Virginie Despentes - Vernon Subutex 2
| | Quelle déception que ce deuxième tome des aventures du pauvre Vernon. L'impression que rien ne s'est passé à son issue. Certes il pourrait donc être contemplatif, mais il semble plutôt ruminer ce qui a déjà été dit et chercher une porte de sortie qu'il ne trouve pas, tournant autour de sa seule nouveauté, l'élévation du héros au statut d'icône métaphysique bobo. Certes, c'est en soi grinçant, mais la verve et le rythme si prenants dans le tome 1 semblent avoir disparu. |
Émile Ajar - la vie devant soi
| | Un roman dont il est impossible de ne pas connaître la légende qui l'entoure (le fameux "vol" de Goncourt) mais qui au-delà est impressionnant dans sa forme comme dans ce qu'il raconte. Si le procédé n'est plus nouveau (je pense à plusieurs romans dont le grand "Quand j'avais 5 ans je m'ai tué"), il devait l'être à l'époque et le génie de Romain Gary/Emile Ajar est aussi d'avoir transformé son histoire par le simple fait que Momo en soit le narrateur, non pas a posteriori mais pendant qu'il vit les choses, donc de son très jeune âge à l'adolescence. La vie de Madame Rosa et des autres pensionnaires du bordel, la peur des uns vis à vis de ce que les autres pourraient leur faire, la leçon d'humanité du roman, tout concourt à faire regretter à la dernière page de ne plus pouvoir le découvrir. |
Virginie Despentes - Vernon Subutex
| | Vraiment une découverte et un plaisir constant, ce roman étonnant dans lequel plusieurs personnages hauts en couleur se croisent ou tentent de le faire. Virginie Despentes (j'ai lu il y a des siècles Baise Moi dont je n'ai aucun souvenir) m'a vraiment impressionné dans sa capacité à croquer en quelques phrases assassines les uns ou les autres, personnages fictifs bien souvent archétypes de notre société actuelle ou de ce qui en fait ce qu'elle est aujourd'hui. J'ai souvent souri, voire ri, bien conscient cependant de la noirceur de l'ensemble. Quant à la dimension "polar" vendue par les critiques, je me demande s'ils l'ont vraiment lu... Bref. Un très bon livre. |
Tom Perrotta - Les disparus de Mapleton
| | Suite à la disparition brutale et inexpliquée de 2% de la population mondiale, le monde s'interroge et se réorganise (ou pas). Tom Perrotta nous raconte cette histoire uniquement à l'échelle d'une petite ville, Mapleton. De l'incompréhension à la colère en passant par l'inquiétude d'une nouvelle salve de disparation, le nihilisme complet ou des tentatives de deuil, chacun fait ce qu'il peut, sans que jamais n'arrive d'explication. Un roman vraiment impressionnant, au titre original bien meilleur (The leftovers, ceux qui restent), très resserré dans sa forme (assez courte, presque trop), bourré d'idées fortes, qui m'a laissé sidéré. |
Stephen King - Dôme
| | A l'issue de ce pavé de 1100 pages au titre original plus éloquent encore sur son contenu (Under the dome), je ne peux qu'une fois de plus louer les talents de Stephen King à raconter des histoires! De la mise en place du Dôme à l'issue finale en passant par le déraillement progressif d'une petite ville de province en apparence on ne peut plus banale, la tonalité constamment dramatique du récit tient en haleine. Les multiples sujets abordés - la mort de la plupart des protagonistes, le fascisme ambiant exacerbé par la peur du futur, le jeu cruel du plus fort vers le faible (j'évite de spoiler...), l'individualisme, l'impuissance face aux éléments - permettent de constamment être surpris et intéressé. S'il n'atteint pas la puissance de Shining, ce roman fleuve est réellement une réussite! |
Donna Tartt - Le maître des illusions
| | Donna Tartt réussit parfaitement son étude psychologique d'une certaine jeunesse américaine. La même que celle de Bret Easton Ellis, décrite dans une forme plus polissée et intemporelle en apparence mais pourtant tout aussi violente de vacuité et d'irresponsabilité. Quelques longueurs dans le récit certes, mais une galerie de personnages peu communs déroulant une histoire sombre et prenante... |
Orson Scott Card - La stratégie Ender
| | Je continue ma série "classiques SF"... La première originalité tient à l'âge du héros et de bon nombre de protagonistes, puisqu'il s'agit d'enfants sélectionnés dès leur plus jeune âge pour partir s'entrainer à la guerre tactique sur une station orbitale. L'autre très bonne idée est de dérouler un récit parallèle avec le frère et la soeur d'Ender qui dans des registres très différents évoluent sur Terre. Le récit initiatique est assez captivant, la chute finale totalement sidérante, mais la partie terrestre tend à disparaitre sans grande explication et gâche un peu ce qui aurait pu être plus qu'un bon roman. |
Stephen King - Docteur Sleep
| | Un récit qu'il faut lire comme un nouveau roman et non comme la suite de Shining, à l'exception prêt de l'historique de la famille Torrance et de son lien complexe à l'alcoolisme. Stephen King décrit d'abord avec une efficacité et un réalisme redoutables que Danny ne peut sortir indemne d'une telle enfance. Puis, rapidement, déclassant son personnage principal en personnage secondaire, il débute une nouvelle histoire dans laquelle Daniel va devoir tout faire pour essayer d'éviter à une jeune fille de devenir un objet sacrificiel.
Si j'ai moins adhéré à cette partie (à l'exception de quelques scènes qui m'ont littéralement happé, dans l'horreur ou le suspens), je reconnais avoir été continuellement surpris, le récit ne partant finalement jamais dans le chemin que l'on croit nous avoir esquissé. Et définitivement, la description de la psychologie de Danny aura été un chef d'oeuvre de Stephen King, sur 30 ans. |
Dan Simmons - L'éveil d'Endymion
| | Suite et fin d'une quadrilogie majeure qui n'a volé aucun des prix qu'elle a reçus. Sans atteindre les sommets d'Hypérion et de sa conclusion sidérante, la seconde partie d'Endymion boucle élégamment la boucle.
Le héros dépassé par les événements depuis le départ se doit de sortir de sa mélancolie pour vivre une révolution qui va se répandre dans tout l'univers après un passage littéralement horrifique...
Reste de la quadrilogie une somme impressionnante de personnages attachants, d'inventions en tous genres, de rebondissements et de zones d'ombre (que ce dernier roman préserve) qui mêlés font une histoire d'autant plus forte qu'elle semble s'inscrire dans l'Histoire de cet univers. |
Stephen King - The Shining
| | Un grand roman sans aucun doute! Lire Shining permet d'ailleurs de comprendre pourquoi Stephen King était furieux de l'adaptation légendaire de Stanley Kubrick... Pourtant magistrale, celle-ci a effectivement épuré le récit à un point qui peut surprendre.
Centré sur l'alcoolisme du père et son abstinence précaire, ce 3ème roman de l'auteur évoque nombre d'événements antérieurs au huis clos de l'hôtel Overlook et qui enrichissent considérablement les personnages, l'hôtel étant littéralement l'un d'eux d'ailleurs. Comme souvent, Stephen King prend son temps sans ennuyer, avec des chapitres de longueur très variables (parfois quelques dizaines de lignes), enfermant progressivement la famille Torrance dans un cauchemar qui pourrait autant être la peur d'une rechute alcoolique que l'attaque de forces obscures sur un enfant surdoué.
L'étude psychologique des personnages, la tension dramatique, la note fantastique et horrifique font de ce roman un grand moment de lecture. |
Dan Simmons - Endymion
| | Presque 300 ans après la chute d'Hyperion débute la seconde épopée des Cantos. (Attention, spoiler sur le contenu des tomes précédents). L'obscurantisme a gagné l'Univers depuis que les mondes colonisés sont redevenus indépendants suite à la destruction de l'Hegemonie. L'Eglise règne en imposant peur et pensée unique. Dans une mélancolie étrange puisque liée à des événements qui ne seront connus que dans le 4ème roman, Endymion raconte comment il lui a été demandé de surveiller celle qui est annoncée comme futur messie, Enee. Un cran en dessous du premier dyptique, il n'en reste pas moins saisissant d'inventivité et accrocheur. Peut être un peu trop répétitif sur le plan narratif (chaque croisement sur différents mondes des 2 héros avec l'Eglise devrait se conclure par leur capture...), il reste captivant par tout ce qu'il laisse imaginer de l'Histoire, de la culture, de la politique de cet Univers dans lequel le temps est une dimension très subjective. |
Amélie Nothomb - La nostalgie heureuse
| | J'avais dit qu'on ne m'y prendrait plus... Mais l'apparition sur la table du salon du dernier Nothomb (à la faveur d'un passage prochain dans une entité culturelle rennaise...) et le fait que j'avais 90 minutes devant moi m'ont obligé à me contredire.
