé de peur qu'ils ne vous sautent à la gorge. C'est ce que tente Silvestre lorsqu'il se réfugie avec ses 2 enfants dans un domaine abandonné et coupé du reste du pays, le Mozambique. Changeant d'identité et ne voulant pas que son plus jeune garçon apprenne à lire, le père ne trouve refuge que dans des silences de l'oubli. Mais, précaire, ce faux éden se trouve bouleversé par l'arrivée d'une femme. Avec elle, c'est le reste du monde et le passé qui refont surface. Un livre magnifique porté par une très belle langue. Merci à Peypeyou d'avoir conseillé cet auteur. |
Gonçalo M. Tavares - Un voyage en Inde
| | Ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette fable : elle renoue avec le style des poèmes homériques alors qu'elle traite du désenchantement et du désœuvrement de l'homme moderne. Dans sa longue errance à la recherche de la sagesse, le héros se confronte aux éléments naturels mais aussi et surtout à la violence et à la cupidité humaines : "En fait, Bloom le sait déjà depuis longtemps : nous sommes inséparables du pire. On peut faire illusion pendant des années, mais chacun reste inséparable de sa malfaisance. Elle existe chez la mariée rayonnante qui coupe le gâteau avec le poing et le couteau approprié, comme chez le marié qui reçoit les félicitations en ayant déjà les yeux sur les jambes de la meilleure amie de la mariée. La vie est déloyale pour les vivants car personne ne se connait complètement." |
Lianke Yan - Les quatre livres
| | Des fragments de 4 récits qui s'entremêlent et retracent l'insoutenable martyr d'intellectuels chinois emprisonnés dans un camps de travail (de "novéducation") pendant le "Grand bond en avant" (qui porte si mal son nom). Devant abandonner tout ce qui a fait leur humanité jusque là (leurs livres, leurs croyances et même toute relation amoureuse) leur vie se réduit à un dur labeur pour essayer de remplir des objectifs de rendements impossibles à atteindre. Leur étonnant chef de camp, un enfant, a non seulement mis en place un système abject de bons points pour les meilleurs éléments mais également pour tous ceux qui dénonceraient les manquements au règlement de leurs infortunés condisciples. Mais c'est avec la famine que la dégradation morale et physique atteint son point culminant. Certains se résoudront au pire. Presque miraculeusement, la délivrance arrive enfin pour quelques rares survivants. |
Jonathan Dee - La fabrique des illusions
| | Aux Etats-Unis à la fin du XXe siècle, les comportements déviants de 2 (anti-)héros contreviennent aux fondements de la société américaine : la réussite professionnelle, familiale et amoureuse. Autre perfide illusion, l'espoir de remplacer la publicité par l'art. Si ce livre recèle de bonnes idées et des passages réussis, dommage qu'il souffre d'un rythme inégal et qu'il ne tienne pas ses promesses jusqu'au bout. |
Karl Ove Knausgaard - La mort d'un père
| | La mort de son père est l'occasion pour l'écrivain norvégien Karl Ove Knausgaard de revenir de façon très personnelle sur sa propre histoire (ses souvenirs d'enfance, sa vie d'adulte) et comment elle a été marquée par son difficile rapport à son père. L'écriture excelle à retranscrire dans leurs moindres détails des scènes, un peu trop éparses, de cette vie passée. L'hypersensibilité de l'auteur est mise à rude épreuve dans cette terrible dernière partie où elle doit se confronter au corps mort du père et au chaos qu'il a laissé derrière lui. Dommage que certains personnages, comme la grand-mère, soient un peu laissés de côté. |
David Grossman - Une femme fuyant l'annonce
| | Peut-on vivre dans sa bulle afin de se préserver du malheur ? Cela semble impossible, en Israël plus qu'ailleurs où la guerre et la violence sont omniprésentes. Pourtant dans un magnifique prologue, 3 adolescents (Ora, Ilan et Avram) se rencontrent dans un hôpital presque abandonné du fait de la guerre toute proche. C'est le temps des premières amours et de tous les espoirs. Le livre commence vingt ans plus tard, où la bulle qu'Ora a essayé de se construire avec sa famille a éclaté avec le départ de son mari Ilan et de son fils aîné. Lorsque son fils cadet avec qui elle devait partir en randonnée préfère s'engager dans une mission militaire, elle décide de fuir son domicile car elle est persuadée que si elle reste chez elle, l'annonce tant redoutée (la mort de son fils) finira par se produire. Son périple commence par la découverte de la difficile situation des réfugiés palestiniens, obligés de se soigner dans des hôpitaux de fortune. Puis Ora réussit à convaincre Avram (qui vit terré depuis vingt ans suite aux tortures qu'il a subies pendant la guerre contre l'Egypte) de l'accompagner dans cette "randonnée-talisman". Au fur et à mesure de ses confidences sur sa vie et son amour immodéré pour ses enfants, Ora réussit à tirer Avram de sa torpeur. Mais cet état de grâce reste très fragile, comme en témoigne la beauté sauvage de la nature pourtant parsemée de tombes de jeunes morts au combat. |
Amin Maalouf - Les désorientés
| | Difficile pour Adam de ne pas être désorienté lorsqu'il revient au Liban qu'il a quitté depuis près de trente ans, fuyant la guerre, et où il n'était jamais retourné. Sa nostalgie de sa jeunesse, de ses espoirs et de ses solides amitiés se double de celle d'un pays désormais déterminé par la ségrégation religieuse. En revoyant certains de ses anciens amis restés sur place, Adam se décide pourtant à organiser un rassemblement de l'ensemble de ses anciens amis et donc à recontacter ceux qui comme lui ont quitté le pays. Mais les parcours et les situations des uns et des autres, qui se révèlent au fil des pages, étant très différents, un tel rassemblement est-il encore possible dans le Liban d'aujourd'hui ? Un sujet passionnant mais un récit assez étonnant avec l'alternance du journal intime d'Adam et d'une narration plus classique qui trouve sa justification par un final qui m'a laissé un goût d'inachevé. |
Jeffrey Eugenides - Le roman du mariage
| | Ce roman du mariage aurait pu tout aussi bien s'appeler le prisme de l'amour. Car sur ce campus américain où les étudiants rivalisent d'intelligence et se cherchent un avenir, c'est également le temps des sorties, des rencontres et des premières amours. Mais l'amour reste insaisissable : pour pouvoir s'épanouir il doit être partagé mais, loin de tout rationalisme, il peut également se porter sur quelqu'un qui ne vous aime pas et/ou qui vous fait souffrir. Éclairés à tour de rôle par chacun des 3 protagonistes, les sentiments et les faits (dont le fameux mariage) révèlent davantage de complexité. Pas étonnant pour un roman d'apprentissage qui emmène sur les traces de Jane Austen, Roland Barthes et Mère Teresa. |
Jeffrey Eugenides - Virgin Suicides
| | Dès la première phrase, le lecteur est pris au piège d'un récit où la fin tragique lui est dévoilée. À l'instar des narrateurs, des jeunes garçons qui ont été des témoins (et même des voyeurs) de cette terrible histoire et qui la racontent des années plus tard, le mystère et l'attirance pour ces 5 sœurs restent entier. Leur mal de vivre ce temps fragile et incertain de l'adolescence et leur déconnexion à une société elle même en perte de repères sont également signifiés par cette maison qui prend l'eau et se délabre inexorablement et par ces parents qui s'enferment dans leur incompréhension. |
Francis Scott Fitzgerald - Gatsby le magnifique
| | Pas étonnant qu'à sa sortie ce roman n'ait pas rencontré un grand succès tant il dresse un portrait au vitriol de la société de ses contemporains : une version sombre et féroce d'un rêve américain dévoyé et corrompu face à une bourgeoisie du début des années 20 qui conjugue hypocrisie et puritanisme. Seul le narrateur semble avoir conservé sa pondération et assiste impuissant au désastre annoncé. C'est lui qui raconte l'histoire de son voisin et futur ami Gatsby, une version moderne de Trimalcion du Satyricon organisant de somptueuses soirées où se presse une foule qui ne se prive pas, derrière son dos, de le jalouser et de dénigrer les origines douteuses de son immense fortune. Au fur et à mesure que le voile sur le mystère de ses origines et de sa fortune se lève et révèle de sublimes espoirs amoureux, la tension dramatique se renforce et connait son apogée lors d'une scène étouffante et mémorable dans une des suites d'un hôtel new-yorkais qui augure de la cruelle tragédie finale. |
Raymond Radiguet - Le Diable au corps
| | Un très court texte sobre et presque sec pour un livre qui fit scandale et que certains considèrent comme un chef d'œuvre. |
Joël Dicker - La vérité sur l'affaire Harry Quebert
| | Un savoureux mélange entre polar et parodie du milieu littéraire et de l'édition gangrenés par l'argent et de lâches compromissions. Car quand c'est un écrivain qui joue au détective pour tenter de disculper un autre écrivain et que chaque chapitre du livre commence par un conseil d'écriture pour écrire un "bon" livre (entendre ici un livre "à succès"), il ne faut pas s'étonner à ce que les multiples rebondissements servent avant tout à tenir le lecteur en haleine. |
Aurélien Bellanger - La théorie de l'information
| | La singulière et passionnante aventure d'un des rares pionniers français à s'être lancé à corps perdu (et souvent même plus) dans les bouleversements générés par les avancées et les innovations technologiques de l'informatique et des (télé)communications des trente dernières années. Des grandes heures du minitel (rose) aux combats pour la fourniture d'accès à internet, le parcours de ce self made man solitaire illustre en contrepoint l'échec du modèle technocratique français pour imposer et faire évoluer ses standards dans un système mondialisé en perpétuel mouvement. Qui aboutit ici, dans un final chimérique, à un étonnant web 3.0. |
Emmanuelle Pireyre - Féerie générale
| | Loufoques et fantasques, les saynètes de ce roman mélangent fiction et réel, les styles d'écritures et les contenus (textos, photos...). Derrière cette liberté formelle, se dissimule une critique des excès de notre société dans les domaines de la finance, de la religion, de l'informatique, de l'écologie... On est loin de la féerie. |
Alessandro Piperno - Inséparables
| | Très caricaturaux les 2 frères aux domaines d'excellence aussi contrastés et où la réussite de l'un s'accompagne inévitablement du déclin de l'autre. Pourquoi dans les romans, les familles doivent-elles aussi souvent solder de lourds comptes de leur passé ? |
Olivier Adam - Les lisières
| | Une dimension sociale intéressante : un écrivain de 40 ans qui a réussi sa vie professionnelle et familiale (jusqu'à sa récente séparation qu'il n'accepte pas) essaie de renouer le dialogue avec ses parents issus de la classe ouvrière et confrontés à la maladie, au vieillissement et qui vivent difficilement dans leur pavillon de banlieue entouré de grands ensembles HLM. Mais l'histoire peine à avancer et s'égare un peu avec un "lourd" secret de famille et les frasques sexuelles de l'écrivain. |
Félicité Herzog - Un héros
| | Difficile d'être l'enfant d'un héros. Surtout lorsque ce héros n'était apparemment pas à la hauteur de sa réputation, et encore moins dans la sphère privée. Mais le règlement de compte vise également l'illustre famille maternelle qui n'est pas épargnée. Est-ce suffisant pour expliquer l'aveuglement de tous face à la maladie du frère aîné ? |
Mathias Enard - Rue des voleurs
| | Un roman initiatique jalonné d'épreuves. Après une première partie prenante sur les difficultés d'un jeune qui se heurte à une société marocaine marquée par la pauvreté, les traditions et la montée de l'islamisme, l'histoire s'enlise un peu dans la partie espagnole avant une fin inattendue et redonnant un peu d'intérêt à l'ensemble. |
Cécile Guilbert - Réanimation
| | Confrontée au coma de son mari, l'écrivain Cécile Guilbert décide de traverser cette angoissante épreuve en faisant ce qu'elle sait faire : écrire. Elle oppose à la peur de la mort et à la froideur des appareillages de réanimation la beauté des mots. Et son attachements aux objets de l'être aimé témoigne de la profondeur de son amour. |
Patrick Deville - Peste & choléra
