Les pieds dans l'eau

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« Mon histoire commence dans une poudre de lumière, un après-midi d’été. La pente de galets blanchis par le sel glisse rapidement vers le rivage où l’eau claire et profonde donne une sensation de fraîcheur, même en plein mois de juillet. Au-dessus de la plage, la promenade est bordée d’une rambarde en bois. Une longue-vue payante attire les enfants qui réclament vingt centimes à leurs parents pour suivre le mouvement des voiliers sur l’horizon. L’autorité tient bon : pas de gaspillage. Par instants, la mer lance paresseusement quelques vaguelettes vers le rivage, comme pour se rappeler à l’attention des promeneurs. Dans la brise légère de cette journée, on dirait qu’elle hésite, se soulève à peine, se retourne et s’aplatit mollement avec ce bruit de frottement qui distingue une plage de galets d’une plage de sable. » La Ramée, la maison familiale des Coty, une grande bâtisse de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, se situe sur l’un des coteaux où s’alignent les belles demeures d’Étretat. Les neuf petites-filles de René Coty, parmi lesquelles la mère de l’écrivain, y forment un groupe très uni. L’élection du vieux politicien comme second président de la IVe République bouleverse du jour au lendemain l’existence de toute la famille : toute la descendance se trouve au cœur de la gazette politique et mondaine, et les journalistes rivalisent en scènes de genre sur les « demoiselles de l’Élysée ». Un roman haut en couleur dans lequel Benoît Duteurtre, avec une délicatesse anti-mode qui fait mouche, ressuscite un pan de son histoire familiale.
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