Sans doute le moins intéressant de ses retours sur sa vie comme elle en offre régulièrement... Basé sur un retour au Japon pour un documentaire (peut être est ce là la clé.. Ce livre aurait du rester une de ses annexes), quelques pensées nous sont livrées, quelques retours habiles sur d'anciens romans plus chanceux sont évoqués. Et puis c'est tout. Presque rien, en définitive. On ne m'y reprendra plus (ce qui est sans doute une fois encore faux, j'espère toujours un retour en grâce de l'auteur d'Hygiène de l'assassin... D'où un 5/20 et non un zéro pointé). |
Mark Behr - Les rois du Paradis
| | Malgré des thématiques qui ajoutées les unes aux autres auraient pu alourdir le propos ou le rendre artificiel, et sans doute grâce à un style envolé qui rend la lecture simple et aérée, j'ai été agréablement surpris pas ce roman à l'argument assez classique au départ (le fils renié qui vient, contraint, à l'enterrement de sa mère). La façon dont progressivement les éléments du passé lointain et récent nous sont dévoilés est très prenante. L'Histoire de l'Afrique du Sud et particulièrement l'apartheid y apparaissent de façon saisissante. Et la découverte de cette famille qui cristallise l'ensemble est un plaisir de lecture, tout en nuance. |
Frank Herbert - Dune
| | Lancé dans les grands classiques SF honorés par le prestigieux prix Hugo, j'ai enfin lu "Dune" dont je ne savais rien si ce n'est le crash monumental de l'adaptation filmée par David Lynch que je n'ai cependant jamais vue.
Dans un univers hors du temps, des castes s'affrontent autour du destin d'un monde peu connu mais convoité pour son "épice". Le récit est dense, les détails nombreux, beaucoup d'éléments étant implicites et non expliqués (dans le récit princeps, l'auteur ayant ensuite décliné bon nombre de suites). Je suis un peu resté sur ma faim, peut être parce que tout cela parait daté tout simplement parce qu'original à sa sortie il a été depuis maintes fois copié. Et j'aurais aimé en savoir plus sur bien des points (l'épice, les différentes castes religieuses, les Maisons...), au-delà du parcours initiatique du jeune Paul Atréides, prédestiné à devenir le Messie de ce monde apparemment hostile. |
Dan Simmons - Hypérion
| | Un livre dont on comprend très rapidement que l'on découvre un chef d'oeuvre, que l'on sache ou pas le nombre de prix qu'il a reçus...
Sur une structure assez particulière qui fait un peu écho aux immenses "Fondation" d'Isaac Asimov, à savoir les récits a priori sans lien direct de 7 pèlerins engagés dans une course contre la montre pour sauver l'Humanité, se développe un univers et son Histoire. La richesse des descriptions, tout ce qu'elles sous-entendent du développement viral de l'Humanité dans la galaxie alors que la Terre aurait disparu, les concepts technologiques que l'on ne saisit qu'au bout d'un certain temps parce qu'ils sont décrits comme si nous les connaissions parfaitement, tout concoure à être immergé et fasciné. Le mystère entourant des vestiges immémoriaux (les Tombeaux) dans lesquels roderait une bête immonde objet de craintes de certains et d'un culte religieux de d'autres plane sur l'ensemble du roman.
S'ajoute à cela un parallèle constant avec le poète Keats qui pourrait sembler improbable mais fonctionne parfaitement (la plupart des romans de Simmons, professeur de Littérature, sont ainsi attachés à une oeuvre classique).
Les récits de chacun vont progressivement et avec grand talent permettre d'agencer certaines pièces du puzzle mais pas toutes, pour mieux appréhender où tout cela ce passe mais aussi ce qui se passe...
Un choc, pour ma part, et l'envie de le faire découvrir à ceux que la (soit disant mauvaise) littérature SF intéresse. |
Dan Simmons - La chute d'Hypérion
| | Deuxième partie de ce qui sera nommé à l'issue de quatre romans "Les Canthos d'Hypérion", la chute d'Hypérion se base sur ce qu'Hypérion a mis en place (et semblerait presque n'avoir servi qu'à ça, ce qui en fait un roman encore plus incroyable). Les pèlerins ont atteint les Tombeaux et vont se confronter à l'horreur tandis que l'Univers va se désagréger politiquement. Le récit est plus classique dans sa structure que celui d'Hypérion, mais les marques étant prises, la richesse infinie de l'Univers décrit est utilisée pour développer une intrigue complexe à l'issue foudroyante... Hypérion et La Chute d'Hypérion, très différents, ne font pourtant qu'un et se referment avec l'amertume de ne plus jamais pouvoir les découvrir. |
Gillian Flynn - Les apparences
| | Un polar qui vaut vraiment le détour, grâce à une idée assez forte que je laisse le roman lui-même vous révéler. Le procédé narratif n'est pas nouveau (alterner les chapitres entre points de vue du mari et de la femme) mais efficace dans le contexte. Et la progressive découverte de la réalité des personnages dans leur grandeur et leur misère est captivante. Le roman s'essouffle un peu vers la fin de mon point de vue, mais cela n'enlève rien à la qualité globale et au plaisir de lecture. |
Stephen King - 22/11/1963
| | Un épais roman, dont Stephen King est depuis quelques années un producteur régulier, qui joue sur le principe de l'uchronie plutôt que de l'horreur dont il est habituellement féru. Le héros remonte dans les années 60 avec pour ambition de déjouer l'assassinat de JFK pour finalement découvrir cette période, s'y attacher, y aimer, nous amenant souvent comme lui à oublier pourquoi il s'y trouve. Puis régulièrement, sa "mission" réapparait avec son suspens et ses questions de fond sur le temps et sa modification plus effleurées qu'explicites, les zones d'ombre rajoutant au plaisir (les veilleurs de la porte temporelle, le temps qui se bat contre les modifications, la déclinaison de tous les passages...). King peut être bon (The Shining, La ligne verte). Il l'est ici. |
Delphine De Vigan - Rien de n'oppose à la nuit
| | Un début plutôt plat qui, je l'avoue avec un peu de honte, m'a surtout fait penser "ok, c'est bien le grand prix des lectrices de Elle"... Puis le prix Renaudot (des lycéens) et toutes les autres récompenses accumulées pointent leur nez...
Car sans le voir arriver, le roman prend de l'ampleur, devient plus complexe, plus grave et plus touchant. L'histoire de cette vie pleine d'espoirs, brisée par la maladie, puis de sa résolution finale est magnifiquement racontée. Et permet de comprendre très différemment ce qui est pourtant annoncé d'emblée, la mort de cette très belle jeune femme qui parait indestructible sur la couverture du roman.
Quant au titre, emprunté à Bashung après élagage (manque le "plus" de "plus rien") qui lui donne un tout autre sens, grande classe. |
Mosby Steve - Les fleurs de l'ombre
| | Accroché par un bandeau de mon libraire (l'Odyssée à St Malo), j'achète ce poche en espérant passer un bon moment. Et me voilà happé par une ambiance assez incroyablement flippante, dès le départ. Se confondent ici l'histoire et un vieux polar passé inaperçu à sa sortie, qui contient presque tout ce que l'on va progressivement découvrir. Ca va vite, parfois peut être trop, l'auteur ne s'attardant pas sur des détails et circonvolutions, mais cela ne nuit en rien au maintien de l'atmosphère pesante et inquiétante. Un bon polar donc, qui frise l'horreur par instants. |
Jeffrey Eugenides - Le roman du mariage
| | Dans la pure lignée de Franzen, Eugenides nous fait découvrir les errements amoureux jeunes étudiants et nous emmène avec eux jusqu'à une maturité ou plutôt une stabilisation au final assez pessimiste. Mise à part des longueurs dans un voyage en Inde dont on ne comprend pas bien ce qu'il vient faire là, l'épais roman se lit très bien et j'avoue avoir attendu avec curiosité de voir ce que chacun devenait, entre hésitations, maladie, contraintes familiales et autres variables qui nous façonnent tous. |
Jeffrey Eugenides - Virgin Suicides
| | J'ai été littéralement happé par ce roman. Ce qui n'a rien à voir avec mon éventuel intérêt pour son sujet central (lire ce bouquin pour moi, c'était un peu comme si Peypeyou lisait l'histoire de la framboise pour les nuls). J'avais vu le film qui s'en est inspiré, premier succès de Sophia Coppola, mais ce que j'ai lu est d'une toute autre ampleur. Le récit est construit de manière assez étrange et participe à son climat étonnant, avec des aller-retour entre épisodes passés et fascination morbide des années après d'un groupe d'adolescents devenus adultes. L'histoire de la famille est haletante malgré l'issue connue dès le départ. Et les portraits des filles mais aussi et presque surtout de leurs parents tient en haleine du début à la fin. Un grand roman pour moi. |
Francis Scott Fitzgerald - Gatsby le magnifique
| | Un classique de la littérature contemporaine, c'est ainsi qu'il est vendu. Et bien j'ai découvert un roman qui valait le détour. Un récit ramassé, centré sur un mystérieux Gatsby dont on comprend vite qu'il est en fait tout autre mais que l'on n'en saura pas plus. Et un décalage très intéressant entre ce que l'époque est sensée représenter (des vies parfaitement lisses, des convenances sociales) et ce qui est raconté (sans pour autant atteindre un niveau comparable à "La route", loin s'en faut). Mais au final, un roman qui m'a vraiment intéressé. Vive les classiques, parfois! |
Aurélien Bellanger - La théorie de l'information
| | Une très bonne surprise que ce roman tant porté aux nues ou décrié dans la presse. Au-delà de l'histoire elle-même qui retrace les incroyables progrès informatiques depuis les années 80, le style notable de l'écrivain et l'originalité du mode de narration rendent ce pavé passionnant.