| | Un roman historique qui retrace la formidable aventure d'Alexandre Yersin, véritable touche à tout qui passera sa vie en recherches en tous ordres (il est le découvreur du bacille de la peste) en étant toujours à l'avant garde dans de nombreux domaines : scientifiques, technologiques, agronomiques. C'est lui qui développera en Asie où il s'est installé la culture de l'hévéa produisant le caoutchouc indispensable à l'automobile naissante, ou de l'arbre à quinquina produisant la quinine. D'une grande sobriété, l'écriture s'attache aux faits et se permet juste quelques heureuses comparaisons avec d'autres grands aventuriers et notamment Rimbaud. |
Bill Clegg - Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme
| | Le récit âpre et acéré d'une dépendance au crack, dévastatrice car irrésolue, où chaque étape n'est qu'une surenchère de la précédente dans cette irréversible descente aux enfers. Une description sans artifice (il s'agit d'une histoire vraie) de la perte de lucidité et de la paranoïa qui mène Bill à détruire sa vie de couple et sa vie professionnelle d'agent littéraire. Dans ce chaos surnage une écriture qui sait se faire belle même lorsqu'elle souligne une rupture : "Je me souviendrai de ses mains si belles qui m’ont relevé pour la dernière fois, de ma chute loin d’elles - enfin, il le fallait - et du seuil que j’ai franchi, seul." |
Louise Erdrich - Le jeu des ombres
| | La dissection d'une fin d'histoire d'amour d'un couple jusque là fusionnel avec une famille presque modèle. Avec la violence de l'un, la manipulation de l'autre, le désarroi et la souffrance de tous. Profondément émouvant. |
Agnès Desarthe - Dans la nuit brune
| | Un étonnant mélange entre réalisme et une touche de fantastique, entre une histoire qui se veut simple mais qui aurait des ramifications profondes. |
Péter Nádas - Histoires parallèles
| | Déroutant, dérangeant, parfois usant, mais captivant. Un maelström labyrinthique qui croise les personnages, les lieux et les époques. La prouesse est de faire émerger une vision collective en partant du caractère complexe, ambivalent, excessif, charnel, parfois cruel de la nature humaine d'une myriade d'individus dont certains capables d'entreprendre des recherches et de mettre en place l'eugénisme. |
Mo Yan - Le maître a de plus en plus d'humour
| | Un court roman qui condense sur un monde assez ironique la fin d'un monde et des illusions pour un ouvrier modèle qui est licencié juste avant sa retraite. Il va devoir faire preuve d'inventivité et de licence pour réussir à s'en sortir. |
Dave Eggers - Zeitoun
| | Le plus dérangeant est qu'il s'agit de faits réels. Tout commence pourtant comme une une belle histoire du rêve américain avec la réussite amoureuse, familiale et sociale de Zeitoun, un immigré syrien qui a posé ses bagages à La Nouvelle Orléans. Mais avec l'ouragan Katrina, Zeitoun fait un mauvais choix en décidant de rester sur place pour protéger sa maison et venir en aide aux victimes. Et surtout il n'aurait pas dû croiser le chemin des forces de police... Un excellent réquisitoire contre l'arbitraire des régimes d'exception (et ce même dans une démocratie) et des pouvoirs qui n'ont pas de comptes à rendre. |
Wang Anyi - Le chant des regrets éternels
| | En dépit d'une belle histoire (une femme qui choisit librement son destin dans une société très corsetée dans le Shanghai de la fin des années 40 aux années 80), je n'ai pas succombé aux charmes de la langue (qui a remporté de nombreux prix et un grand succès) de Wang Anyi. |
Zhang Yu - Ripoux à Zhengzhou
| | Un roman drôle et espiègle qui montre les dérives de la société chinoise victime de la corruption, du règne de l'argent et du népotisme des dirigeants. Et où les "héros malgré eux" sont 2 policiers qui sont bien décidés à rester intègres dans ce monde sans repère. J'ai bien aimé le style simple et les reprises amusantes d'éléments de légendes chinoises. |
Mathias Enard - Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
| | Un très beau titre pour narrer l'aventure de Michel Ange dans les rues de l'exotique mais possiblement dangereuse Constantinople. |
Mo Yan - Beaux seins, belles fesses
| | Une épopée extraordinaire et truculente qui retrace plus de cinquante ans d'une province chinoise marquée par l'occupation japonaise, les affrontements et retournements d'alliance entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires... Au cœur de toutes ces violences et contradictions, une famille pour le moins étonnante où la mère donne successivement naissance à huit filles avant d'accoucher enfin d'un héritier mâle tant attendu, mais aux cheveux blonds car fruit des amours défendus de sa mère avec un pasteur suédois. Alors que les filles s'enfuient les unes après les autres en épousant des maris et/ou des causes perdu(e)s, le fils s'accroche au sein maternel qu'il ne veut plus quitter et qu'il n'accepte de partager que temporairement avec ses nièces et neveux qui rejoignent le foyer familial au fur et à mesure des déconvenues de leurs propres parents. Épique. |
Claude Simon - La route des Flandres
| | Des hommes confrontés à la guerre et à ses horreurs : la mort, la déportation, des territoires dévastés. Comment survivre à cette terrible épreuve ? Avec une écriture très particulière où les phrases se mélangent sans ponctuations, plus proches de la pensée qui passerait d'un sentiment à un autre, d'une idée à une autre..., Claude Simon montre les forces et les faiblesses de la nature et de l'âme humaines. |
Nathalie Sarraute - Les fruits d'or
| | Dans ce roman, ce ne sont pas les faits qui comptent (en l'espèce la sortie d'un livre) mais la manière dont ils sont perçus (ce qu'on en pense et ce qu'on ose en dire) et comment cette perception évolue. |
Marguerite Duras - Moderato cantabile
| | Dans un monde qui semble immuable et figé, un drame provoque une rencontre improbable entre un homme et une femme que tout oppose. Avec une grande économie de moyens (un texte très court, des scènes répétitives, peu de précisions sur le vécu et les sentiments des personnages), ce livre se révèle poignant et mystérieux. |
Pascal Quignard - Les ombres errantes
| | Même si j'ai apprécié la beauté des phrases et l'érudition de l'auteur, je suis resté extérieur au récit. |
Toni Morrison - Home
| | Le titre est à lui seul une gageure : il en faut du courage à ces deux enfants noirs presque orphelins pour survivre dans cette Amérique ségrégationniste et raciste des années 50 où ils ne sont bons qu'à être des moins que rien : domestique, militaire pour aller se faire tuer dans des guerres lointaines, "sous humains" devant se plier aux pires abjections des blancs. Une route bien escarpée pour recouvrer la dignité et pouvoir enfin se sentir chez soi. |
Philippe Djian - "Oh..."
| | Une histoire invraisemblable mais palpitante autour de ce personnage hors norme de Michèle, femme forte dans un environnement qui ne l'épargne pas et vit plus ou moins à ces crochets : son père en prison, sa mère qui refuse de vieillir et mène une vie sexuelle débridée, son ex-mari jaloux de sa réussite, son fils faible et matérialiste... et son violeur qui la mène dans une histoire d'amour ébouriffante. |
Makenzy Orcel - Les Immortelles
| | Pour que des prostituées disparues dans le tremblement de terre de Port-au-Prince deviennent immortelles, l'une des leurs, survivante de la tragédie, demande à un de ses clients, écrivain, de raconter leurs histoires. Particulièrement court, ce livre s'oublie très vite. |
Mia Couto - Le dernier vol du flamant
| | Dans le Mozambique d'après guerre, les soldats de l'ONU sont victimes de mystérieuse explosions. Un choc de culture entre les locaux, victimes de dirigeants corrompus, et des étrangers venant maintenir la paix dans un pays qu'ils ne connaissent pas et qu'ils ont du mal à comprendre du fait de ses croyances et de ses sortilèges. |
J.m.g. Le Clézio - Le procès-verbal
| | Le récit, à l'image de son personnage, brouille savamment les frontières entre réalité et imaginaire. De la difficulté d'être, ou de vouloir vivre, en marge de la société. Tendu et solaire. |
Akira Yoshimura - L’arc-en-ciel blanc
| | La mort rode dans ces 4 nouvelles se passant dans le Japon pauvre de l'après guerre. Entre non-dits et cellules familiales disloquées, pas facile pour les enfants de trouver leur place. |
Yiyun Li - Un beau jour de printemps
| | En ce "beau" jour de printemps de la fin des années 70, l'exécution publique d'une jeune femme qui doit servir d'exemple de la lutte contre les ennemis du peuple va paradoxalement ébranler la vie d'un village chinois. Sur le fond, j'ai été très touché par la misère humaine et sociale dépeinte, le courage de ceux qui ne veulent plus accepter la violence et l'absurdité d'un système totalitaire et corrompu. Dommage que l'histoire soit desservie par quelques personnages un peu trop caricaturaux et des péripéties qui frisent le sensationnalisme. |
Péter Nádas - Le livre des mémoires
| | Une grande fresque ayant pour toile de fond la confusion des sentiments, des impressions, des intentions et des souvenirs. Un récit ample et complexe qui mélange 2 histoires : celle d'un écrivain qui rédige ses mémoires et celle du personnage de l'un de ses romans. Bien que se déroulant à 2 périodes très différentes (la fin du XIXe siècle pour l'une et le milieu du XXe pour l'autre), elles se rejoignent sur la difficulté pour chacun de trouver sa voie et sur le caractère factice, illusoire mais contraignant des apparences. Surtout dans des sociétés corsetées : la bourgeoisie du XIXe ou le totalitarisme communiste du XX. |
Jorge Luis Borges - Le livre de sable
| | Première incursion dans l'univers fantastique de Borges. 13 nouvelles inégales, un peu datées pour certaines, mais de bons effets de surprise, une liberté de ton et d'interprétation surlignée par une postface explicative. |
Uwe Tellkamp - La tour
| | Une éblouissante dénonciation du système totalitaire et répressif de l'ancienne Allemagne de l'Est. Car sous une surface propre et lisse se cachent les turpitudes d'un régime à bout de souffle (le roman se passe au début des années 80) et de ses habitants qui ont également beaucoup à cacher pour éviter des ennuis. Et malheur à celui qui n'arrive pas à rentrer dans le moule. Près de mille pages exigeantes mais passionnantes. |
Haruki Murakami - 1Q84
| | Une immense déception : un rythme lent, des personnages convenus et caricaturaux. Ma lecture va donc s'arrêter au livre 1 (sur 3). |
Gary Shteyngart - Super triste histoire d'amour
| | Un livre plutôt drôle sur une super triste histoire d'amour racontée alternativement par ses 2 protagonistes : le premier se livrant à son journal intime et la seconde se confiant par mail à sa meilleure copine, à sa soeur ou à sa mère. Le tout se déroulant dans un avenir que l'on espère non prémonitoire : téléphones portables transformés en outils d'identification et de diffusion de données personnelles, disparition des livres et de la lecture... |
Daniel Pennac - Journal d'un corps
| | Une belle idée : s'intéresser au corps, trop souvent ignoré en littérature au détriment des "seuls" sentiments. Mais j'ai trouvé ce journal intime corporel timoré (les anecdotes les plus "savoureuses" sont toujours celles de l'ami Tijo et pas du narrateur) et la volonté d'évacuer systématiquement ce qui a trait au sentiment le rend trop singulier et par moment inexplicable : pourquoi cet évitement du fils et à contrario cet amour du petit-fils ? |
Don Carpenter - Sale temps pour les braves
| | Etats-Unis, de la fin des années 40 au début des années 60, le côté sombre de l'american way of life où une jeunesse violente et désoeuvrée se confronte à une société ségrégationniste et inégalitaire, à une justice corruptible et à un système pénitencier dangereux. Pourtant dans cet environnement sombre, l'être humain peut révéler d'insoupçonnables et inespérées aptitudes au bonheur. Un roman au plus près de l’amour-propre et des faiblesses humaines de chacun. |
Don Delillo - L'Homme qui tombe
| | Comment vivre après avoir vécu un drame (et en l'espèce les attentats du 11 septembre 2011), que connaît-on de ses proches (femme/mari, mère/fille...), pourquoi fait-on certaines choses (préparer un attentat, se jeter dans le vide avec un élastique...) ? Comme à son habitude, Delillo se garde bien d'apporter des réponses toutes faites. |
Akira Yoshimura - La guerre des jours lointains
| | Une dénonciation admirable et d'une grande sobriété des ravages de la seconde guerre mondiale : révolté par les bombardements américains (et notamment les 2 bombes nucléaires) sur des civils de son pays, un soldat japonais prend part à l'assassinat de prisonniers américains. Avec la victoire et l'occupation américaines, il devient un criminel de guerre et doit fuir et vivre sous une fausse identité dans son propre pays. A la situation difficile de tous les Japonais qui doivent réapprendre à vivre dans un pays en ruine et occupé, se double pour lui la crainte permanente d'être démasqué, arrêté et condamné à la peine de mort. |
Akira Yoshimura - Naufrages
| | L'antithèse du roman initiatique : lorsqu'il devient chef de famille à 9 ans, Isaku doit nourrir sa famille dans un village particulièrement pauvre. Ce qui l'amène à apprendre les différents types de pêches pour attraper des poissons au rythme des saisons : encornets, maquereaux, poulpes... Mais ce qui le conduit en hiver à participer à l'entretien du feu dans l'espoir qu'un bateau en détresse vienne s'échouer sur les rochers pour que les habitants du village puissent récupérer les cargaisons de vivres. Mais derrière le naufrage espéré d'un bateau peut se cacher un drame beaucoup plus grand. Un roman particulièrement sombre. |
Albert Camus - La peste
| | Comment faire face à un mal qui se propage progressivement, sournoisement mais de manière apparemment inexorable ? D'abord déniée par une partie de la population, c'est la lucidité de quelques uns qui permet de prendre conscience de l'arrivée de la peste puis de l'ampleur et de l'extrême gravité de l'épidémie. Très vite la décision est prise de fermer les portes de la ville pour éviter la propagation du mal. Dans cette ville assiégée où commence une lutte sans merci contre la mort, les comportements humains se révèlent discordants (de celui qui mène la lutte sans se poser de questions à celui qui profite du chaos) même si certains évoluent au fur et à mesure de l'aggravation de la situation (de l'égoïste qui finit par passer à l'action au religieux qui perd sa foi). Ce qui peut expliquer l'allégorie du nazisme dans ce combat contre la mort. |
Valentine Goby - Banquises
| | Dans ce roman âpre et tendu, une disparition peut en cacher une autre. La première, Sarah est partie au Groenland et n'en est jamais revenue au plus grand traumatisme de toute sa famille qui ne peut/veut faire son deuil en l'absence de certitude. Mais les années passant, chacun vit avec sa douleur, entretient l'espoir comme il peut. Vingt-sept ans après le départ sans retour de Sarah, sa sœur Lisa décide de partir à son tour au Groenland. Elle se retrouve alors confrontée à une seconde disparition, celle de la banquise victime du réchauffement climatique qui menace à court terme le mode de vie de ses habitants et sans doute beaucoup plus... |
Téa Obreht - La femme du tigre
| | Un roman déconcertant mais prenant qui mélange les époques et croise les récits pour raconter les ravages de la guerre, de la violence et des haines. La quête de Natalia sur le passé de son grand père la mènera sur les traces du tigre et de sa femme, de l'homme qui ne mourra pas, de Darisa l'Ours... Un monde peuplé de croyances et de légendes. |
Jonathan Franzen - Freedom
| | Dans cette nouvelle fresque familiale désabusée et presque pessimiste, Jonathan Franzen montre à quel point chacun est marqué/déterminé par sa famille, son environnement, son époque et ses propres indécisions. Patty Berglund subit les événements plus qu'elle ne les choisit et sa liberté se résume presque au doute et à ne pas savoir choisir. Et d'une génération à une autre, les mêmes errements semblent se reproduire dans une société américaine qui n'est pas épargnée sur ses croyances, ses combats et ses dérives. |
Lydie Salvayre - Hymne
| | Hymne, c'est bien sûr en écho à l'interprétation apparemment géniale de l'hymne américain par Jimi Hendrix au festival de Woodstock. Mais c'est davantage pour Lydie Salvayre une ode à cet artiste qu'elle vénère et qui la fascine. Un bel hommage à un artiste transgressif. |
Véronique Ovaldé - Ce que je sais de Vera Candida
| | Difficile de ne pas se laisser emporter par la prose "sud américaine" de ce conte/récit aux personnages chamarrés hantés par le poids du passé et de leurs origines. Foisonnant et profond. |
Jean Rolin - Le ravissement de Britney Spears
| | Un livre sur la vacuité : des paparazzis, du showbizz, de Los Angeles et de ce pauvre agent français qui se lasse lui même très vite de l'enquête qu'il doit mener. Et c'est là la grosse limite de ce livre qui tourne lui aussi à vide même s'il est assez bien écrit et parfois drôle. |
Eric Reinhardt - Le système Victoria
| | Jusqu'à sa rencontre avec la mystérieuse Victoria, David s'était résigné à subir plutôt qu'à vivre sa vie. De son mariage avec Sylvie, à son rêve envolé d'être architecte et son abrutissement au travail, même ses infidélités, toujours sans lendemain, semblaient une souffrance. Au moment où il aborde Victoria (le début du livre) on sent que sa vie bascule et on apprend très vite que Victoria y laissera la sienne. Entretemps, David aura le temps d'entrevoir un autre monde jusque-là inaccessible, de désirer y puiser une force insoupçonnée et d'avoir le courage de croire que cela peut être sa vie, son autre vie, sa vraie vie. Mais alors qu'il est déjà difficile de savoir ce que l'on veut soit-même et ce que l'on voudrait être, comment faire confiance et savoir ce que veut l'autre et ce qu'il attend ? Le drame de l'amour et de l'altérité dans un monde où l'aisance et la réussite professionnelles ajoutent une complexité supplémentaire. Une des bonnes surprises de cette rentrée. |
Julien Blanc Gras - Touriste
| | Ne pas se fier à son titre : ce touriste ne ressemble en rien aux "Bronzés" ou autres amateurs de clubs vacances. Il en est même son antithèse : un voyageur au long cours et professionnel qui ne vit que pour approfondir sa connaissance de la planète et de ses habitants. C'est drôle, parfois dur mais toujours juste. A mettre dans son sac avant son prochain départ... |
Atiq Rahimi - Maudit soit Dostoïevski
| | Dans un Afghanistan livré au chaos suite au retrait des troupes soviétiques, l’errance d’un homme hanté par le crime qu’il vient de commettre et par l’influence des écrits de Dostoïevski dans lesquels le crime appelle le châtiment. Mais dans un pays marqué par la guerre et la violence, savoir lire russe, croire en la justice peuvent être beaucoup plus dangereux qu’être un assassin. Dans ce roman sombre mais poétique qui mêle contes, légendes, rêves et réalité, une des plus belles touches de couleur est celle d’une femme en tchadari bleu ciel. |
Marie Darrieussecq - Clèves
| | La princesse de Clèves, façon Darrieussecq : ça donne une adolescente livrée à elle-même et obnubilée par le sexe. Quelques passages intéressants mais un contexte familial, social et une volonté de transgression un peu trop appuyés. |
Eric Puchner - Famille modèle
| | Un titre très humoristique pour une famille qui vit une descente aux enfers pour s'être rêvée "modèle". Des personnages un peu caricaturaux mais émouvants et se révélant finalement beaucoup plus complexes qu'ils ne le sont ou voudraient être : le père en parangon du rêve américain, la mère en humaniste bien pensante, le fils aîné en garçon modèle, la fille en intellectuelle un peu rebelle, le petit dernier en asocial, sans oublier le chien en vestige déclinant de la famille modèle. En quelques mois, leur vie va être bouleversée et traversée de tourments, d'émois et de drames. Une belle découverte. |
Morgan Sportès - Tout, tout de suite
| | Un récit insoutenable d'un fait divers réel et horrible : l'enlèvement, la séquestration et la mort d'Ilan Halimi, un jeune homme juif. Un roman à charge qui m'a dérangé dans sa volonté de sensationnalisme et que j'ai trouvé très partisan et partial. |
Emmanuel Carrere - Limonov
| | Un personnage hors du commun et pourtant bien réel et insaisissable, tel est Limonov. Après une adolescence violente et rebelle dans l'URSS profonde des années 50, Limonov trouve son salut dans la poésie et les milieux underground. Sa soif de succès le conduit à un premier exil à Moscou avant un second à New York où il finira clochard tout en continuant à écrire. Un éditeur français le publiant enfin, il s'installe à Paris pour une vie enfin facile et branchée. Mais les soubresauts de l'histoire (fin et éclatement de l'URSS, guerre des Balkans...) le rattrapent et le transforment en guerrier puis en chef d'un parti politique extrémiste russe. Avec son talent particulier, Emmanuel Carrère retrace cette saga en mêlant l'intime d'un personnage traversé par l'histoire (j'avais oublié à quel point la fin de l'URSS était finalement aussi récente et chaotique). |
Nicole Krauss - La grande maison
| | Une déception : une "grande maison" étrangement vide et sans âme et différents récits et personnages tristes et mornes. |
Abdourahman A. Waberi - Passage des larmes
| | Un roman d'une beauté complexe, à la fois polar, récit initiatique, onirique et nostalgique, qui traite de manière sensible de l'exil, du fondamentalisme religieux, de la guerre du renseignement. Et fait découvrir Djibouti et Walter Benjamin... |
Jorge Semprun - L'écriture ou la vie
| | A sa sortie du camp de concentration de Buchenwald, Jorge Semprun imaginait que seule l'écriture sur cette expérience invivable et proche de la mort lui permettrait de reprendre sa place dans le monde des vivants. Or il lui faudra près de cinquante ans pour écrire L'écriture ou la vie. Le temps pour arriver à mettre en mots cette expérience du mal avec un style très personnel mêlant à ce récit très intime une érudition remarquable et une lueur d'espoir. |
Emmanuel Carrere - Un roman russe
| | L'écriture comme exorcisme. D'un pesant secret de famille, d'une douloureuse histoire d'amour, d'une errance artistique, du rapport à la langue maternelle et à la Russie... Même si ce récit autobiographique est très nombriliste, j'ai été touché par la souffrance, presque palpable, de l'auteur. |
Laurent Mauvignier - Ce que j'appelle oubli
| | En moins de 60 pages et au fil d'une seule phrase qui ne finit pas, Laurent Mauvignier raconte l'inracontable : un homme passé à tabac - jusqu'à la mort - par 4 vigiles de supermarché qui l'avaient surpris dans la magasin en train de boire un canette de bière qu'il n'avait pas payé. Il la paiera de sa vie. Chronique salutaire - inspirée d'une histoire vraie - d'une violence ordinaire, gratuite et qui finit par passer inaperçue. |
Hwang Sok-yong - Le vieux jardin
| | Avec sobriété et retenue, Hwang Sok-yong raconte les affres et les tourments de O Hyônu, un communiste sud coréen - emprisonné pendant 18 ans dans des conditions particulièrement dures et totalement coupé du monde extérieur - et de Han Yunhi, une artiste peintre qui a été son amour de jeunesse. C'est en lisant les écrits qu'elle lui a laissés et qu'il découvrira à sa sortie de prison que O Hyônu prendra progressivement connaissance des combats qu'elle a poursuivi à sa façon et qui font échos aux souffrances qu'il a lui-même subi pendant sa détention. Un livre judicieusement ancré dans la réalité et très loin des récits héroïques. |
Akira Yoshimura - Le grand tremblement de terre du Kantô
| | Avec une écriture sèche, presque clinique, Akira Yoshimura fait revivre une des pires catastrophes naturelles de l'histoire du Japon : le tremblement de terre du Kantô en 1923. Emaillant son récit de témoignages de survivants, il raconte un drame affreux où la plupart des 200 000 victimes sont mortes non pas au cours du tremblement de terre mais sous les flammes des immenses incendies qui l'ont suivi. Il dénonce également la méchanceté humaine :
- les quelques pillards ;
- les massacres de très nombreux immigrés coréens (l'ennemi héréditaire du Japonais) injustement accusés par la rumeur comme étant les auteurs des incendies ;
- l'action d'un policier profitant du désordre ambiant pour liquider un opposant politique et sa famille ;
- l'opposition entre 2 sismologues préférant affronter leurs thèses plutôt que de chercher à collaborer.