Le parcours du héros m'a tenu en haleine, la nostalgie m'a saisi lorsqu'étaient évoqués ce qu'ont été les balbutiements de l'informatique mi 80, des feuillets très théoriques intercalés entre les chapitres m'ont intéressé avant de me dépasser, le final qui aurait à lui seul pu faire un formidable roman d'anticipation m'a amusé. Premier roman impressionnant. |
Joël Dicker - La vérité sur l'affaire Harry Quebert
| | Beaucoup de bruit... pour un roman qui n'est pas mal, certes, mais n'a rien non plus d'exceptionnel. La confusion entre l'histoire elle-même, le roman auquel elle fait référence, les deux auteurs est certes amusante mais j'attendais plus après un départ en fanfare... L'ensemble est finalement moins sulfureux et inattendu que prévu. |
Bill Clegg - Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme
| | Un récit éprouvant mais parce qu'il est intense et avec un style collant au sujet vertigineux décrit (et a priori vécu par l'auteur). Il s'agit d'y suivre, sans fard ni explications, les errements d'un homme qui délaisse tout, soit en ce qui le concerne à peu près tout ce qu'il est sensé rendre heureux, pour vivre un état permanent de défonce au crack dont l'alternative est une angoisse abyssale et une quête effrénée pour acheter ses doses. Le récit est chronologiquement mélangé, montrant de manière assez sidérante que tout se ressemble mais pour autant que le pire est toujours devant, régulièrement atteint mais repoussé dans ses limites. Seul bémol pour ma part, les deux ou trois retours sur l'enfance et un risque d'y attribuer trop simplement une explications aux maux actuels. |
Robert Charles Wilson - Vortex
| | Dernier acte de la trilogie débutée par l'incroyable "Spin" (qui, je viens de le relire, est définitivement un roman hallucinant et se suffisant à lui-même). Si "Axis" le second volume m'avait laissé un peu déçu, ce troisième est de meilleure facture, sans arriver cependant à la cheville de Spin. Alternant entre notre bonne vieille Terre actuelle et sa fin, évoquant de manière très elliptique ce qui aurait pu être un fond de commerce à une saga Spin (un chapelet de mondes reliés les uns aux autres), Vortex se retient de toute explication sur l'intervention extra-terrestre du cours du monde initiée dans Spin et c'est tant mieux. |
Philippe Djian - "Oh..."
| | Un titre aussi improbable que son amorce (une femme sonnée par un viol qu'elle vient de subir par un inconnu dans sa propre maison) qui m'a complètement conquis! Le style est palpable, particulier, avec ce récit à la première personne fait par l'héroïne. Et l'histoire rocambolesque voire épique captive, laissant le lecteur pantois et admiratif sur la dernière phrase. Si l'on y ajoute une franche dose d'humour, certes noir, et une certaine profondeur dans l'étude des personnages et de leur complexité, le chef d'oeuvre est là. |
Toni Morrison - Home
| | Un roman encensé d'une auteure portée aux nues depuis de nombreuses années et notamment son prix Nobel de littérature. Si ce récit est bien plus ramassé que d'autres (je pense à Paradis notamment), il reprend les thématiques habituelles de Toni Morrisson, la ségrégation, la misère sociale, la recherche malgré tout d'un équilibre et d'une paix intérieure. Je n'ai pas vraiment accroché à ces trois récits croisés, peut être justement parce qu'ils sont trois pour si peu de pages et que j'ai eu l'impression de ne pas pouvoir les connaitre. |
Michael Connelly - Le poète
| | Un bon polar, le fait est! Même si lire en 2013 ce roman qui date de 1996 doit faire perdre une part de la surprise tant ce type de récit a été décliné depuis. Une ambiance particulière installée d'emblée (le suicide du frère jumeau policier du protagoniste principal), un processus narratif à contre-pieds (le tueur est d'emblée suivi dans de courts chapitres qui s'intercalent avec ceux concernant le "héros"), la reconstruction du parcours d'un serial killer (je renvois à ma remarque en introduction), l'horreur de la chose plus suggérée que décrite... tout y est. Seul bémol, sur la touche de poésie, que j'aurais bien vue un peu plus exploitée... |
Glenn Cooper - Le livre des âmes
| | Je m'étais déjà inquiété du titre du premier (le livre des morts)... pour finalement découvrir une intrigue qui valait le déplacement et une chute assez intéressante... En plein été, je me laisse aller au second tome de ce qui sera une trilogie, malgré le titre pathétiquement décliné du premier et à la fallacieuse excuse que je le lis en anglais... Et bien rebelote, me voilà amusé par ce roman qui aurait tout aussi bien pu être intégré dans le premier d'ailleurs, puisqu'il en reprend l'idée de maître et en livre quelques clés, mais en se gardant d'approcher trop de la révélation finale (je me comprends... mais pas trop envie de dévoiler pour un nouveau lecteur...). Bref. Pas mal du tout, malgré l'absence d'effet de surprise que créait le premier. Je lirai le 3ème, c'est sûr maintenant, quelque soit le titre... |
Marc Levy - Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites
| | Penser que je suis celui par qui Marc Levy a fait son entrée sur ce site serait tout à fait faux... Cherchez chez un autre de nos lecteurs la responsabilité d'une telle chose...
Alors... Comment dire... Si j'ai aimé?
Mais aimé quoi...?
Le titre, marque de fabrique de tous les "livres" de l'auteur (il manque un "si", dans celui-la; il aurait du s'appeler "et si on ne s'était pas tout dit et que quand même on pouvait se le dire,mais si, mais si, c'est possible et merveilleux")? Non.
Le niveau débilesque (je peux me permettre un néologisme, je l'ai lu EN ENTIER!!!) de l'histoire (une fille dont le père richissime et ignorant meurt mais dont l'esprit est injecté à un pseudo robot qui sur quelques jours offrira à l'héroïne rédemption et bonheur, d'autant qu'à cette occasion elle retrouvera son amour d'adolescente alors qu'elle allait se marier avec un tout aussi richissime new-yorkais...)? Non.
L'alignement à l'infini de clichés sur New-York, sur les relations amoureuses, sur la psychologie du bonheur (que même Marie-Claire n'oserait publier après ses pages cuisine)? Non.
La compilation tout aussi infinie de références littéraires ("comme dans un livre de..."), géographiques (NY, Berlin... on voyage...) ou politiques (la chute du mur de Berlin, la fille de milliardaire y était, si, si...) qui sont censées faire intellectuel mais qu'un pauvre moteur de recherche internet a sans doute établies pour l'auteur qui n'a ensuite eu besoin que de 20 minutes de brainstorming pour élaborer son dernier "roman"? Non.
Damn it. Si j'y réfléchis bien, c'était nul. Juste nul. |
Camilla Läckberg - La princesse des glaces
| | Dans la série "trouve moi un bon polar"... et bien je décline. Moyen, moyen... Il s'agit pourtant de son premier (toujours plus ou moins sensé être LE chef d'oeuvre, relisez Nothomb...). Mais franchement, à part la découverte du cadavre au premier chapitre (ce qui donne son beau titre au roman), le reste est relativement décevant, mou, un peu facile, longuet, sans réelles ruptures dans le récit qui permettraient de sortir d'une torpeur que le froid raconté doit majorer...