A faire désespérer de la nature humaine... |
Silvia Avallone - D'acier
| | Avoir 13 ou 14 ans et survivre à Piombino, petite ville italienne défigurée par le déclin industriel. Même s'il y a la mer aux pieds des barres d'immeubles, les plages ne sont pas aussi belles que celles de l'île d'Elbe située juste en face et pourtant un tout autre monde, inatteignable, presque un mirage. A Piombino les touristes ne viennent pas : il ne reste que des pauvres et les jeunes sont sans avenir. Parent ou enfant, chacun traîne sa misère et essaie de trouver une échappatoire qui dans la drague, qui dans les études, qui dans la boisson, qui dans la violence, qui dans le sexe, qui dans la politique, qui dans l'abrutissement d'un travail menacé... Mais ce que montre surtout Silvia Avallone, c'est que chacun se replie sur soi : la famille, les voisins ne jouent plus aucun rôle face à des individus laissés à eux mêmes et sans repère dans une société qui les a oubliés et abandonnés. Une version moderne des misérables peut être un peu trop sombre. |
Ohran Pamuk - Le musée de l'innocence
| | Un amour fou, passionnel, plus fort que la raison et qui vire à l'obsession. Dès qu'il croise la belle mais pauvre Füsun, le riche Kemal voit sa vie bouleversée alors qu'il est en pleine préparation de ses fiançailles avec la parfaite Sibel. Car dans l'Istanbul des années 70 (même pour une bourgeoisie qui se veut éclairée), cet amour entre deux personnes de milieux différents est impossible et ne peut être que clandestin. Lorsque Füsun met un terme à leur relation clandestine, elle prive ainsi Kemal de sa liberté. Après le choc de la rupture, il n'aura de cesse d'essayer de la retrouver puis de la reconquérir. Même si c'est au détriment de son ancienne vie : Sibel, sa famille, ses amis, son travail... Et il devra aussi lutter contre le temps car lorsque il retrouve Füsun, celle-ci est mariée et veut devenir comédienne. Persuadé que Füsun finira par lui revenir, Kemal se montre alors d'une infinie patience. Pour meubler sa solitude, il se met à chaparder de très nombreux fétiches de sa bien aimée (mégots de cigarette, bibelots...), prémices des collections du musée de l'innocence. Un très beau livre sur le trouble et la force des sentiments. |
Lao She - Le pousse-pousse
| | Avec sa force physique pour seul viatique, le jeune et pauvre Siang-tse s'est fixé comme objectif de réussite la possession de son propre pousse-pousse. Il est prêt à sacrifier tous les plaisirs de la vie pour y arriver. Mais dans le Pékin des années 1920 marqué par le guerre et des inégalités sociales très importantes, la volonté n'est pas une condition suffisante de succès. Surtout lorsque le sort et son propre entêtement semblent s’acharner contre lui. Malgré de brefs moments de bonheur, la vie de Siang-tse ne sera qu'une longue espérance toujours déçue. |
Akira Yoshimura - Le convoi de l'eau
| | Dans un village presque oublié de tous, au fond d'une vallée à l'écart du monde, des habitants vivent en harmonie avec la nature et leurs traditions. Leur tranquillité séculaire est tout à coup menacée par l'arrivée d'une équipe de chantier qui vient s'installer juste en face de leur village dans le but de construire un barrage qui l'engloutira une fois qu'il sera achevé. Stoïques, les villageois subissent les désagréments du chantier et de la promiscuité avec ces hommes trop différents. Le dialogue ne s'avère pas possible entre ces 2 communautés qui se font face mais ne se comprennent pas. Seul un des ouvriers du chantier, qui est pourtant celui a fait preuve de peu de mansuétude jusque là dans sa vie, développe une empathie discrète mais profonde pour ces villageois. Mais que peut-il face à l'avancée du chantier ? Un livre magnifique. |
Daniel Alarcón - Lost City Radio
| | Un pays sud américain dévasté par dix ans de guerre civile : de la capitale - dominée par la police politique, les arrestations, les attentats et la censure - aux lointains villages perdus dans la jungle qui ne sont pas épargnés par les affrontements entre les 2 camps. Sur une des rares radios autorisées, Norma, une journaliste dont le mari a également disparu, anime une émission "Lost City Radio" qui donne la parole aux gens qui tentent retrouver leur proche. N'ayant elle même jamais perdu espoir, Norma va découvrir avec surprise sur la liste de disparus d'un village de la jungle le nom de son mari. Elle va devoir essayer de comprendre la signification de cela. Un beau roman sur l'amour et le courage en temps de guerre. L'écriture, qui rend compte de l'histoire de chacun par légères touches et en croisant les périodes, ajoute de la profondeur et de la nuance au récit. |
Sofi Oksanen - Purge
| | Une terrible fresque familiale qui montre les traumatismes et les déchirements causés par les occupations allemandes (1941-44) et soviétiques (1940-41 puis 1944-91) de l'Estonie : disparitions, tortures, viols, déportations... La peur et la violence sont omniprésentes. Cruelle ironie de l'histoire : les bourreaux d'une période deviennent les victimes de la suivante. Et derrière des engagements politiques, des déclarations d'amour ou des actes d'une grande cruauté peuvent se cacher des motifs peu avouables de sombres histoires de jalousie. Si ce livre ne manque pas de rythme, j'ai trouvé certains traits un peu trop appuyés. |
J.m.g. Le Clézio - La Fièvre
| | Première rencontre avec JMG. Cet ouvrage « choisi » par hasard (en fait on me l’a prêté) a été écrit en 1965, ce qui en fait son second livre, période du « nouveau roman ». Il s’agit d’un recueil de nouvelles. Je les ai trouvées plutôt disparates et inégales. La douleur/souffrance/folie (physique, psychologique, géologique…) constitue une trame revendiquée. Mais pour moi, l’écriture formaliste et ses ruptures narratives la tiennent trop à distance. |
Daniel Picouly - L'enfant léopard
| | Sur un fond historique (les dernières heures de la reine Marie-Antoinette avant sa montée vers l'échafaud), une course poursuite s'engage dans un Harlem parisien à la recherche d'un mystérieux enfant léopard (fruit d'une liaison entre une blanche et un noir) qui pourrait même être le fils de la reine... Et si le cours de l'histoire en était changé ? Dommage que cette histoire extravagante ne soit pas portée par un récit plus picaresque. |
Mario Vargas Llosa - Tours et détours de la vilaine fille
| | Un amour absolu, qui ne s'émousse pas et qui est pourtant non partagé. La vilaine fille a beau changer de personnalité comme de chemise, mentir, jouer des tours et des détours à Ricardo, il ne peut s'empêcher de l'aimer et de l'attendre encore et toujours.
Toujours en mouvement, toujours insaisissable, elle se joue des continents (du Pérou à Cuba, en passant par Paris, Londres, Tokyo ou Madrid), des engagements, des hommes et des conventions sociales. Toujours insatisfaite, elle n'aspire qu'à de nouvelles aventures, de nouvelles folies. Mais elle en revient à Ricardo entre ses expériences de plus en plus extrêmes. Car il en reste éperdument amoureux malgré le temps et les affronts. Qui en sortira vainqueur du bon garçon ou de la vilaine fille ? |
Kathryn Stockett - La couleur des sentiments
| | Une belle surprise. Dans une petite ville du Mississippi (Etat du sud des Etats-Unis) au début des années 60, les jeunes filles blanches de bonne famille ne doivent aspirer qu'à trouver un bon mari et la ségrégation est totale entre les blancs et les noirs puisqu'ils ne partagent pas les mêmes quartiers, boutiques, restaurants... jusqu'aux toilettes dans les maisons blanches où travaillent les nourrices et les bonnes noires. Pourtant, dans ce cadre contraint (qui commence doucement à évoluer car on entend en écho parler des actions d'un certain Martin Luther King), une de ces jeunes filles de bonne famille décide d'enfreindre une première règle en cherchant à travailler plutôt qu'à se marier avant d'en enfreindre une seconde en s'interrogeant sur le regard que les bonnes noires peuvent porter sur les blancs. Ce qui va l'entraîner ainsi que les bonnes qui vont accepter (clandestinement) de lui parler beaucoup plus loin que ce qu'elles imaginaient. Un livre au ton juste qui montre que l'on peut à son niveau s'insurger contre des systèmes iniques et mener des combats, même modestes et discrets, qui font avancer les choses. |
Ramon Sender - L'Empire d'un homme
| | Dans la campagne espagnole du début du XXe siècle, des chasseurs partis à la recherche d’un « monstre sauvage » vivant dans la montagne voisine reviennent en fait avec un des membres de leur village disparu depuis 15 ans. Ce retour bouleverse la vie et l’équilibre du village puisqu’à l’époque, tout le monde avait été persuadé qu’il avait été assassiné. 2 personnes avaient même été condamnées pour son meurtre et emprisonnées de nombreuses années. Bien que tiré d’une histoire vraie (et dramatique), le récit est nimbé de naturalisme et de poésie et sa charge contre la violence et l’injustice de la garde à vue, du procès et de l’emprisonnement de 2 innocents n’en est que plus forte. Cet ouvrage de 1939 fait l’objet d’une réédition agrémentée de très beaux dessins d’Anne Careil. |
Maurice Druon - Le roi de fer
| | Un excellent souvenir de lectures adolescentes. J'avais adoré et dévoré tous les volumes des Rois maudits, cette incroyable saga historique à la Cour de France, royaume des intrigues, des complots, des passions et des trahisons. |
Fabio Geda - Dans la mer il y a des crocodiles
| | Une terrible histoire vraie : la longue errance d'un enfant d'une dizaine d'années que sa mère a abandonné au Pakistan pour le sauver d'une mort presque certaine dans son pays en guerre, l'Afghanistan. Commence alors pour ce jeune enfant une vie précaire et dangereuse de travailleur clandestin. Arrêté plusieurs fois, frôlant la mort, il fait preuve d'un extraordinaire courage et d'une incroyable maturité dans sa quête d'une terre hospitalière. Après de longs mois en Iran puis en Turquie, une première traversée mouvementée le mène en Grèce avant une seconde vers l'Italie où il décide de s'installer. La grande force du récit est sa sobriété : il s'attache aux faits sans emphase. L'écrivain s'efface ainsi pour devenir le porte parole du jeune réfugié. Et une parole faite d'espoir et de volonté. |
Helon Habila - En attendant un ange
| | Un roman dramatique qui se déroule dans un cadre terrible et vrai : la dictature au Nigéria à la fin des années 90. Helon Habila évoque avec une très grande sobriété et une grande force l'injustice et la folie de cette dictature militaire. Les différents récits ont pour point commun, le jeune Lomba qui avait su trouver la force en prison de résister en écrivant des poèmes d'amour. |
Siri Hustvedt - Tout ce que j'aimais
| | Lu ce livre après la critique élogieuse de tchiort. L'écriture est effectivement alerte et traite d'éléments intéressants : le rapport à l'amitié, à l'amour, aux relations parents/enfants, à l'art, au temps qui passe, au mensonge et à la mort. J'ai toutefois été gêné par l'approche psychologisante, théorique et esthétique de l'ensemble. |
Maylis De Kerangal - Naissance d'un pont
| | Une histoire qui aurait pu être passionnante :
- un chantier improbable et sensément spectaculaire d'un pont décidé par un potentat local pour relier les 2 rives d'un fleuve qui sépare sa ville (archétype de la mégalopole à la croissance incontrôlée) d'une forêt (ode à la nature et aux aborigènes préservés) ;
- un chantier où se croisent, s'affrontent et parfois se rencontrent des personnes venant de tous horizons et aux qualifications et motivations variées.
Or je ne suis pas arrivé à rentrer dans ce roman finalement assez froid et sans chair. |
Dany Laferrière - Tout bouge autour de moi
| | Avec Tout bouge autour de moi, l'écrivain Dany Laferrière trouve des mots justes, forts et simples pour raconter comment il a vécu le tremblement de terre qui a touché Haïti en janvier 2010. Dans ce récit qui se déroule comme un journal intime, il dévoile le traumatisme et les ravages subis mais conserve une foi inébranlable en l'avenir de son île et de ses habitants. |
Don Delillo - Outremonde
| | Mêlant l'histoire à la fiction, des personnages principaux et d'autres qui font juste une "apparition", cet impressionnant roman déroule quarante ans des Etats-Unis (des années 50 aux années 90) en montrant les failles, la violence et les exclus d'un pays. Dans un récit foisonnant et à la trame narrative saccadée (où il ne faut pas avoir peur de se perdre), l'écriture arrive à donner de l'épaisseur aux choses et aux gens. On est loin de la simplicité et des stéréotypes (les bons/les méchants, les pauvres/les riches, les ratés/les brillants...) et beaucoup plus près de la réalité et de la complexité des situations et des comportements et de leur variation dans le temps. |
Katharina Hagena - Le goût des pépins de pomme
| | Un roman étonnant, à la fois léger, bucolique et profond, sur une famille allemande avec ses joies et ses peines, ses drames, ses secrets, ses amours, ses jalousies... Où comment la mort de la grand mère, ayant elle-même perdu la mémoire depuis de nombreuses années, va bouleverser l'existence de sa petite fille qui, en héritant de la vieille demeure familiale, se retrouve confrontée à son propre passé, ses souvenirs et ceux de sa famille dont certains la relient à la terrible histoire de son pays. Entre mémoire et oubli, certains souvenirs ne peuvent pas s'effacer. |
Jonathan Franzen - Les corrections
| | La famille comme pièce de théâtre improvisée et pourtant attendue où chacun a un rôle à jouer, doit composer et trouver sa place en étant fidèle à soi-même, doit donner le change pour sauver les apparences, essayer de ne pas décevoir ceux que l'on aime. Dans ce roman choral réjouissant où chaque partie dévoile une tranche de vie de l'un des personnages, chacun conserve une grande part d'ambivalence, des vérités que l'on dit à certains, d'autres que l'on se cache à soi même... La vie et la famille comme un grand Maelström. |
Eric Faye - Nagasaki
| | La vie lisse de Shimura-san va être irrémédiablement bouleversée par une découverte étonnante : de la nourriture disparaît mystérieusement de sa cuisine. Si l'enquête arrive à résoudre cette première énigme, il faut arriver au bout de ce court récit à deux voix pour découvrir réellement la clé du mystère. |
Jonathan Tropper - Le livre de Joe
| | Voulant régler ses comptes avec son adolescence ratée dans une petite ville américaine, royaume du conservatisme, du machisme et du mensonge, Joe décide d'écrire un livre au vitriol sur ce qu'il a vécu. La publication de ce livre lui vaut une reconnaissance littéraire et une vie confortable mais ennuyeuse à New York. La mort de son père l'oblige à retourner dans cette ville où il a grandi et où il n'a pas remis les pieds depuis 17 ans. Ce difficile retour aux sources permettra à Joe de sortir enfin de son narcissisme et de prendre sa vie à bras le corps. Intéressant. |
Claro - CosmoZ
| | Au départ, on pourrait croire à un conte fantastique avec ces personnages tirés du Magicien d'Oz. Mais une fois jetés dans le tourbillon du monde, ils poursuivent une quête qui semble tout aussi humaine qu'impossible et semée de désillusions. Car la guerre, le rêve et la folie font bien partie de la réalité. |
Javier Cercas - Anatomie d'un instant
| | Et dire que ce 23 février 1981 ne m'évoquait absolument rien. Ce jour là pourtant, la toute jeune démocratie espagnole est victime d'une tentative de coup d'Etat. Qui sont ceux qui résistent ? Qui sont ceux qui attaquent ? Pourquoi ont-ils agit ainsi et comment s'en sont-ils sortis ? A quoi se jouent la victoire des uns et la défaite des autres ? Après une mise en route un peu difficile (due à ma méconnaissance du drame et de ses protagonistes), ce livre se déploie comme un véritable polar où la fiction est remplacée par la réalité. Passionnant et instructif. |
Will Self - Le livre de Dave
| | Je vous rassure tout de suite, il ne s'agit pas d'une biographie de Dave le chanteur. Vanina peut reposer en paix à l'ombre des jeunes filles en fleur... Ici Dave est double et sa présence se croise dans deux récits :
- un actuel où Dave est un chauffeur de taxi londonien qui se perd progressivement dans les méandres de ses ressentiments et de son inadaptation sociale,
- un futuriste où les gens vivent dans le respect des préceptes et parlent une novlangue retrouvés dans le livre de Dave qui est érigé en Dieu. Dans ce nouveau monde totalitaire, les sentiments doivent céder le pas au respect du dogme. Si la plupart des habitants se sont résignés à cette vie de moutons (ils ont d'ailleurs pour seule compagnie presque humaine des "motos", une nouvelle race moitié animale et moitié humaine, elle aussi menacée), deux d'entre eux ne renoncent pas et entament une quête à la recherche d'une vérité perdue. |
Michel Houellebecq - La carte et le territoire
| | La rencontre entre le personnage principal du roman, le peintre Jed Martin (que l'on nous annonce comme le double de l'écrivain) et Michel Houellebecq (l'écrivain mis en scène par lui même mais qui ne se montre pas à son avantage), peut résumer La carte est le territoire : la confrontation entre le réel et la représentation du réel. Jed Martin essaie de se confronter au réel ou à ses représentations (les cartes Michelin, des gens au travail, une touffe d'herbe) pour en donner une vision personnelle et artistique. Un roman plutôt désenchanté où des personnages solitaires, fragiles ou égoïstes contribuent ou rejetent un monde assez vain et matérialiste où le bonheur se mesure à leur réussite professionnelle et à leur degré de notoriété. |
Philippe Claudel - L'Enquête
| | Dès sa sortie de la gare, l'Enquêteur entre dans une ville étrange et absurde où il perd rapidement toutes notions de temps, de distance, de perception... Des rues désertes la nuit, bondées le jour. Un hôtel aux prestations inattendues et changeantes d'un jour sur l'autre (des chambres trop grandes ou trop petites, une salle de petit déjeuner remplie de touristes exubérants ou de déportés silencieux...). Et dominant le tout, une Entreprise mystérieuse, froide et impersonnelle. Les personnages se résument toujours à leurs fonctions : le Policier, le Garde, le Guide, le Responsable... Venu pour enquêter sur une série de suicides dans l'Entreprise, l'Enquêteur s'enfonce de plus en plus profondément dans un monde hostile, bien différent de celui qu'il a toujours connu. Malgré une histoire intéressante, je n'ai pas retrouvé l'ampleur et la profondeur de l'écriture du Rapport de Brodeck. |
Patrick Lapeyre - La vie est brève et le désir sans fin
| | Ils s'aiment mais souffrent et font souffrir leur entourage. D'un côté, il y a Nora hésitante entre ses amants, Murphy le Londonien et Blériot le Parisien. Et de l'autre, il y a Blériot irrésolu entre sa femme Sabine et sa maîtresse Nora. Une histoire d'amour contemporaine, indécise et forcément compliquée entre 2 êtres à la dérive. |
Laurent Gaudé - Ouragan
| | Dans la ville de la Nouvelle Orléans dévastée par un ouragan, les plus pauvres de ses habitants (et donc des noirs), qui n'ont pas pu fuir et sont livrés à eux-mêmes, essaient d'échapper au pire : la violence des éléments naturels d'abord puis la violence humaine qui semble lui faire écho. Aucun d'eux ne sortira indemne de cette mésaventure. J'ai trouvé le récit un ton en dessous de cette terrible histoire. |
J.m. Coetzee - Disgrâce
| | Dans une société sud-africaine qui vient de mettre fin à l'apartheid, la vie de David Lurie, enseignant blanc de 52 ans, est bouleversée par sa liaison avec une de ses élèves. Refusant de vieillir, il se réfugie dans cette relation qui, une fois découverte, lui fait perdre son poste quand il refuse de reconnaître ses torts. Il tente alors de trouver un abri chez sa fille qui vit seule dans une ferme isolée et essaie tant bien que mal de vivre en harmonie avec son environnement. Mais les tensions de la société sont trop fortes pour que ce fragile équilibre puisse tenir. Et quand le drame survient, le père et la fille partent à la dérive. |
Jean-marie Blas De Roblès - La Montagne de minuit
| | Très éloigné de son précédent, foisonnant et magnifique roman "Là où les tigres sont chez eux", La Montagne de minuit est un bref récit intimiste où les personnages gardent une grande part de mystère. Qui sont-ils vraiment ? Pourquoi partent-il ensemble au Tibet ? La narration croisée entre le fils - qui essaie de raconter le voyage de sa mère provoqué par une improbable rencontre - et sa mère - qui vient le compléter ou le corriger mais sans jamais totalement se livrer - apporte une touche sensible. |
Didier Van Cauwelaert - Les Témoins de la mariée
| | Léger, léger, léger... Une histoire totalement artificielle (pourtant apparemment tirée de faits réels) et des personnages très caricaturaux. Seul (petit) intérêt : le choc des cultures (et des stéréotypes) entre Français et Chinois. |
Paul Verhaeghen - Oméga mineur
| | A travers 5 personnages principaux, cette fresque époustouflante retrace l'histoire du XXe siècle : montée du nazisme, horreurs de la guerre, invention de la bombe atomique, guerre froide, violence ordinaire des néo-nazis... Le tout se lit comme un polar, avec son lot de mensonges, d'amour et de trahisons, rythmé par des passages scientifiques et d'autres beaucoup plus crus. Oméga, dernière lettre de l'alphabet grec, qui peut symboliser la fin, s'applique-t-il à la science et de ce fait à l'histoire ? |
Louise Erdrich - La malédiction des colombes
| | Plus que les colombes, ce sont les humains qui sont maudits. Tous ont leurs failles, leurs secrets et leurs faiblesses. Le récit qui s'ouvre sur un crime horrible et impuni (une première page particulièrement impressionnante) révèle progressivement le racisme, la violence et les excès, la lâcheté et la trahison des uns et des autres. Aucune explication, aucune justification n'est avancée même dans les passages flirtant avec le fantastique. Chacun conserve sa part de vérité, ses croyances ou ses doutes. Un livre sans concessions où l'espoir et la vie sont omniprésents. |
J.m. Coetzee - Michael K, sa vie, son temps
| | Bravant les dangers d'un pays en guerre, Michael décide de ramener sa mère mourante dans la ferme où elle est née. Ce retour à la terre natale se révèlera bien différent de ce qu'il aurait pu être. Un récit âpre qui met à nu les affres de la société et de la nature humaine. Qu'est ce qui fonde notre identité ? Notre apparence physique, notre origine sociale, notre métier, notre intelligence, notre rapport au monde et aux gens... ? Que recouvrent les notions de liberté et de captivité ? Puissant et poétique à la fois. |
Frédéric Martel - Mainstream
| | Un livre enquête sur la mondialisation et la domination culturelle des Etats Unis dans les domaines du cinéma, de la musique et des médias. La contre offensive se prépare en Asie et dans le monde arabe. Instructif. |
Edgar Hilsenrath - Le Nazi et le Barbier
| | Un récit burlesque et graveleux pour raconter les horreurs du nazisme et la création de l'Etat d'Israël. Une des autres originalités de ce roman est que le bourreau nazi et le sioniste sont une seule et même personne... En effet, pour échapper à son arrestation, le nazi prend l'idendité d'une de ses victimes et "devient" juif. Etonnant. |
Adam Haslett - L'intrusion
| | Un roman impitoyable sur la vacuité de la société actuelle dominée par l'argent et la spéculation. Dans ce monde qui a perdu tout repère, trois solitudes, et en fait trois générations, se croisent, s'affrontent et ne peuvent se comprendre :
- il y a Charlotte, la vieille, étonnamment progressiste, qui vit recluse dans sa maison...
- il y a Nate, l'adolescent fumeur de joint, perdu et sans repère, désabusé et en manque cruel d'affection...
- et il y a Doug, proche de la quarantaine, trader à la réussite insolente prêt à tout pour gagner toujours plus d'argent même s'il n'en fait pas grand chose. Jusqu'au jour où il se décide à faire construire une belle et immense maison...