Sans Millénium et la mort de son auteur qui laissaient un place vide dans le marketing du polar nordique, je ne sais pas si elle aurait percé... |
Vikas Swarup - Meurtre dans un jardin indien
| | Sur une accroche initiale certes connue mais simple et efficace - qui a tué l'un des protagonistes de l'histoire qui débute - l'auteur de slumdog millionnaire déroule six parties plus ou moins farfelues dont le dénominateur commun outre le mort est la corruption en Inde. Ce pourrait être plaisant, mais le néant absolu en termes de style (dialogues scénaristiques du début à la fin) rend la lecture pénible et sans intérêt. |
P.d. James - Les fils de l'homme
| | Un roman inhabituel dans le parcours de cette anglaise rompue à l'écriture des polars: l'anticipation. A partir d'une idée forte, l'extinction de l'Humanité du fait de l'absence de toute grossesse depuis 15 ans, elle écrit une première partie extrêmement forte décrivant un monde à l'agonie qui se replie sur lui-même et qui voit arriver avec angoisse le moment où quelques vieux devront survivre dans un monde privé de tout ce qui le fait fonctionner, avant que la nature ne reprenne ses droits. Vraiment très bon. La seconde partie basée sur un événement précis et la fuite en avant qu'il entraine, bien qu'intéressante n'a pas la force de cette première partie et m'a un peu déçu. Dommage, dommage, on a frôlé l'excellence... |
Haruki Murakami - 1Q84
| | (POUR LES TROIS VOLUMES)
Dans une abnégation qui tient plus de la bêtise que du courage vu le résultat, j'ai lu les trois tomes. Des idées, il y en a manifestement. Notamment ces idées d'univers parallèle, de combat contre une secte, des personnages hauts en couleur et d'une bizarrerie assez charmante...
Mais, mais, mais... c'est affreusement lent (un 1Q84 en un tome aurait peut être été saisissant) mais aussi et surtout, ça n'a finalement ni queue ni tête, certaines des fameuses bonnes idées étant abandonnées en cours de roman sans la moindre explication ni cohérence, la fin étant bâclée en quelques pages, aucune explication n'étant donnée sur certains aspects qui restent donc totalement hermétiques.
Bref. Je ne dois pas être accessible aux canons du succès au Japon... |
Laura Kasischke - Les revenants
| | Je ne voulais pas le rater: un roman du rayon "horreur" porté aux nues par les critiques littéraires de tous poils... On ne m'y reprendra pas... Il est probable que les dits critiques n'y connaissent rien dans le domaine...
Ce roman aligne les poncifs et les non événements et semble plus du niveau d'une sitcom que d'une création littéraire. J'ai eu l'impression d'avoir à nouveau 14 ans en le lisant... Et contre toute attente, j'ai détesté...! |
W.j Vance.van Hamme - [BD] 13
| | Une histoire complexe dont je ne suis jamais sûr d'avoir bien tout saisi (une période de ces 25 années de récit est développée comme des poupées russes, XIII étant peut être quelqu'un qui se fait passer pour quelqu'un qui se fait passer pour quelqu'un... mais étant amnésique ne peut le vérifier). Mais globalement, une grande réussite, avec des personnages profonds et attachants, méchants compris, preuve en est l'actuelle déclinaison de leurs vies "avant XIII" depuis que les auteurs ont raccroché. A lire, les uns à la suite des autres d'ailleurs. |
Jonathan Franzen - Freedom
| | Une histoire romanesque qui, une nouvelle fois, prend une famille et la dissèque dans les moindres recoins, certains poussiéreux, d'autres franchement inavouables. Des longueurs, des personnages moins intéressants que d'autres, mais au final une fresque vraiment réussie sur la petitesse de l'âme humaine et des négociations qu'elle mène avec elle-même dans un monde déclinant, ce dont elle est d'ailleurs responsable... |
David Vann - Sukkwan Island
| | Un roman (que j'ai en fait lu au milieu d'un recueil intitulé "Legend of a suicide" dans lequel Sukkwan Island constitue la majeure partie mais s'inscrit au milieu d'autres histoires jouant sur la même situation de départ, un enfant avec son père) dominé par sa mise en place lente, la tension qui monte progressivement pour arriver au coup de théâtre qui clôt la première partie et ouvre sur une épopée hallucinante et désespérée (restons flous pour ne pas déflorer le roman). Un livre noir, très noir. Mais aussi très fort. |
Jean Rolin - Le ravissement de Britney Spears
| | Que de bruit pour un livre aussi inintéressant et nombriliste! Une (non) histoire que la présence à outrance de références peoples devrait nous rendre enthousiastes... Je me suis ennuyé à mourir, attendant désespérément que quelque chose se passe. Peut être que c'était là le truc, rien ne se passe... |
Highsmith Patricia - L'inconnu du Nord-Express
| | Premier roman de Patricia Highsmith (curieusement traduit à partir de "Strangers on a train"...), découvert pour ma part à l'occasion justement de rééditions de premiers romans d'auteurs connus. Saisissant de par son thème (la capacité à devenir meurtrier, par attirance pour l'un des protagonistes, par nécessité pour l'autre) mais aussi de par le fait qu'il a été écrit en 1950 et qu'il reste je trouve assez subversif et novateur. Le lien fortuit reliant les 2 meurtriers (qui se rencontrent dès le premier chapitre dans un train, d'où le titre original), la mécanique déclenchée alors qui les entraine, l'escalade qui s'ensuit... Vraiment un très bon roman dont Hitchcock a d'ailleurs tiré l'un de ses films. A lire pour les amateurs de polars et même les autres...! |
Eric Puchner - Famille modèle
| | Un roman qui commence sur un mode très humoristique grâce au portrait des différents protagonistes (avec mention spéciale au plus jeune fils pour le moins particulier...) et la description de leur petite vie tranquille (pour ceux qui la croient tranquilles, l'un d'entre eux sachant que l'orage arrive). Puis, très brutalement, un drame et un changement radical du récit qui m'a un peu déstabilisé. Sans compter que le drame est particulièrement... dramatique. Le chaud et froid dont j'ai bien compris qu'ils étaient volontaires me laissent au final un avis mitigé... |
Emmanuel Carrere - Limonov
| | Le choix du personnage est en soi une idée lumineuse... Comment ne pas être fasciné par une telle trajectoire qui, si elle n'était vérifiable pour ses étapes clés, donnerait à saluer l'inventivité de l'auteur...! Carrère, avec son brio (plus ou moins) habituel, mêle sa propre histoire sur deux plans, le fait lui même de croiser Limonov mais aussi son analyse et celle de sa mère de l'histoire récente de l'URSS. Et une fois encore, je pense à l'Adversaire, le voilà à se poser la question de sa fascination ou son dégoût pour un personnage qui ne peut se résumer au bien ou au mal, rendant complexe ce qu'il nous en fait ressentir, du héros flamboyant au pauvre type déchu en passant par le fasciste, guidé dans toutes ces dimensions par un certain opportunisme... |
Nicole Krauss - La grande maison
| | Je vais faire le "pour" après le "contre" de marley... Je vous laisse imaginer les discussions à la maison...
J'ai plutôt bien aimé ce roman dans lequel plusieurs histoires sont déroulées parallèlement avec comme point commun plus ou moins évident au départ un bureau aux très nombreux tiroirs que l'on imagine monstrueux ou majestueux. J'en retiens plusieurs passages très forts (notamment un père s'adressant à son fils et lui déversant toute sa rancœur, un veuf découvrant une part secrète de sa femme...), peut être quelques longueurs il est vrai. Mais au final, j'ai vraiment aimé. |
Anonyme - Le livre sans nom
| | Un roman un peu lu par hasard (un bon marketeur dirait que je suis bien bête de le croire... puisqu'il est en tête de gondole du libraire comme de la Fnac...) mais que je ne regrette pas. Commençant comme un polar tendu et addictif, le roman fait un détour par le fantastique quand il ne se la joue pas grand guignol. Sans doute un peu trop facile, notamment dans les multiples références au mainstream actuel cinématographique. Un petit pavé qui donne l'impression d'avoir été lu en 1 heure. Amusant, avant tout. Mais vraiment amusant! |
Umberto Eco - Le cimetière de Prague
| | Catastrophe...