Aucun ne sortira indemne de cette histoire. Et le lecteur pas davantage. |
Laurent Binet - HHhH
| | Déjà, un titre mystérieux : HHhH pour "Himmlers Hirn heisst Heydrich", ce qui signifie en français "le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich". Derrière Himmler, l'un des plus proches collaborateurs d'Hitler, se trouve donc Heydrich qui sera notamment l'instigateur de la solution finale contre les Juifs et qui devient en 1941 "Protecteur (soit l'équivalent de chef de l'Etat) de Bohème-Moravie (l'actuelle République Tchèque)". Or la résistance tchèque souhaite frapper un grand coup en assassinant Heydrich. Ce roman met en perspective la funeste carrière d'Heydrich et les préparatifs de l'attentat. De manière très originale, il traite aussi des doutes du romancier qui racontant une histoire vraie ne veut pas en rajouter en inventant des détails ou des dialogues dont il ne serait pas certain, mais, dans le même temps, se met lui aussi en scène en tant qu'écrivain marqué par l'histoire qu'il retrace. Et une histoire horrible : la folie meurtrière et exterminatrice du Troisième Reich. |
Elisabeth Filhol - La Centrale
| | Une plongée glaçante dans le monde inhospitalier et particulièrement dangereux des centrales nucléaires. Où des salariés intérimaires deviennent de la chair à radiation... Un récit elliptique original et fort. |
Adrien Goetz - Le Coiffeur de Chateaubriand
| | Méfiez-vous de votre coiffeur surtout s'il s'attache à conserver précieusement tous vos cheveux après vous les avoir coupés. Il a sans doute des choses à vous cacher... Quand la fiction égaye des faits historiques. Léger mais plaisant. |
Denis Baldwin Beneich - Le Sérieux des nuages
| | Un très beau titre déjà. L'histoire simple au départ révèle bien des surprises : Maxime, vivant aux Etats-Unis depuis une trentaine d'années, revient en France pour une soirée d'anniversaire (euh non en fait il s'agit d'une garden party en hommage à un de ses anciens professeurs) et se retrouve face à ses anciens amis, son passé et finalement son avenir aussi. Toute ressemblance avec un événement récent vécu par de nombreux zebouconautes serait totalement fortuite... |
Hedi Kaddour - Waltenberg
| | Sous des abords un peu austères (plus de 700 pages) se cache en fait un livre passionnant qui retrace l'histoire de l'Europe du XXe siècle au travers de la vie de quelques personnages. Ces aventures humaines font vivre la grande histoire et réservent bien des surprises. Des guerres mondiales à la guerre froide en passant par la chute du mur de Berlin... : derrière les idéaux et les sentiments affichés peuvent se cacher des motivations beaucoup plus sombres et secrètes. Où personne n'est jamais vraiment celui que l'on croit. |
Ryu Murakami - Les bébés de la consigne automatique
| | A travers le sombre destin de 2 orphelins, ce roman livre une vision cruelle et apocalyptique du Japon de la fin du XXe siècle : une société moderne marquée par la déshumanisation et la pollution où les sentiments s'expriment le plus souvent par la violence et où le virtuel et l'artificiel prennent le pas sur le réel. Glaçant et réussi mais un peu trop trash pour moi. |
Nadeem Aslam - La vaine attente
| | Dans cet incroyable roman, Nadeem Aslam (écrivain né au Pakistan et dont la famille a fuit en Angleterre alors qu'il avait 14 ans) retrace les 30 dernières années de l'histoire de l'Afghanistan. Les parcours singuliers mais imbriqués de 5 personnages, révélés dans de subtils flash-backs, dévoilent comment un pays ayant une culture riche et ancienne a pu sombrer dans le chaos au rythme des invasions étrangères, de la montée des intégrismes religieux et claniques. Bien que marqué par une effroyable violence, le récit arrive à rendre palpable les émotions, les doutes et les espoirs de ses personnages avec une écriture qui donne à voir, à sentir et ressentir. |
Pierre Michon - Les Onze
| | L'idée est originale : raconter par la vie d'un peintre la création d'un tableau sur les membres du Comité de salut public en pleine période révolutionnaire. Le récit m'a pourtant ennuyé malgré les qualités littéraires et l'érudition de l'auteur. |
Michel Pastoureau - Le Cochon - Histoire d'un cousin mal aimé
| | Bon d'accord, il ne s'agit pas d'un roman mais cette histoire sociale et culturelle du cochon est savoureuse à plus d'un titre. Revenant sur sa place dans l'histoire, les religions mais aussi l'alimentation et la médecine, Michel Pastoureau révèle que les tabous entourant le cochon seraient liés à sa trop grande ressemblance/proximité avec l'être humain. Et qu'il serait plus vrai de dire : mon cousin le cochon que mon cousin le singe... |
Marilynne Robinson - Chez nous
| | C'est parce qu'ils n'avaient nulle part ailleurs où aller que Glory puis son frère Jack finissent par trouver refuge chez leur père vieillissant, un ancien pasteur, dans la maison familiale où ils ont grandi. Parvenant à surmonter leur solitude, leurs profondes différences et les meurtrissures de leur vie, ils arriveront à se dévoiler un peu et apprendront à mieux se connaître. Mais il est difficile de lutter contre le désespoir et ses propres errements. A travers cette histoire familiale, se dessine un portrait amer d'une Amérique profonde et bigote des années 50. |
Dan Brown - Le symbole perdu
| | Le principal mystère réside dans le succès du livre. Seul le personnage du méchant mérite une petite attention. |
Hubert Haddad - Palestine
| | Enlevé puis abandonné par ses ravisseurs, un jeune soldat israélien perd la mémoire. Recueilli par 2 Pastiniennes, il prend la place du fils/frère disparu et doit partager les difficiles conditions de vie (et trop souvent de mort) dans une Palestine occupée et en état permanent de tension. |
Dany Laferrière - L'énigme du retour
| | L'énigme du retour raconte le retour de l'écrivain en Haïti, après plus de 30 ans d'une vie en exil au Canada. L'élément déclencheur est la mort de son père vivant lui aussi depuis très longtemps en exil et qu'il n'a presque pas connu. Dans ce récit autobiographique, Dany Laferrière dévoile, avec une grande poésie, cet émouvant retour aux sources. |
Eric Fottorino - L'homme qui m'aimait tout bas
| | Un livre hommage au père disparu. Un père adoptif et presque tardif, arrivé dans sa vie au milieu de l'enfance, mais un père aimé passionnément et en toute liberté. Quand les liens du coeur se révèlent plus forts que ceux du sang. |
Jean Michel Guenassia - Le Club des Incorrigibles Optimistes
| | Plutôt réjouissant que ce roman ait obtenu le prix Goncourt des lycéens. Un pied de nez à ceux qui pensent que les jeunes ne lisent plus et ne s'intéressent plus à l'histoire. Ce "pavé" de plus de 750 pages brosse un portrait de la France de 1959 à 1964. Un adolescent y croise Sartre et Kessel, des réfugiés d'Europe de l'Est fuyant le communisme, des appelés qui partent en Algérie, le rock'n'roll... Quand les idéaux ravagent des vies humaines. |
Tahar Ben Jelloun - L'enfant de sable
| | Une histoire extraordinaire et un secret que des conteurs dévoilent au fur et à mesure de leurs récits : une fille élevée comme un garçon par le seule volonté de son père qui voulait à tout prix un fils après avoir déjà eu 7 filles. Rocambolesque et une excellente mise en bouche avant "La nuit sacrée". |
Tahar Ben Jelloun - La nuit sacrée
| | "La nuit sacrée" est la face cachée de "L'enfant de sable" : le même conte mais cette fois directement livré par la principale protagoniste/victime de l'histoire. Le récit, fascinant et envoûtant, gagne en poésie et en profondeur. |
Amélie Nothomb - Les Catilinaires
| | On retrouve ici les ingrédients d'Hygiène de l'assassin avec l'ambiguïté de la nature humaine mélangeant allégrement les rapports de domination/manipulation/perversion/trahison. Dans un récit qui tient beaucoup plus du conte entre amour et mort, personne n'est vraiment qui l'on croit. Si les joutes verbales et la nourriture conservent une place essentielle, l'écriture est moins drôle et moins acérée. |
Beigbeder Frederic - Un roman français
| | Difficile de lire cette autobiographie en faisant abstraction de son auteur. D'autant qu'en l'intitulant "un roman français", il peut laisser à penser qu'il a écrit une histoire révélatrice d'une époque et d'une société. Or paradoxalement il reste collé aux heurts et malheurs de sa personne et de sa famille aisée. Le passage opposant la facilité de l'ascension sociale à la difficulté de vivre le déclassement est notamment insupportable. |
Pascal Garnier - Lune captive dans un oeil mort
| | En décidant de s'installer dans une résidence sécurisée dans le Midi, ils pensaient avoir fait le bon choix pour une retraite paisible, préservée et protégée. La réalité sera bien différente du mirage publicitaire annoncé. Un livre assez caustique écrit par un auteur ardéchois... |
Jean Marc Parisis - Les aimants
| | Plus que des amants qui auraient vu la passion s'émousser, les aimants sont ici des amoureux qui resteront attirés l'un par l'autre au-delà de l'amour, au-delà de la mort. Une belle histoire triste. |
Jean Philippe Toussaint - La vérité sur Marie
| | Drôle de titre pour un drôle de livre (à ne pas confondre avec un livre drôle) : Marie reste une énigme dont on ne s'appoche pas facilement. Entre Paris, le Japon et l'île d'Elbe, la clé du livre tient peut être dans les chevaux Zahir et Nocciola... |
Jean Yves Cendrey - Honecker 21
| | Qu'est ce que le bonheur ? Matthias Honecker possède tous les attributs d'un homme heureux : un travail, une copine et bientôt un enfant. Et pourtant, rien ne va comme il le veut dans une société matérialiste où les apparences et la réussite constituent des valeurs suprêmes. |
François Beaune - Un homme louche
| | Cet homme louche se révèle tout du long des 2 cahiers de son journal intime. Le premier écrit pendant son adolescence et le second 25 ans plus tard. Dans les 2, il expose ses rapports décalés et distanciés au monde et aux gens. Sa lucidité sur sa différence n'arrive pas à le soulager des affres de son existence. Un premier roman original et intéressant. |
Colum Mccann - Et que le vaste monde poursuive sa course folle
| | Croisant les récits, comme les gens se croisent par hasard au cours de leur vie ou au détour d'une rue, ce beau roman va au plus profond des êtres marqués par des deuils, la souffrance, la misère, la prostitution, la vieillesse, la solitude... Mais sauvés par l'amour, la foi ou l'accomplissement d'un rêve comme de marcher sur un câble reliant en plein ciel les twin towers... |
Marie Ndiaye - Trois femmes puissantes
| | Trois récits distincts mais trois histoires de femmes qui se trouvent à un moment clé de leur vie et doivent surmonter leur passé, se battre ou fuir pour un avenir meilleur, faire accepter leur différence dans un monde souvent hostile... Des récits sans concession. |
Laurent Mauvignier - Des hommes
| | Deux temps, deux lieux mais les mêmes personnages marqués par leur histoire. Le livre commence aujourd'hui en France lors d'une fête d'anniversaire qui dégénère. La journée se prolonge par l'agression d'une famille d'Algériens. Comment en est-on arrivé là ? L'histoire fait alors un bond en arrière et revient en Algérie en 1960. Durant de longs mois, de jeunes appelés français vivront, commettront et subiront les atrocités de la guerre et n'en sortiront pas indemmes. Un livre poignant et âpre. |
Françoise Sagan - Toxique
| | Une mise à nu pour un retour progressif mais incertain à la vie. Un texte court, dense et magnifié par les dessins de Bernard Buffet. |
Daniel Kehlmann - Les arpenteurs du monde
| | Une histoire originale et croisée de 2 célèbres scientifiques allemands du XVIIIe que tout oppose : les pérégrinations de l'aventurier et intrépide explorateur qui part à la découverte de l'Amérique du Sud d'un côté et le casanier et austère mathématicien et astronome d'un autre. Attirant sur le papier et décevant à la lecture. |
Amélie Nothomb - Le voyage d'hiver
| | Bon d'accord on retrouve l'écriture de Nothomb, les drôles de prénoms, de personnages et de situations. Mais l'histoire est morne, plate et, il faut bien le dire, sans grand intérêt. Un peu à l'image du résumé figurant en 4e de couverture... |
Hubert Haddad - Géométrie d'un rêve
| | En panne d'inspiration, un écrivain trouve refuge dans l'écriture de son journal intime. Il en livre un récit envoûtant et épars qui rassemble touche après touche les fragments tourmentés de sa vie et les soubressauts de ses amours. Réfugié dans un manoir breton isolé face au rugissement de l'océan, emporté par le souffle du vent et de l'histoire, le narrateur nous emmène au plus profond de ses sentiments, de ses passions, de ses secrets et de ses drames. Le tout porté par une écriture d'une grande beauté. |
Jim Harrison - Retour en terre
| | Ce roman tourne autour de la notion du deuil et de la façon que chacun a de le surmonter. La voix qui domine celle est de Donald, métis indien/américain de 45 ans, atteint d'une maladie incurable et qui sait sa mort imminente. Il décide alors de raconter sa vie et celle de sa famille et choisit de mourir au milieu de la nature. Les 3 autres voix du roman sont celles de ses proches et montrent comment le deuil modifie les relations entre les gens et comment chacun le vit de manière différente en fonction de sa personnalité et de ses croyances. |
Jim Harrison - Une odyssée américaine
| | Lorsque à 62 ans, Cliff est quitté par sa femme et perd sa ferme, il sombre dans l'alcoolisme. La mort de sa chienne le pousse à réagir et à prendre la route à la découverte des 50 états américain. Après ce (bon ?) départ, le problème est qu'il ne se passe rien d'intéressant : on est à des années lumière d'une odyssée. |
Michèle Lesbre - Sur le sable
| | Un roman simple et léger mais dont il ne reste presque rien à la fin. A trop flotter entre réalité et fiction, les passions semblent surtout désincarnées. |
Alan Bennett - La Reine des lectrices
| | Par le plus grand des hasards, la Reine Elizabeth devient une lectrice passionnée et va même jusqu'à délaisser son mari et ses chiens ! Et provoque l'inquiétude du Premier ministre. Avec un humour tout anglais, Alan Bennett montre à quel point la face du Royaume Uni pourrait en être changée. |
Yasushi Inoué - Le fusil de chasse
| | Un livre affreusement vieillot. J'aurais dû me méfier du titre et vérifier s'il avait fait l'objet de critiques de zebouciens (et plutôt de zebouciennes en l'espèce). C'est mièvre, insipide, empreint d'un moralisme et d'une religiosité quasi analytique : l'homme est un homme puisqu'il a un fusil de chasse. Et c'est aussi pour ça qu'on le respecte. Une femme qui vit dans le péché doit forcément l'expier. Et dans chaque être se cache un serpent... Cruelle déception. |
Emmanuel Carrere - D’autres vies que la mienne
| | Avec D’autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère poursuit ses écrits basés sur des histoires vraies. Cette fois, il raconte deux décès récents et presque concomitants qui l’ont touché de près et qui, selon lui, ont influé sur sa vie. A part le prénom des victimes (Juliette), Emmanuel Carrère est d’ailleurs le seul trait d’union entre ces deux histoires qu’il raconte de manière très différente. Le premier récit est très court, descriptif et se limite aux faits et à la brutalité des disparitions causées par le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est où il était en vacances. Le second récit est plus dense et s’attarde plus longuement sur ce qu’a été la vie de cette seconde Juliette avant qu’elle ne succombe d’un cancer : sa famille, sa maladie mais aussi le quotidien de son travail de juge et surtout sa profonde amitié avec un de ses collègues lui aussi victime d’un cancer. Omniprésente, la souffrance des victimes et de leurs proches n’est jamais appuyée. Un livre profondément émouvant. |
Oscar Wilde - Le Portrait de Dorian Gray
| | Un grand classique. Un peintre, subjugué par la beauté de Dorian Gray, décide d’en faire son portrait et le rend, au sens littéral, plus vrai que nature. En effet dès lors Dorian Gray se trouve doté d’un pouvoir surnaturel et d’une arme absolue : sa beauté parfaite est inaltérable. Les vicissitudes du temps et les turpitudes de son comportement s’inscrivent sur le tableau et ne viennent pas marquer son beau visage. Si cela fera son bonheur, cela le conduira aussi à sa perte. |
Elliot Perlman - Trois dollars
| | La principale originalité d’Eddie Harnovey ? Croiser tous les neuf ans et demi, Amanda son amour d'enfance. Mais si ces rencontres rythment sa vie, elles n’en constituent pas le quotidien. Car comme tout le monde, il a des rêves et des espoirs mais sa vie se passe avant tout avec sa famille, ses amis et à son travail. Un quotidien marqué de joies (rencontre de Tanya sa future femme, naissance de sa fille Abby) et de peines (problème de santé, perte d’emploi). Le talent d’Elliot Perlman est de montrer que personne n’est à l’abri de la chute sociale et que tout le monde peut se retrouver un jour avec Trois dollars en poche… |
Ken Follet - Un monde sans fin
| | Ce n’est pas le monde qui est sans fin, c’est plutôt ce roman. Ou alors, il ne faut pas avoir lu Les piliers de la terre avant. Car l’intrigue est la même : le combat entre les prieurs et les seigneurs sur fond de misère ambiante. Les rares différences, qui ont été pour moi les pages les plus intéressantes, évoquent les ravages de la peste et les combats sur le sol français. Et pour une fois, les femmes tiennent des rôles importants et se révèlent souvent les égales des hommes. |
Arturo Perez-reverte - Le Tableau du maître flamand
| | La découverte d’une inscription cachée sur La partie d’échec, un tableau du XVe siècle, va mettre en danger la vie d’une restauratrice de tableaux anciens. Afin de comprendre quel danger la menace elle devra résoudre l’énigme posée par le tableau et pour cela reprendre la partie d’échec inachevée cinq siècles plus tôt. Un bon polar. |
Julia Leigh - Ailleurs
| | Un très court récit dérangeant qui dévoile dans une écriture sobre et sans emphase une famille décomposée où règnent détresse humaine et cruauté des comportements. |
Don Delillo - Libra
| | Qui était Lee Oswald, l’assassin présumé (et lui même assassiné) du président Kennedy ? Ce roman labyrinthique (et parfois un peu long) livre son histoire et met en scène de très nombreux personnages dont certains sont au cœur de complots des services secrets américains. Ce livre n’apporte aucune réponse mais démontre intelligemment la complexité de toutes situations et leur impossible résumé en jugements hâtifs et tranchés. |
Philippe Besson - En l'absence des hommes
| | Paris en 1916. En une semaine, la vie de Vincent, bel adolescent de 16 ans, bascule dans le monde des adultes. Au cours de ces 7 jours, il découvre l'amour dans les bras d'Arthur, jeune soldat en permission, et l'amitié avec Marcel, un écrivain célèbre de 30 ans son aîné. A la fin de la semaine, Arthur repart au combat, Marcel à la campagne. S'ensuivent quelques lettres bouleversantes ou s'exprime la force des sentiments avant une fin inattendue. |
David Lodge - Un tout petit monde
| | Un livre léger, drôle et ironique sur le monde des universitaires, les dessous des congrès et la quête perpétuelle de l'amour... |
Harry Mulisch - La découverte du ciel
| | Parcours, milieu familial, personnalité : tout sépare le linguiste Onno Quist et l'astronome Max Delius. Ils deviennent pourtant des amis inséparables jusqu'à la rencontre avec Ada, dont ils vont tomber amoureux à tour de rôle. Puis arrive Quinten, chargé d’accomplir une quête extraordinaire. Un excellent roman (de plus de 1100 pages !) sur la vie, le sens de la vie et la liberté (on non) des choix de chacun. |
Jeffrey Eugenides - Middlesex
| | Middlesex raconte l'histoire d'une petite fille née en 1960 à Détroit qui est en fait hermaphrodite (du fait d'un gène mutant) et qui découvre sa différence à l'âge de quatorze ans. Mais sa famille n'en est pas à sa première singularité : ses grands parents - qui étaient en fait frère et soeur - avaient fui la Grèce dans les années 20 pour rejoindre les États-Unis afin de pouvoir vivre leur amour au grand jour et se faire passer pour mari et femme. Loin de tout voyeurisme ou sensationnalisme, ce roman aborde avec beaucoup d'intelligence les notions d'identité et de confusion sexuelle sous l'angle de la liberté individuelle. |
Alain Jaubert - Val Paradis
| | Val Paradis, c'est la célèbre Valparaiso, ville du Chili au port mythique ou un jeune marin français de 18 ans débarque et plonge dans les méandres de la ville pour un cocktail d'alcool, de sexe et de rencontres. |
Irène Némirovsky - Suite française
| | Quand l'histoire rejoint l'Histoire. Suite française relate l'exode de 1940 puis la vie sous l'occupation dans un village français "ordinaire" marqué par la peur. Il est écrit au moment même où les faits se déroulent par Irène Némirovsky, juive née à Kiev mais vivant en France depuis plus de vingt ans, qui sera arrêtée, déportée et mourra en camp de concentration en 1942. Le manuscrit conservé par la fille de l'écrivain ne sera publié qu'en 2004. |
William Makepeace Thackeray - La Foire aux Vanités
| | Ce livre est sans pitié pour la société anglaise du début du XIXe siècle dominée par les apparences et des milieux sociaux sclérosés. Ici, l'amour (entre un homme et une femme ou entre les parents et les enfants) est toujours soumis aux préjugés et aux convenances. Il suffit d'un revers de fortune pour être rejeté par la "bonne" société. Et les moins bien nés qui cherchent à s'en sortir se heurtent au mépris des autres et à leur propre insatisfaction. De mariages ratés en vies brisées, le bonheur semble ne pas avoir sa place. |
Virginia Woolf - Mrs Dalloway
| | Plus que l'histoire elle-même - une seule journée où l'on suit Clarissa Dalloway qui prépare la réception qu'elle donne le soir même - ce sont avant tout les pensées, les souvenirs et les réflexions (intimes ou ordinaires) des personnages (outre Clarissa Dalloway, on croise son mari, sa fille, son premier amour, ses amies et un jeune couple Septimus et Rezia) qui font la subtilité et la profondeur du récit. |
Charlotte Brontë - Jane Eyre
| | Un vrai mélo comme on n'en fait plus... Une histoire d'amour contrarié entre Jane Eyre, jeune orpheline devenue gouvernante, et le riche Mr Rochester propriétaire du domaine de Thornfield-Hall. De projets de mariage avortés, à des drames et des départs, rien ne sera épargné à Jane Eyre sur la route qui devrait la mener au bonheur. |
Thomas Lélu - Je m'appelle Jeanne Mass
| | J'avais trouvé le titre drôle mais c'est bien le seul intérêt de ce livre. |
Louise Erdrich - Love Medicine
| | Love Medicine signifie le charme d'amour. Et il en faut de l'amour aux familles indiennes pour arriver à vivre dans leurs réserves du Dakota. Le livre raconte sur plus de cinquante ans les destins croisés de deux familles, les Kashpaw et les Lamartine où les générations cohabitent et s’affrontent : les parents et les beaux-parents, les frères et sœurs, les enfants, les amants et les maîtresses... Presque chacun prend la parole à son tour et ajoute un chapitre à l'histoire, à leur histoire. Ici, les passions humaines sont exacerbées et la vie tient souvent à un fil, entre violence, jalousie et désir. |
Emmanuel Carrere - L'adversaire
| | Peut-on croire et comprendre quelqu’un qui a (et s’est sans doute) menti toute sa vie ? Emmanuel Carrère a essayé d’y répondre avec ce « roman » qui relate à sa façon un des faits divers les plus médiatiques de ces dernières années. Après avoir rencontré les principaux acteurs et témoins du drame, il en livre un récit captivant, non linéaire, singulier, parsemé de doutes et d’interrogations. C’est ce qui fait la force et l’intérêt de ce livre. |
Carlos Ruiz Zafòn - L'ombre du vent
| | Quelques côtés attachants (et notamment cette belle ouverture dans un cimetière des livres oubliés, un certain sens du suspens, des descriptions inhabituelles de la ville de Barcelone sous la pluie ou la neige et marquée par les terreurs et les ravages de la guerre civile) n'arrivent pas à faire oublier d'incroyables longueurs et invraisemblances dans un récit au style ampoulé. |
Primo Levi - Si c'est un homme
| | Les horreurs de la "vie" dans un camp de concentration pendant la deuxième guerre mondiale : un livre paradoxalement empreint d'humanité et d'espoir. Un témoignage bouleversant et magnifique. |
Tristan Garcia - La meilleure part des hommes
| | Annoncé comme l'un des événements de la rentrée littéraire 2008, ce livre retrace la vie de membres de la communauté homosexuelle et/ou de l'intelligentsia parisienne au début des "années sida". Alors, je ne sais pas si c'est l'écriture volontairement minimaliste ou si c'est mon total désintérêt pour le grand jeu du "qui se cache derrière ce personnage ?", mais je n'ai pas été emporté par le livre même si j'ai trouvé certaines scènes saisissantes, notamment celle avec le pauvre conseiller de l'ANPE (et c'était avant la fusion avec les ASSEDIC, c'est dire...). |