Dieu sait (...) si je suis prêt à défendre Umberto Eco à qui je dois plusieurs lectures inoubliables... Mais là... rien à récupérer dans ce livre qui conjugue le pire d'Umberto Eco (les déclinaisons infinies autour d'un terme ou d'un sujet précis) à l'absence totale du meilleur (l'humour, la trame épique...). A mon grand désespoir, tout cela ressemble plus au marmonnement d'un grand père sénile qu'à des pirouettes intellectuelles fascinantes d'un érudit. Je vous laisse, je retourne pleurer... |
Jonathan Franzen - Les corrections
| | Un grand roman, sans aucun doute pour moi. Une histoire fleuve partant d'une description acerbe des parents vieillissants de 3 enfants très différents qui seront tour à tour ensuite suivis dans leurs errances respectives. Le tout est raconté dans un style personnel évident qui atténue ou rend supportable la noirceur du propos et le final autour du sacrosaint déjeuner de Noël si propice à la cristallisation des petites haines et rancoeurs de la vie. |
Jirô Taniguchi - [BD] Quartier lointain
| | Et bien moi j'ai marché et même couru, trouvant ce récit tout en contemplation envoûtant, un tantinet mélancolique aussi. J'ai suivi de près ce fils qui se retrouve à vivre une enfance marquée par la disparition mystérieure de son père mais le sachant à l'avance, cette fois. Et j'ai trouvé l'idée forte. De mon point de vue le meilleur "roman graphique" de cet auteur. |
Will Self - Le livre de Dave
| | Une idée de départ assez géniale et prometteuse (le livre d'un chauffeur de taxi fasciste retrouvé des siècles plus tard et devenant la bible de cette nouvelle époque) pour un résultat en demi teinte. L'alternance entre vie du chauffeur londonien à notre époque et conséquences de celle-ci dans le monde du futur fait souvent mouche mais s'épuise progressivement. |
Glenn Cooper - Le livre des morts
| | Malgré un titre semblant déjà mille fois utilisé au sein de la tonne de polars fantastiques publiés et un auteur parfaitement inconnu (qui depuis a écrit "le livre des âmes"...), un grand plaisir de lecture. L'intrigue principale et le lien entre une abbaye moyen-âgeuse et le New-York contemporain sont relativement classiques, mais l'idée même des livres et une trajectoire du récit régulièrement détournée de ce que l'on attend en font un roman finalement réussi. Et le dernier chapitre, très court, est franchement sidérant et inattendu. A lire pour les amateurs du genre. Et grand merci à la grande librairie indépendante de Bordeaux pour l'avoir mis en exergue dans son rayon spécialisé! |
Paul Verhaeghen - Oméga mineur
| | Je crois que je suis passé à côté de ce livre pourtant chaudement recommandé... Et croyez bien que je suis peiné de cela...
Un départ un peu confus. Des croisements plus ou moins clairs pour moi entre les histoires. Un terrain inexploité de mon point de vue, le fait que l'auteur et son narrateur soient férus de psychologie cognitive et que cela s'annonce au départ comme l'un des éléments du livre pour ne plus jamais réapparaitre. La fin m'a presque positivement étonné, aussi science-fictionneste soit-elle (à l'inverse de marley, donc c'est vraiment tout raté!). Mais au final, vraiment pas une lecture qui m'aura marqué ou enthousiasmé. Désolé. ;) |
Jirô Taniguchi - [BD] Le gourmet solitaire
| | J'ai eu du mal avec ce Tanigushi là... Il m'a presque donné mal au coeur! Le propos est très récurrent et je me suis rapidement lassé des passages dans des restaurants où le narrateur semble plus se baffrer que réfléchir à sa vie. Vraiment pour moi bien en dessous de ce que Tanigushi peut créer sur un plan romanesque (je pense surtout à "Quartier Lointain"). |
Bret Easton Ellis - Moins que zéro
| | Un livre troublant sur l'apathie et le caractère désabusé d'une jeunesse friquée hollywoodienne dans les années 80 et qui avait, parait-il, fait grand bruit à sa sortie. Ce premier roman est court, va crescendo dans le pathétique, pour se terminer de manière abrupte et violente, avec un style rendant parfaitement compte du nihilisme ambiant. Une réussite, dans son genre. |
Bret Easton Ellis - Suite(s) impériale(s)
| | La suite, 25 ans après, de "Moins que zéro" (à lire ou relire juste avant pour s'immerger totalement). Un peu sceptique sur le côté suite en l'abordant (le coup du "je reprends les héros de mon premier succès, mais ça n'est pas parce que je manque d'inspiration, c'est parce que j'ai envie...", en général c'est louche), j'ai en fait vraiment aimé et y ai trouvé autre chose qu'une suite simple. L'ouverture par une habile mise en abîme est très réussie ("on a fait un livre sur nous, puis un film raté...", ce qui a en fait été la réalité). Puis vient une histoire complexe qui mélange le nihilisme du premier roman, la paranoïa de l'auteur retrouvée dans sa précédente fausse biographie (Lunar Park) et un petit côté polar année 30 inattendu. Seul regret: trop court et trop vite lu... |
Edgar Hilsenrath - Le Nazi et le Barbier
| | Un roman que je trouve à regrets raté mais pas trop... L'idée est pourtant originale, se faire passer pour juif au sortir de la guerre et d'une carrière de SS... Pour autant, certains choix de l'auteur me laissent perplexe, notamment un début volontairement très vulgaire mais aussi un côté épopée burlesque qui ne fonctionne pas franchement. La partie sur Israël est plus réussie et rattrape un peu l'ensemble. D'où le 11/20 pour moi. |
Jeff Smith - [BD] Bone (11 volumes)
| | Des héros semblant sortir d'un livre pour enfants à la lecture des premières pages du premier tome... mais un récit fouillé plein de rebondissements et faisant référence à l'histoire d'un monde bien plus vaste que celui parcouru, un graphisme jouant remarquablement sur le noir et blanc (évitez la réédition couleur!!), des dialogues oscillant entre de l'humour grand guignol et du second degré, une tension épique inattendue qui se développe au cours des recueils... Enfin bref. Une grande série. |
Eric -emmanuel Schmitt - L'évangile selon Pilate
| | Dans la série grands écarts d'EES, en opposition avec un bon nombre de vulgaires daubes qu'il a pondues et continue de pondre (genre téléfilm TF1), voilà un roman qui m'a vraiment marqué! L'idée de départ est vraiment saisissante (comme pour "La part de l'autre" d'ailleurs), avec de mon point de vue et contrairement à la fausse biographie d'Hitler version Beaux Arts, un récit qui ne s'épuise pas et qui mêle philosophie et Histoire à travers Pilate perdu dans ses doutes. |
Laurent Binet - HHhH
| | Un "roman" qui reprend un épisode finalement peu connu, l'assassinat d'Heydrich qui, outre son règne en Tchécoslovaquie pendant le protectorat nazi, est surtout l'un des personnages clé de la "solution finale" (baptisée d'un nom de code utilisant son prénom, après sa mort). Un récit par moments haletant, notamment le siège des résistants par la SS. Mais aussi un auteur très nombriliste qui sous couvert d'humilité est assez prétentieux. Et qui, sans réellement gâcher le roman, le dilue dans son narcissisme... |
Robert Charles Wilson - Axis
| | Chose promise... N'ayant pu résister (de toute façon je ne suis pas équipé pour), j'ai foncé lire la suite de l'incroyable "Spin". 2ème d'une trilogie en cours d'écriture, il nous plonge dans le monde né de la résolution de Spin et en reprend les principes de départ (les "hypothétiques" qui jouent avec l'humanité sans que l'on sache bien pourquoi). Hélas, il n'arrive pas vraiment à la cheville de son grand frère. Un récit moins prenant, beaucoup plus factuel, dans lequel l'imagination de l'auteur est moins impressionnante. Les derniers chapitres rachètent cependant un début de livre un peu terne avec quelques moments d'apocalypse assez forts. Rendez-vous l'année prochaine à priori si l'on en croit l'auteur, pour clore la trilogie et juger de l'ensemble. |
Robert Charles Wilson - Spin
| | Attention, chef d'oeuvre. La fin du monde tel qu'il est actuellement précipitée par l'apparition d'une membrane tout autour de la Terre, la course effrénée de notre civilisation à trouver une parade puis le scénario s'envole... Je vous laisse découvrir...