Alain Claude Sulzer - Un garçon parfait
| | Le garçon parfait dont il est question est serveur modèle dans un grand restaurant suisse. Le livre raconte, en plusieurs flashback, sa vie à 2 moments clés : au début des années 30 - quand il commence à travailler et où il croisera l'amour de sa vie avec qui il vivra une brève passion - et en 1966, lorsqu'il reçoit une lettre de son ancien amant. Petit à petit se dévoilent les mensonges et trahisons des uns et des autres avec en toile de fond l'Histoire : la montée du nazisme, l'exil. Un beau livre. |
Alan Hollinghurst - La ligne de beauté
| | La ligne de beauté, c'est ce que recherche Nick Guest dans l'Angleterre du début des années 80. Il assume assez effrontément et avec la fraîcheur de sa jeunesse sa dévotion pour la bourgeoisie conservatrice (c'est alors l'âge d'or de la dame de fer) et son amour pour les garçons. Loin de "luxe, calme et volupté", les faussetés humaines de la bourgeoisie se révèlent progressivement au grand jour et le SIDA commence à faire ses ravages. La fin d'une époque et de certaines illusions. |
François Vallejo - L'incendie du Chiado
| | L'histoire est intéressante : un huis clos dans la ville de Lisbonne en feu. Mais le rythme est un peu lent et les personnages en retrait. Une petite déception. |
Eric Reinhardt - Cendrillon
| | Cendrillon raconte les vies du narrateur et de 3 autres personnages qui pourraient être les 4 destins possibles d'une même personne selon les choix où les rencontres faits à un certain moment. Des pages étonnantes (et hélas prémonitoires) sur le crise des subprimes et le monde artificiel et dangereux des traders. Quand la fiction est rattrapée et dépassée par la réalité. |
Philippe Claudel - Le rapport de Brodeck
| | Un roman dur sur les ravages de la guerre, la folie des hommes en temps de guerre et leur défiance envers ceux qui ne sont pas comme eux. Quand l'autre est forcément un ennemi et la différence une menace. Un livre marquant. |
Lee Chang-rae - Les sombres feux du passé
| | De manière trompeuse, le livre s'ouvre sur la vieillesse heureuse et la vie apparemment lisse et réussie d'un immigré japonais - qui est en fait d'origine coréenne - installé depuis de très nombreuses années dans une petite ville américaine. Puis à la manière des mouvements des marées, dans un va et vient régulier entre le présent et différents épisodes de son passé, il révèle insensiblement la complexité de cet homme dans sa difficile relation avec les autres et les drames qu'il a vécus et dont certains témoignent de faits réels comme l'effroyable condition des « femmes de réconfort » dans les camps militaires japonais pendant la seconde guerre mondiale. Et si les feux du passé sont sombres, ceux du présent ne sont pas forcément radieux. |
Daniel Mendelsohn - Les disparus
| | Dans ce magnifique roman, Daniel Mendelsohn transforme la recherche de membres de sa famille disparus pendant la guerre en une quête universelle croisant les soubresauts de l'histoire, la nature humaine et les horreurs de la guerre. Une fresque éblouissante et poignante. |
Jasper Fforde - L'affaire Jane Eyre
| | Le premier opus des aventures de l'agent littéraire Thursday Next, et assurément le plus drôle et le plus enlevé. Ici, le temps peut s'arrêter, les personnages passer du monde réel au monde des livres. Totalement délirant mais qui n'a pas rêvé de pouvoir croiser, et même sauver, ses héros de papier ? |
Jean-marie Blas De Roblès - Là où les tigres sont chez eux
| | Un roman fleuve qui croise les personnages, les époques et les lieux. Des tigres, il n'en sera jamais question, mais on retrouve la méchanceté et la noirceur de l'âme humaine, de l'Europe du XVe siècle avec le faux génie d'Athanase Kircher, au Brésil contemporain, des bidonvilles, à la forêt vierge en passant par la résidence du gouverneur... Une écriture enlevée et souvent drôle pour décrire un monde cruel et injuste. |
François Vallejo - Ouest
| | Ouest fait partie de ces livres que l'on commence un peu par hasard puis qu'on n'arrive plus à lâcher et qui vous marquent longtemps. Le récit est âpre et haletant et les personnages poignants. Cette histoire forte est admirablement contée par François Vallejo. Une découverte. |
Jonathan Safran Foer - Extrêmement fort et incroyablement près
| | Le drame du 11 septembre vu à travers les yeux d'un garçon de 9 ans qui y a perdu son père. Trouvant une clé, il pense qu'elle lui permettra de résoudre le mystère de sa disparition. Un livre étonnant avec une mise en page originale parsemée des photos, de pages blanches ou composée de peu de mots... |
Benoît Duteurtre - Les pieds dans l'eau
| | Un livre un peu décousu sur l'histoire familiale de l'écrivain. Quelques passages intéressants mais sans doute pas le meilleur Duteurtre. |
Elliot Perlman - Ambiguïtés
| | Ambiguités raconte par la voix de 7 personnages l'enlèvement d'un enfant par l'ex petit ami de sa mère. Pourquoi et comment a-t-il agi ainsi alors qu'ils ne s'étaient pas revus depuis plus de dix ans ? L'écriture d'Elliot Perlman est précise et dresse de beaux portraits des 7 témoins en abordant leurs propres souffrances. Un livre attachant. |
AndreÏ Kourkov - Le pingouin
| | Même un pingouin peut être déprimé. Pas étonnant dans une société post communiste désenchantée dominée par la corruption, la solitude et une difficulté à (re)prendre sa vie en main. Mais quel dommage que le caractère absurde de ce roman ne soit pas vivifié par plus d'audace. |
Umberto Eco - Le pendule de Foucault
| | J'en attendais peut être trop ? Bref, un peu déçu par cette plongée dans le monde mystérieux des templiers et ses ramifications contemporaines. |
Richard Ford - Indépendance
| | Le livre est sauvé par Paul et ses difficiles relations au monde et à son père Franck. Le reste n'est que mortel ennui (au motel...) de vies de riches américains. |
Ken Follet - Les piliers de la terre
| | Une plongée dans l'Angleterre du XIIe siècle où des femmes et des hommes luttent pour pour ne pas mourir (de faim ou au combat), pour la conquête du pouvoir, pour servir Dieu ou le roi... Chacun essaie de trouver sa place, de suivre sa voie dans un monde où les combats sont féroces, les haines tenaces mais où l'amour trouve aussi à s'épanouir. Le livre entremêle les histoires du prieur Philip, de l'évêque Waleran et de Tom le bâtisseur, d'Ellen la "sorcière", du comte Bartholomew, de Regan et Percy Hamleigh et de leurs enfants Alfred, Jack, Martha, Jonathan, Aliena, Richard et William. Reste à accepter le fait que, dans ce monde où la bassesse humaine et la misère sont omniprésentes, seuls les bâtisseurs semblent touchés par la grâce en essayant de construire des cathédrales de plus en plus fines et élancées marquant la naissance de l'architecture gothique. |
Mark Haddon - Le bizarre incident du chien pendant la nuit
| | Toute l'originalité du livre tient dans son narrateur : un jeune autiste de quinze ans. Menant une enquête pour connaître l'identité de l'assassin du chien de la voisine, il découvrira des réalités bien plus cruelles du monde des adultes. Un livre intéressant. |
Amélie Nothomb - Hygiène de l'assassin
| | Un des mes livres préférés de Nothomb. Dialogues diaboliques, torture verbale, entre un écrivain misanthrope et une journaliste, jusqu'à l'extase. |
Annie Ernaux - les années
| | Les Années retracent la vie d'une femme française née au milieu du XXe siècle et lucide sur le temps qui passe, les transformations rapides de la société de consommation et de la cellule familiale... Il est toutefois dommage que l'hésitation voulue entre le "je", le "elle" et le "on" de la narratrice donne plutôt l'impression que les "choses de la vie" sont plus subies que choisies. |
Jonathan Coe - Testament à l'anglaise
| | Un tableau du cynisme et des mauvaises moeurs d’une famille de l’aristocratie anglaise qui a perdu toute notion de morale. De 1940 à la fin du XXe siècle, poussés par la recherche individuelle de la réussite, du plaisir et du pouvoir, les membres de cette famille ont gangréné et perverti les mondes de la presse, de la banque, de la politique, de l’industrie militaire, de l’agriculture, de l’édition et de l’art… et c’est toute une société qui est touchée. Mandaté par un des membres de cette tribu machiavélique (une octogénaire déclarée folle par les siens et placée dans un asile depuis plus de 40 ans) pour écrire l’histoire de cette famille, un écrivain solitaire et asocial doit également se débattre et essayer de surmonter ses drames personnels. |
André Brink - Un turbulent silence
| | Merci à Zebouk (conseil de lecture de Peypeyou) de m’avoir fait découvrir ce remarquable roman qui rappelle quelques vérités historiques. Tout d’abord qu’il est très difficile de faire évoluer une société et que la violence est souvent un mal nécessaire pour y arriver. Ensuite, qu’il est toujours dangereux (et que l’on peut y laisser sa vie) d’avoir raison trop tôt même si l'on combat pour une noble cause. Enfin, que la justice n’est que l’application de lois qui conditionnent et définissent les notions mêmes de justice et d’injustice.
Ce roman rappelle aussi des vérités individuelles : les points de vue des uns et des autres sont conditionnés par nos histoires personnelles et notre propension à nous en détacher. Et les hommes sont souvent plus malheureux et moins libres qu’il n’y paraît puisque tous sont soumis à des considérations de rang et de réussite… |
Jorn Riel - La vierge froide et autres racontars
| | De délectables racontars et autres bobards sur ces chasseurs du grand nord qui doivent endurer la solitude et les conditions climatiques extrêmes de l'hiver boréal. Car sous leurs atours d'ours mal léchés et fortement imbibés se cachent des êtres simples et naïfs, maladroits envers les femmes et préférant le plus souvent l'hibernation à la compagnie de leurs semblables. |
Arto Paasilinna - Le lièvre de Vatanen
| | Un point de départ original : un homme décide de tout quitter pour prendre soin d'un lièvre blessé et rejoindre ainsi une vie en harmonie avec l'imposante nature finlandaise. S'ensuit une série de scènettes assez souvent drôles mais un peu répétitives et aujourd'hui datées. |
Jack Kerouac - Sur la route
| | Pas difficile de comprendre pourquoi cette première version de Sur la route a mis si longtemps a être publiée : un texte brut qui dépeint crûment l'errance de jeunes qui ont délibérément choisi de vivre en marge de la société américaine au rythme du Sex, drug and jazz. On est loin de l'American dream et on pressent Woodstock. La force du récit autobiographique tient dans la lucidité du narrateur et son absence d'idéalisation de ses aventures. Il sait que la route ne sera jamais aussi belle que dans ses rêves mais il ne raterait son appel pour rien au monde. Galères et désillusions n'arrivent jamais à annihiler son envie/entêtement de/à repartir. Quand le désir est plus fort que la raison. |
Luis Rafael Sanchez - La rengaine qui déchaine Germaine
| | Si la vie c’est un truc hyper se veut l’hymne de cet ouvrage, la fameuse rengaine qui déchaîne Germaine, je me suis un peu perdu dans cette évocation croisée et foisonnante de 5h de l’après midi à San Juan de Puerto Rico. Heureusement, l’écriture est enlevée et drôle. |
Albert Cohen - Belle du seigneur
| | Je suis passé à côté de ce livre que j'ai trouvé long et ennuyeux. |
Stieg Larsson - Millenium T1 Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
| | Mon préféré de la trilogie qui se lit d'une traite. Une enquête passionnante menée par un couple d'investigateurs hors du commun : le journaliste économique Mikael Blomkvist et surtout la très attachante Lisbeth Salander. |
Michel Houellebecq - Plateforme
| | De Michel, l'écrivain, à Michel, le personnage, difficile de dire qui est le plus cynique et le moins humain. |
Philip Roth - Le théâtre de Sabbath
| | Un des rares livres dont je ne suis pas arrivé à bout. J'ai abandonné à mi parcours (soit quand même près de 350 pages) ne parvenant pas à rentrer dans le récit. |
Muriel Barbery - L'élégance du hérisson
| | Je n'arrive toujours pas à comprendre l'engouement pour ce livre. Heureusement, il y a Paloma et quelques passages assez drôles. Mais c'est finalement peu. Le pire est sans doute à venir puisqu'un film est annoncé. |