Un siècle (expression fort appropriée au roman en question) que je n'avais pas été à ce point impressionné et entraîné par un roman de science-fiction. Une histoire très forte portée par trois personnages très attachants et un style qui n'a rien à envier aux "romans" tout court. Extrêmement addictif, il est difficile de se dire une fois fini qu'il ne pourra plus être découvert. Il s'inscrit cependant dans une trilogie en cours d'écriture dont le second tome qui ne reprend pas les mêmes protagonistes et débute assez longtemps après la fin de celui-ci est sortie en septembre dernier (Axis). To be continued donc... Critique comprise. |
Ryu Murakami - Les bébés de la consigne automatique
| | Un roman épique qui m'a fait penser à John Irving, des changements de trajectoire peu communs de l'histoire aux longueurs parfois... Mais quand même, un roman vraiment prenant, dont on sent du début à la fin qu'il est sur la tangente et va faire surgir un/des drame(s). |
Jesse Kellerman - Les visages
| | Annoncé comme LE polar de la rentrée, sacré polar de l'année par le New York Times. De mon point de vue extrêmement décevant. Une histoire qui démarre très fort, quelques pages vraiment remarquables sur la fin où se mêlent, de manière inattendue il est vrai, deux histoires. Mais au milieu, beaucoup de bruit pour rien, hélas. L'impression de suivre un téléfilm (pour ceux qui me connaissent, je parle de mémoire...) plutôt que de suivre une histoire palpitante en cinémascope. A la vue des critiques et multiples comparaisons faites avec les "maîtres" du genre, j'ai du rater quelque chose! Foutue subtilité...! |
James Lee Burke - Dans la brume électrique
| | Un livre dans lequel je me suis retrouvé rapidement happé et pour lequel l'histoire policière bien que bonne est secondaire. Des personnages complexes dont on ne sait pas tout mais qui ne laissent pas indifférent, une ambiance particulière hors du temps, des histoires annexes qui prendront une part variable au dénouement. Un polar qui vaut le détour. |
Dan Brown - Le symbole perdu
| | Dan Brown nous ressert sa soupe mystico-policière mais en fait définitivement trop... Dans une envolée lyrique de 600 pages, tout y passe... Washington, tous ses monuments, les francs-maçons, la bible, l'Histoire de l'Humanité...ect... Tout cela avec un méchant très méchant (peut-être le plus réussi) et un gentil très érudit et brillant. Quant à l'écriture, elle en est au degré zéro, avec des répétitions fort abusives (destinées à enfoncer le clou, à souligner le drame, à nous montrer ce qu'il faut bien noter...ect...) et des grandes phrases pseudo-philosophiques. Quant au supposé fond, donner du sens à tout, n'est pas Umberto Eco qui veut... |
Pierre Bordage - Porteurs d'âmes
| | Un polar avec une pointe légère de science fiction très très prenant et assez angoissant, m'ayant pour sa noirceur fait penser aux Racines du Mal de M.G.Dantec. Ca va très vite, plusieurs histoires se déroulent, il est assez longtemps difficile de comprendre comment elles vont (forcément, se dit-on!) se croiser. les personnages s'étoffent et se modifient pour certains au cours du récit. Très différent de ses autres ouvrages, très science-fiction, pour lesquels on adhère ou pas. Un très bon polar, pour le coup! |
Christophe Arleston - [BD] Lanfeust de Troy
| | Un désormais classique dans la bd, la quête de Lanfeust pour l'ivoire du Magohamoth... Un peu potache, bourré de référence (avec une tendance à l'abus de contrepèteries disséminées dans les dialogues) et de clins d'oeils en tous genres (sur un mode "Astérix" au goût du jour), mais une série de 8 tomes qui donnent vraiment du plaisir. Au-delà de ces 8 tomes, la franchise développée laisse un peu à désirer (une franchise énôôôôôrme, des suites de Lanfeust aux dérivés par Trolls de Troy, un magazine...). |
Neil Gaiman - [BD] 1602
| | Récit ultra-référencé, ce qui en fait probablement son charme essentiel pour les gamins élevés au biberon à la sauce Marvel comme moi, Gaiman rendant ouvertement hommage à ses vieux maîtres du récit de super héros (ce qu'il fera d'une autre manière avec son fameux roman American Gods). Un dessin (Gaiman n'est toujours que scénariste) léché et très sombre qui en rajoute de manière peu subtile, je l'accorde, mais ça me plait quand même toujours beaucoup! |
Françoise Sagan - Toxique
| | Beaucoup de bruit cette année autour de la réédition de cet écrit par son fils. Mais assurément un choc. Par le texte, d'une concision, d'une poésie et d'une violence vertigineuses. Et par sa mise en page, véritable oeuvre d'art à deux mains avec Bernard Buffet qui distille des esquisses anguleuses et sa calligraphie si particulières au milieu du texte, au sens propre. |
Françoise Sagan - Bonjour tristesse
| | A la faveur de l'oubliable "Sagan" de Diane Kurys, je me dis que n'avoir jamais lu Sagan est peut-être dommage. Et me voilà avec SON livre, Bonjour tristesse, entre les mains. Et ce dernier se doit de ne pas me décevoir. Le roman qui l'a révélée, le scandale, la femme libérée et ainsi de suite...
Et bien, oui, j'ai été scotché. Un style, rapide et concis. Une histoire banale et finalement très prenante. Un souffle nouveau datant de 1954 et n'ayant pas vieilli. Conquis, je vais donc continuer ma découverte de Sagan... |
Colum Mccann - Et que le vaste monde poursuive sa course folle
| | Si le lien fait par le funambule qui dans les années 70 avait traversé feu les twin towers ne m'a pas plus que ça enthousiasmé, j'ai vraiment bien aimé ce roman. Avec un récit à plusieurs voix dont on comprend relativement tardivement où vont se trouver les points de croisement. Mais avec, comme souvent dans ce type de romans, je trouve, une qualité variable des chapitres. Peut être n'est-ce le fait que de mon appétance personnelle pour l'un ou l'autre des narrateurs, d'ailleurs...
Mais un beau roman de toute façon. Et un titre que je trouve magnifique. |
Amélie Nothomb - Le voyage d'hiver
| | Un drame. Non. UN DRAME. Pourtant, dieu sait si je suis acquis à la cause d'Amélie Nothomb et si, malgré la qualité de plus en plus douteuse de ses romans de rentrée (l'effet "le Nothomb de septembre" ayant toujours bien réussi avec moi) je m'interdisais d'en dire du mal. Mais là, trop c'est trop. Je l'ai lu en une seule fois dans ma phase de préendormissement quotidienne, certes parfois longue mais pas ce soir là. 100 pages en gros caractères. Où est passée la virtuosité d'Hygiène de l'Assassin? Ou l'étrangeté des Catilinaires? Ou l'humour noir de Peplum? UN DRAME que j'vous dis. Dans Hygiène de l'Assassin, elle soulignait qu'un écrivain réécrivait le même livre. Si seulement elle avait au moins fait ça. UN DRAME. |
Eric -emmanuel Schmitt - La part de l'autre
| | Idée de départ extrêmement séduisante (Hitler réussit les Beaux Arts au lieu de s'en faire éjecter parce que nul), résultat beaucoup plus nuancé de mon point de vue. Si la lecture de la vie du "vrai" Hitler est de toute façon moyenne (les moments clés déjà archi connus), les passages sur le Hitler "alternatif" sont très variables dans leur qualité. Par moments très bons. Mais le côté people est parfois lassant, quand il ne rajoutent pas à l'invraisemblance (pourquoi dans cette alternative Hitler devrait ne croiser que des gens connus... une vie plus simple aurait été bien plus crédible). Schmitt est capable du mieux (l'Evangile selon St Jean) comme du pire (les derniers genre la techtonique des sentiments). Là, balle au centre. |
Neil Gaiman - American Gods
| | Un roman déjanté dans lequel on entre par la porte du réel avec un taulard partant rejoindre sa femme. Mais très rapidement, un climat mystérieux s'installe et une sourde menace pèse sur les personnages, attachants, que l'on a envie d'accompagner. Un thème cher à Gaiman, le vieillissement/dépassement des héros (qu'il a remarquablement traité dans le domaine de la bd en relisant certains comics américains comme batman) qui ici est flamboyant. Il y a enfin une note d'autodérision certaine, en tout cas par rapport au domaine de la littérature fantastique, qui achève d'emporter ! Même si je ne suis pas fan de la fin très mystico-religieuse (et finalement assez banale dans le genre)... |
Neil Gaiman - [BD] Sandman
| | CHEF D'OEUVRE ABSOLU ! Neil Gaiman est aux commandes de cet univers incroyable qu'il a entièrement imaginé (sur des bases solides en termes de mythologie et de culture générale) puis scénarisé. Chaque volume est ensuite délégué à un (ou plusieurs) dessinateurs, avec par ailleurs des couvertures véritables oeuvres d'art toutes réalisées par un même dessinateur.
Certes, tout n'est pas fabuleux. Mais certains volumes ou épisodes le sont et l'ensemble est incroyable. Sandman, mélancolique replié dans son monde du sommeil, interagit avec la Terre et ses humains. Il règle le sort de certains, il se prend aux pièges d'autres et globalement il les observe avec cynisme. Sandman connaît par ailleurs des relations mouvementées avec ses frères et soeurs eux-mêmes assez fascinants: la Mort, Délirium, Luxure, Destinée... Plusieurs passage par l'Enfer, quelques épisodes narrant son amitié avec Shakespeare, quelques amours et beaucoup d'autres choses encore arriveront. Avec une "fin" mémorable... |
Neil Gaiman - Neverwhere
| | Du bon Neil Gaiman. Pas son meilleur, c'est certain (je pense plutôt à American Gods ou surtout la série des Sandman en bd). Mais Gaiman excelle comme conteur. Habitué à mélanger le monde réel et des éléments de mythologie, il entraîne ici un golden boy londonien dans un monde parallèle au notre. Et c'est magique. |
Emmanuel Carrere - D’autres vies que la mienne
| | Définitivement, Carrère est incroyablement doué dans les récits basés sur le réel. Pour moi un cran en dessous de l'Adversaire, mais quand même terrible. Le récit en trois partie m'a bouleversé dans ses deux premières (le tsunami puis la soeur) mais je n'ai pas saisi l'intérêt de ou été touché par la troisième (le juge). |
Dino Buzzati - Le Désert des Tartares
| | Le désert... tant pour le lieu où il se passe que pour son action. J'ai détesté cette longue attente par un soldat d'un opposant qui ne vient pas, ses longs monologues, ses ruminations. J'ai du rater quelque chose étant donné la réputation de ce livre.... |
Stefan Zweig - le joueur d'échecs
| | Une nouvelle foudroyante de Zweig dans laquelle une rencontre sans importance sur un bateau permet d'évoquer la violence d'un régime totalitaire et le refuge dans une certaine folie. Un peu de mystère, des sentiments (comme toujours chez Zweig...), le dévoilement progressif d'une histoire personnelle. Du grand art. Presque trop court... |
Stefan Zweig - Lettre d'une inconnue
| | Une nouvelle parmi tant d'autres de Zweig et pourtant celle qui m'a le plus frappé. Un récit court à l'image de la situation qu'il décrit: un homme qui reçoit une lettre et la découvre avec nous. Une histoire vertigineuse de folie amoureuse et de tristesse infinie que la force littéraire de Zweig rend quasi-réelle entre nos mains. Bouleversant. |
Michael Cunningham - Les heures
| | Bouleversant. De sa première scène, l'adieu au conjoint et le suicide de Virginia Woolf, aux dernières pages. Trois femmes à trois époques différentes, toutes reliées et pourtant sans point commun apparent, chacune à son époque, avec ses problèmes. Un très beau livre sur les sentiments, sur les femmes, sur les difficultés de la vie et le mystère de sa beauté, malgré tout. |
Philippe Besson - En l'absence des hommes
| | Des sentiments, des amours contrariés, un personnage célèbre et un renversement final font de ce livre une véritable découverte. Sans oublier son style et sa brièveté à la limite de la nouvelle. Mon premier livre de Besson, un souvenir tenace qui me fait systématiquement lire les suivants en espérant y retrouver un peu de sa puissance. |
Emmanuel Carrere - L'adversaire
| | D'abord une histoire vertigineuse ancrée dans la réalité, la vie de Jean-Claude Romand, mythomane rendu fou par l'imminence de la découverte de ses supercheries. Mais aussi un livre entre roman et enquête journalistique qui nous fait entre-apercevoir l'abîme qui s'ouvre une fois le fait divers relaté. Sans jamais proposer d'hypothèse explicative qui aurait pour le coup été forcément romanesque, Emmanuel Carrère nous dit et nous transmet sa fascination initiale très morbide puis son dégoût et enfin ses interrogations autour de cette vie dominée par le vide. |
Truman Capote - De sang-froid
| | Un mystère pour moi que le succès de ce livre... Lu parce que je souhaitais me frotter à l'un des papes de la littérature américaine moderne. Incompris parce que je n'ai pas saisi ce qui en faisait un tel objet sacré. |
Eric Reinhardt - Cendrillon
| | Ok, c'est un livre qui de manière troublante a annoncé le crash financier. Mais pour ce qui est du processus narratif, je n'ai pas accroché. Pour être tout à fait honnête, je n'y ai même par moments absolument rien compris (qui parle, quelle histoire a lieu...). Très déçu, donc, par ce roman pourtant prometteur et couvert d'éloges à sa sortie. |
Jasper Fforde - L'affaire Jane Eyre
| | Assurément un très bon livre parce que surprenant, innovant, original et assez amusant. Un autre monde, dont on découvre par bribes son histoire, dont on imagine l'Histoire et dont l'intrigue policière vaut moins que la découverte très réjouissante de ce monde dans lequel elle se joue. Quelle tristesse que les tomes suivants n'aient pas été à la hauteur... |
Daniel Mendelsohn - Les disparus
| | Après un début qui a failli me rebuter tant il paraît développer un Nième propos fort classique sur l'Holocauste, apparaît le récit incroyable de la recherche d'informations par l'auteur sur ses aïeux disparus. Traité comme un polar, avec ses zones d'ombre, ses rebondissements, ses révélations, il est transcendé par des moments incroyables d'émotion que les photographies prises par son frère rendent encore plus réels, ou plus exactement rappellent que, procédé narratif mis à part, tout est malheureusement bien réel. Rendre vivants ceux qui sont morts ne montre que plus encore à quel point leur mort a fait partie de l'une des pires horreurs que l'Humanité à produite. Vraiment très fort. |
Jean-marie Blas De Roblès - Là où les tigres sont chez eux
| | Un pavé dans lequel il faut d'abord s'installer. Pour découvrir l'un de ses charmes essentiels: l'alternance des chapitres concernant tel ou tel protagoniste. Ensuite, selon ses préférences, il s'agira d'accompagner l'auteur dans son imagination. Quelques longueurs ne m'auront pas permis d'être aussi enthousiaste qu'avec Umberto Eco auquel il est comparé alors qu'ils sont très différents (en dehors du nombre de pages!). J'ai enfin été frappé par la richesse de son style. |
Jonathan Safran Foer - Extrêmement fort et incroyablement près
| | Je me suis laissé emporter par ce roman très sentimental, cette quête perdue d'avance d'un jeune garçon perdu après le décès de son père dans les tours du 11 septembre. Et j'ai beaucoup aimé toutes les expériences graphiques que ce livre contient. Un livre vraiment hors du commun et très affectif. |
François Vallejo - Ouest
| | Un roman très réussi qui n'a pourtant rien pour lui au départ... Une intrigue de base peu attirante: les rapports entre un bourgeois et son maître chien à l'époque de la révolution, une couverture atroce (c'est mon côté très superficiel!). Et finalement une histoire dérangeante dont on craint l'issue et qui nous embarque complètement, des rapports complexes et très riches entre les personnages, un style particulier ajoutant au tranchant de l'histoire. A lire! |
Umberto Eco - Le pendule de Foucault
| | Un livre fascinant si l'on peut dépasser le premier chapitre et la tendance parfois pénible d'Eco à dérouler de longues litanies. Il développe une idée essentielle : tout est interprétable mais toute interprétation n'a pas forcément du sens. Une petite touche de mystique, une belle histoire d'amour et une fin triste (j'adore!). Le tout avec beaucoup d'humour (ma préférence allant aux auteurs publiant à compte d'auteur). |
Umberto Eco - Le nom de la rose
| | Mon premier Eco, il y a maintenant quelques années... J'ai eu le bonheur de le lire après avoir vu le film, ce qui m'a sans doute permis d'apprécier les deux... Une histoire passionnante, quelques longueurs comme toujours dans les descriptions ou énumérations, une légère frustration (des répliques en latin non traduites!) mais surtout un polar érudit dans une époque très sombre. Un classique sans aucun doute! |
John Kennedy Toole - La conjuration des imbéciles
| | Dans la série "hors du commun" je demande le père...! Un héros ou anti-héros hallucinant, un couple fils/mère rongé par une misanthropie galopante et plus largement un refus de la société. Très drôle au second (troisième) degré. Et quelque peu désespérant globalement. Probablement à l'image du mental de son auteur suicidé quelques temps plus tard. |
Manu Larcenet - [BD] Le combat ordinaire
| | Une grande découverte! J'adore les bd mais ne suis pas du tout attiré par ce style graphique à priori. Heureusement, j'en ai lu un, puis tous les autres. J'ai été vraiment bouleversé par les premiers tomes. Le dernier m'a un peu déçu, parce qu'il n'a pas pu s'empêcher de s'ancrer dans la réalité politique de 2008 alors que les autres étaient tout aussi efficaces et dénonciateurs en étant intemporels. Les angoisses du héros, la sérénité de l'héroïne, les moments d'émotion (les parents du héros) sont décrits avec une puissance graphique étonnante pour quelques traits. A lire. |
Amélie Nothomb - Hygiène de l'assassin
| | Un grand moment de lecture, le choc Nothomb avant qu'elle ne se dilue dans son talent pourtant immense et les sorties annuelles de romans. Rapide, aux répliques fusantes, drôle, épouvantable. Comme elle le dit en parlant de Pretextat, l'écrivain écrit son grand livre puis le répète. Le grand livre de Nothomb est là. Sa seule redite de haut niveau est peut être Péplum. |
Marie Darrieussecq - Truismes
| | Je me souviens surtout d'avoir eu mal au coeur en lisant ce livre. La métaphore a du me paraître trop réelle... |
Jean-dominique Bauby - Le scaphandre et le papillon
| | Comment juger autrement qu'affectivement un récit dont on sait la triste réalité. Envisager d'être emprisonné dans sa tête (on ne peut même plus parler de corps) et donc à tourner en boucle ce qui nous est arrivé dans la vie... L'angoisse est palpable, la mort à venir tout autant. Intense. Mais ça n'est pour moi pas un roman ou une expérience littéraire. |
Jean-christophe Grangé - Les rivières pourpres
| | Un bon polar. Le seul Grangé lu, pour ma part. A l'époque du film éponyme. Aucune commune mesure entre les deux d'ailleurs. J'ai adhéré au livre, sa montée en tension, le climat étouffant sur fond d'eugénisme. Et sa fin... |
François Bourgeon - [BD] Le cycle de Cyann
| | Un univers vraiment particulier, très recherché, dans lequel on entre progressivement et qui garde une part de mystère (beaucoup de choses à peine évoquées, donnant du corps au récit). Un vrai "roman graphique" comme il est désormais de bon ton d'appeler ce genre de bédés. Les tomes suivants sont tout aussi riches, offrant de nouveaux mondes, de nouvelles coutumes, de nouvelles règles à découvrir. |
James Ellroy - Le dahlia noir
| | Le problème de ce genre de livres, c'est qu'on les ouvre en sachant que l'on tient un monument de la littérature dans le genre concerné et que l'on s'attend à un truc terrible. Ce qui n'a pas fonctionné pour moi. J'ai relativement aimé, je m'y suis perdu, je n'ai pas bien saisi la fin (plus explicite dans le film récent de De Palma). Je sais bien qu'il prend de l'ampleur quand on connaît l'histoire de l'auteur, mais bon... |
Maurice Dantec - Les racines du mal
| | Un choc! Peut-être parce qu'il s'agissait du premier Dantec que je lisais (mais le seul que j'aie à ce jour aimé...). Quoi qu'il en soit, j'ai été vraiment très impressionné par le long cheminement de ce livre, son extrême noirceur, quelques pages à la limite du supportable. J'ai moyennement adhéré au côté cyberfantastique mais le polar gore l'a emporté! A déconseiller aux âmes sensibles. Un roman hors du commun. |
Jonathan Littell - Les Bienveillantes
| | Un livre dont je ne saurais dire si je l'ai aimé ou pas. Je ne me mettrai pas du côté de ceux qui l'ont trouvé génial ou de ceux qui l'ont trouvé affreusement nul. J'ai suivi les aventures de cet officier, sa tolérance de l'horreur, le peu de justifications qu'il en donne. J'ai détesté les passages psychanalytiformes que j'ai trouvés bien inutiles dans le contexte. Et j'ai lu jusqu'au bout surtout par principe... Bref. Finalement, je sais... Pas terrible de mon point de vue! |
Jack Kerouac - Sur la route
| | (lu dans la version sortie en 2010 dite "le rouleau original")
Dans la série "livre mythique", je m'inquiétais d'être très déçu comme lors de la lecture d'autres ouvrages estampillés "Ont changé la littérature lors de leur sortie"(genre "De sang froid" de Capote...).
Mais là, j'ai découvert un livre au style personnel (le texte est délivré d'une seule traite, sans aucun retour à la ligne) rendant compte de manière vivante des pérégrinations de l'auteur et de ses acolytes. La route est longue, les aller-retours sans doute un peu trop répétitifs. Mais le "héros" et ceux qui tournent autour de lui sont hauts en couleurs et voir cette bande de paumés papillonner d'Est en Ouest avec insouciance, pour ne pas dire inconscience, a quelque chose de fascinant. je ne regrette donc pas d'avoir enfin lu le fameux "Sur la route"! |
Cormac McCarthy - La Route
| | Un livre vraiment pas comme les autres. Une noirceur étouffante, un style d'écriture particulier, une angoisse constante liée à la problématique survie des deux protagonistes, des non-dits sur "l'avant" qui laissent l'imagination de chacun s'emballer. Bien que douloureuse, cette lecture m'a vraiment enthousiasmé. |
Stieg Larsson - Millenium T1 Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
| | Dur d'avoir cédé "comme tout le monde" à la lecture de Millénium. Dur d'avoir "comme tout le monde" aimé. Mais surtout dur de se dire que c'est fait, plus possible de découvrir... Lisbeth est fascinante dans le genre héros hors norme, l'histoire est bien ficelée et addictive même si le coup du sérial killer est un peu "classique" ces temps-ci. Mais le grand oeuvre des 3 tomes vaut le détour! |
Albert Cohen - Belle du seigneur
| | Un très grand livre. Très poétique. Très drôle (notamment dans sa caricature du grand fonctionnaire de l'Unesco). Très romantique (dans sa partie sur la séduction). Mais aussi par moments très chiant. Parce que l'on doit s'ennuyer avec ce couple qui finalement s'ennuie. Un concentré de vie selon Cohen. Mais aussi un concentré de tout ce qu'il a pu écrire, avec toute une partie reprenant quasi textuellement une partie des épopées des Valeureux dont fait partie le fameux Mangeclous. |
Dan Brown - Da Vinci code
| | Un bon roman policier, sans plus. Tout le bruit fait autour de sa construction magistrale reste pour moi un mystère. Tout y est classique, chaque étape laisse prévoir l'autre, même le coup de théâtre pré-final est attendu (enfin le fait qu'il y ait un coup de théâtre à venir...). Pas mal, c'est tout. |
Philippe Djian - Doggy bag, saison 1
| | Je viens de lire une compil saison 1-3, ce qui n'est sans doute pas sans effet sur mon avis.
Ce volume 1 débute en fanfare, avec une/des familles déconnantes, une drôle de ville dont on ne comprends pas tout (une mairie pourrie, un déluge...). Je saisis (sans doute une partie de) la référence aux séries américaines, je retrouve Djian en version mineure. C'est amusant. Ni plus ni moins. |
Philippe Djian - Doggy bag, saison 2
| | La saison 2, dans la foulée de la saison 1, est faiblarde, fade... Elle donne l'impression d'une rumination d'un auteur qui mâche et remâche les éléments de départ. Pour finalement se terminer dans un virage trash inattendu, sur le principe des accroches de fin d'année des fameuses séries américaines à l'origine de l'exercice de style de Djian. Bof. |
Philippe Djian - Doggy bag, saison 3
| | Une fois la dernière page de la saison 2 tournée, la troisième, beaucoup plus courte, retrouve un intérêt épique perdu très rapidement par le premier volume et absent du second. Les événements s'enchaînent et la famille se perd dans sa folie... Jusqu'à une dernière phrase accrocheuse qui donne envie d'aller lire la suite malgré la qualité très moyenne de l'ensemble... Comme une série, en fait... Bien joué! |
Michel Houellebecq - Les particules élémentaires
| | Lire un roman dont on a tant parlé à une autre époque n'est pas simple! Je m'attendais à je ne sais quoi (un choc, un affront au féminisme, un nihilisme, une longue description d'ébats sexuels, un échec...etc...). Au final, loin des débats passionnés de sa sortie, j'ai découvert une histoire certes amère mais assez forte et avec un parti pris de l'auteur qui m'a laissé bien loin de la froideur souvent nommée pour parler de Houellebecq. Les 2 demi-frères, leur place dans la société, une certaine époque, la période post 68 et ses dégâts... Tout cela m'a intéressé et touché. Je me rends aussi compte en ne le lisant que maintenant de son influence sur les auteurs plus récents (par exemple Aurélien Bellanger et sa théorie de l'information). |
Muriel Barbery - L'élégance du hérisson
| | Je me suis laissé porter. Ca doit être mon côté bon public. J'ai aimé être surpris au départ par cette alternance de chapitres "vie de la concierge" et "ruminations off de l'enfant". Même si ensuite, le procédé perd de son charme. J'ai aimé ces personnages, un peu moins adhéré au récit de leurs vies. Un bon livre de détente. |